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Nr.0191

An Fräul. Stéphanie Gourd

Mlle Stéphanie.

Chalon, Saint Jour de Pâques, 1850.

Mademoiselle,

Je viens, en ce beau jour, vous souhaiter une bonne, une sainte Résurrection de Jésus, vous dire que j'ai lu votre lettre avec plaisir, vous exprimer mes voeux pour que vous soyez toujours la digne enfant de Jésus et de Marie.

Or, quels sont mes voeux? les voici :

  1. Ecrivez toujours comme vous le pensez, sans penser si c'est trop long ou pas assez bien dit. C'est toujours bien pour un père qui ne veut que le bien de son enfant en Dieu.
  2. Continuez toujours à être fidèle à votre méditation; Notre-Seigneur vous donnera dans un moment que vous ignorez la grande grâce de toutes vos fidélités partielles.
  3. Travaillez bien à l'humilité: c'est la reine, mais à une humilité de vérité, c'est-à-dire tirez l'humilité de vous-même, nourrissez-la avec vos misères, revêtez-la de vos défauts; vivez en patience et en paix avec votre faible et pauvre nature. Mais à une humilité simple comme une enfant, sans retour comme sans dépit.
  4. Quand vous vous apercevez que votre esprit fait des combinaisons de possibilité, de châteaux en Espagne, comme vous le dites, faites semblant de ne l'avoir pas vu et retirez-le tout doucement. Il est bon, pour prévenir cela, d'avoir un centre de pensées hors de nous, comme la lecture habituelle d'un bon livre avec lequel on pense.
  5. Souvenez-vous toujours que les plus grandes grâces de Notre-Seigneur, pour la sanctification d'une âme, sont renfermées dans les occasions d'abnégation de notre volonté à celle de Dieu ou à celle des autres, et quand vous pouvez dire: Je me suis renoncé, Notre-Seigneur vous dit: Tu as fait, ma fille, un acte d'amour parfait.
  6. Remerciez Dieu, quand il vous a fait voir un défaut en vous; on paie un médecin qui nous dit notre maladie.

Adieu, ma fille, je vous écris à la hâte, mais de bon coeur. Je suis heureux que ma médaille de faveur vous ait donné un droit que [je] vous désirais depuis si longtemps.

Adieu en notre Bon Maître.

EYMARD.


Nr.0192

An Frau Gourd

Mme Gourd.

Chalon-sur-Saône,

Saint Jour de Pâques 1850.

Madame,

J'aurais voulu répondre de suite à votre bonne lettre, je ne l'ai pu; puis, quand je le voulais, un passage de votre lettre qui m'annonçait que vous ne resteriez que la semaine à Lyon m'a arrêté. J'envoie cette lettre sous les ailes de la Providence.

Je l'ai bénie cette paternelle Providence de cette coïncidence de voyage, qui m'a permis de vous donner quelques moments de plus. Je serais si désireux de vous voir avancer sous son saint amour par la suave abnégation de votre vie et la dépendance continuelle de sa volonté toujours si aimable!

J'ai bien demandé tout à l'heure pour vous, à la Sainte Messe, la grâce de cette résurrection spirituelle de Jésus dans votre âme: qu'il y augmente cette vie divine pour laquelle il est mort et ressuscité. Je n'ai pas oublié Melle Stéphanie; la Sainte Messe, c'est là où je paie toutes mes dettes.

J'approuve bien les prières vocales que vous me marquez, et surtout de les dire le plus tôt possible, en allant et venant; il faut vous réserver votre liberté d'amour quand vous avez le bonheur d'aller devant le Saint-Sacrement.

Que vous dire de ma station? Le Bon Dieu l'a bénie au centuple! Il y a de belles âmes à Chalon. Dieu y a ses élus; ils sauveront la ville. Je ne sais pas si j'ai vu votre dame; je l'ai bien demandée, mais on ne la connaissait pas.

Adieu, ma fille; de vos nouvelles, lors même qu'elles seraient fractionnées en cent.

Je pars d'ici mardi, ou au plus tard mercredi prochain.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.0193

An hochwst. Bruder Gabriel, Gründer und Generaloberer der Brüder der Hl. Familie in Belley

Références: Photocopies

Nota: Les 2 premières lettres n'ont pas de date mais elles sont probablement de 1850: la première fait allusion à la Station de Carême de 2 mois (sans doute celle de Chalon-sur-Saône, du 17 février à Pâques 1850).

La deuxième semble devoir être de novembre 1850, après la retraite prêchée au Grand Séminaire de Grenoble, du 26 octobre au 1 novembre 1850.

/Après Pâques 1850?/

Monsieur le Supérieur,

J'ai bien regretté de partir de Belley sans aller vous faire mes adieux, et surtout d'être resté si longtemps sans vous écrire; votre charité voudra bien excuser un retard que milles ont occasionne, surtout une station de Carême qui pendant plus de deux mois me laissait pas le temps de respirer.

Par plusieurs voies j'ai reçu de vos nouvelles et vous savez, Monsieur le Supérieur, tout l'estime et toute l'affection que je porte et que je porterai toujours à l'oeuvre admirable et impérissable de la Ste. Famille. Je remercie bien le bon Dieu de toutes les grâces qu'il vous départit, d'apprendre que votre noviciat va toujours en s'augmentant, en se perfectionnant. Et effet c'est la source qui alimente le fleuve qui doit féconder tant de jeunes (9).

Toujours j'ai l'espérance, que la France sera au moins aussi généreuse que les princes et les 1ers Roi catholiques, que le Roi de Sardaigne (quelques mots illisibles)

Monsieur le Supérieur, quel bien immense votre Institut peut faire dans l'Eglise de Dieu. Que de bons curés soupirent après le moment de pouvoir obtenir quelques-uns de vos bon frères! Voici même le Vicaire Général de Grenoble qui m'écrit, et je ne crois mieux faire que de vous envoyer sa lettre. Si vous pouvez contentez-le, car il vous veut un grand bien et il peut vous en faire.

Un autre curé m'en a demandé un pour l'année prochaine breveté, il serait très bien chez lui, c'est un

Je vous en avais déjà parlé. Que faut-il lui répondre? Veuillez s.v.p. m'envoyer un de vos prospectus, car souvent on me demande des renseignements et je tiens à les donner justes.

Pardon, Monsieur le Supérieur, de mes instances, vous m'en avez donné le droit, et croyez-moi toujours;

Monsieur le Supérieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Eymard.


Nr.0194

An Marg. Guillot

La Favorite, Lundi, 23 Avril 1850.

Je ne pouvais, ma fille, descendre à Puylata ces jours-ci. J'ai une petite fluxion à la tête depuis trois jours... les dents s'en ressentent, ainsi ne venez pas. Je ne puis prévoir le jour où je descendrai; continuez comme à l'ordinaire. J'avais besoin d'une petite retraite de souffrances...

Je vous prierai de prier en particulier pour la guérison d'une mère de famille du Tiers-Ordre.

Si je vais à la maison dans le courant de la semaine, je vous le ferai savoir.

Je suis en N.S. tout à vous.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon.


Nr.0195

An Marg. Guillot

Mardi, 24 Avril 1850.

Je vais mieux. Je descends ce soir à Lyon et y resterai jusqu'à jeudi après midi; ainsi vous pourrez venir ou demain, ou jeudi dans la matinée. Je regrette de vous avertir si tard, mais je viens seulement de me décider à descendre.

Je suis en N.S. votre tout dévoué.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon.


Nr.0196

An Marg. Guillot

Lyon, 26 Avril 1850.

Jeudi.

Je m'en vais à la Favorite. Je regrette de ne pouvoir aller vous voir!

Je souffre moins. Je vais écrire à ma soeur, je suis bien négligent!

J'ai enfin trouvé le rideau rouge, je l'ai mis dans le placard. J'ai trouvé aussi les dentelles. On vous les portera. Ils sont chez le portier.

Je vous bénis.

EYMARD.

Je serai ici lundi. Je suis bien pressé, excusez-moi.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon.


Nr.0197

An Marianne Eymard

J. M. J.

Lyon, 26 Avril 1850.

CHERES SOEURS,

Je suis bien peiné de vous avoir fait attendre si longtemps ma lettre, j'étais si accablé d'affaires que je n'avais pas un moment. J'étais consolé d'un autre côté par les bonnes nouvelles que je recevais de vous.

Pour moi, excepté quelques maux de dents, je vais bien. Je suis à notre noviciat cinq jours de la semaine; c'est un grand bonheur pour moi parce que j'y suis plus tranquille et un peu en solitude, j'en remercie bien le Bon Dieu.

Vous avez reçu, je pense, des nouvelles des demoiselles Guillot; elles sont toutes souffrantes. Ces bonnes filles sont bien éprouvées, la croix est bien leur partage, Mlle Marguerite surtout, mais elle est si généreuse! Ces bonnes demoiselles désirent bien vivement vous voir à Lyon, elles voudraient même vous avoir avec elles pour demeurer ensemble. J'admire vraiment en cela leur bon coeur, car jamais je n'ai trouvé de personnes si dévouées, si discrètes et si vertueuses; et je pense même que cette réunion aurait de bons effets pour toutes. Ces demoiselles ont prié et fait prier beaucoup pour cela, elles me le demandent comme une grâce. Je suis bien embarrassé pour répondre; d'un côté je vois que vous avez bien vos peines à La Mure, bien des embarras avec vos fermiers et les petites jalousies de dévotes, et qu'ici vous en seriez débarrassées et que vous auriez plus de secours religieux; assurément le désir que j'ai de vous voir heureuses et parfaites me ferait désirer un mieux dans votre position; d'un autre côté, le séjour à Lyon, avec ce climat si différent de La Mure, ira-t-il à votre santé? Nous avons ici beaucoup de personnes qui ne peuvent s'y habituer, et moi il m'en a encore bien coûté; puis ce train bruyant de la ville, cette nouvelle manière de vivre; et s'il arrivait quelque catastrophe politique, comme on s'y attend, Lyon assurément ne serait pas tranquille. Nous, ayant plusieurs maisons, nous pouvons nous en aller; mais vous, où aller dans ces circonstances?

Pour mon compte, je ne vous conseillerais pas d'entrer dans un couvent, à cause de votre âge et de vos infirmités; les couvents sont souvent de bien durs calvaires, et je le vois tous les jours dans les couvents de femmes.

Vous me direz: Mais, à Lyon, nous serons au moins près de vous. C'est vrai que, si je pouvais vous être utile, je le ferais avec bonheur; mais je suis si souvent absent et si occupé! N'importe, je serai toujours votre frère.

Si je savais qu'un voyage vous fît du bien, je prierai Notre-Seigneur de vous le permettre.

J'en viens à vos ennuis avec Mlle Fribourg. Cela m'a bien peiné; je ne m'attendais pas certainement à cette scène, je dirai plus, à cette ingratitude.

J'ai consulté des hommes habiles et voici ce qu'ils m'ont tous dit:

  1. Vous avez le droit de faire l'escalier dans la cuisine, qu'elle le veuille ou non, parce que c'est une réparation essentielle.
  2. Si vous lui avez parlé avant et si elle avait consenti, même verbalement, elle n'a droit à aucun dédommagement, et même sans avoir son consentement vous êtes en droit de le faire, sauf à elle de réclamer un dédommagement devant la justice, et ce dédommagement ne peut être que peu de chose parce que la location devient plus commode.

Maintenant, comme tout est prêt, je vous conseille et vous engage fortement à le faire finir en lui disant que je le désire et le veux, et, s'il le faut, réclamez une visite sur les lieux de Mr le Juge de paix qui assurément vous donnera droit.

Mais vous n'osez pas, à cause de la mauvaise grâce que Mlle Fribourg va vous faire et du bruit que cela va causer. Allez en avant: la justice est pour les faibles et les opprimés; il ne faut pas abandonner ses droits; et nous ici nous allons bien devant la justice: se scandalisera qui voudra; on fait ses affaires et on laisse dire.

Maintenant, voici une autre question.

  1. Si le bail de location est fini, s'il n'y a qu'une continuation amiable, vous pouvez leur faire donner leur congé par un huissier, et au bout de trois mois ils sont obligés de s'en aller.
  2. Si les Fribourg n'avaient pas payé leur location arriérée, vous seriez en droit de les renvoyer encore.

Je comprends que tous ces moyens sont violents, mais encore ils sont justes.


Nr.0198

An Frau Franchet

(La Favorite) 12 mai 1850

Madame,

J'ai oublié de vous prier d'annoncer à Mme Lambert son admission au T.O. et de l'amener à la prochaine réunion, si elle accepte. Je viens vous en prier aujourd'hui du fond de ma solitude, où je suis si heureux de pouvoir converser avec Dieu seul; mais sans oublier mes enfants, et surtout votre âme que je désire voir embrasée de l'amour divin.

Je suis en N.S., Madame, Votre très humble S.

Eymard.


Nr.0199

An Marg. Guillot

La Favorite, 18 Mai 1850.

Mademoiselle,

Nos ornements ont bien besoin de votre charité, vous en jugerez par ce que je vous envoie; hélas! on n'oserait pas se servir dans le monde de choses si sales!

J'espère voir demain Mr Gaudioz avec vos nouvelles. Je n'ai pu descendre à Lyon. J'espère aller vous voir les premiers jours de la semaine.

Si vous aviez besoin de venir quelquefois ici, il faut savoir que les omnibus du Point du Jour passent au pont de l'Archevêché à 8 heures, à 10, à 12, à 2, et à 4 heures du soir.

Je suis en N.S. votre tout dévoué.

EYMARD.

P.S. Je vais à l'ordinaire. Mes respects tout dévoués à vos soeurs.


Nr.0200

An Frau Tholin-Bost

La Favorite, 22, St.Irénée, Lyon, 23 Mai 1850.

MADAME,

Un de nos jeunes prêtres va à Tarare, son pays; je le charge de ma lettre, j'espère qu'il m'apportera de vos nouvelles et de Mademoiselle Claudia.

Vous dire le regret que j'ai éprouvé d'apprendre trop tard votre arrivée à Lyon avec Mademoiselle votre soeur est inutile; quand j'ai reçu votre lettre, je n'avais plus le temps de me rendre d'ici à Lyon pour l'heure marquée. Je n'ai pu que dire: "Dieu ne veut pas. Mon Dieu, faites-leur tout le bien que je leur désire!" J'aurais été si aise de voir Mr Tholin! Enfin, il est de ces sacrifices que Dieu nous met dans la nécessité de faire, tant il est vrai, Madame, qu'il n'y a que Dieu de toujours accessible! de toujours bon! de toujours bienfaisant, de seul nécessaire!

J'ai appris avec grande peine que vous aviez encore été malade; hélas! vous êtes bien une fille de la Croix; Notre-Seigneur vous a accordé bien des grâces, et, pour s'en dédommager et les consumer, il les fait suivre de quelques parcelles de sa bonne Croix.

Cependant je lui demande de l'adoucir, de la diminuer, de vous conserver pour votre bonne famille. Je n'aime pas à demander le Ciel pour mes filles en Marie; le Ciel est éternel; mais la vie du mérite, de la sanctification, de la gloire de Dieu, de l'amour, du zèle envers Notre-Seigneur est courte, par conséquent, bien précieuse. Il vaut mieux vivre et souffrir un peu plus longtemps pour Dieu.

Et votre bonne soeur, que fait-elle? Elle aime bien Notre-Seigneur, assurément, elle est une bonne fille de Marie, elle est dans son couvent intérieur. Soyez comme deux flammes que l'amour divin unit.

Je me recommande bien à vos prières et suis en Notre-Seigneur,

Madame,

Votre tout dévoué.

EYMARD, P. S. M.

Madame Tholin-Bost, Tarare (Rhône).


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