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Nr.0201

An Marianne Eymard

Lyon, 2 Juin 1850.

BIEN CHERES SOEURS,

Je profite d'un moment de tranquillité pour vous donner de mes nouvelles. Je me porte à l'ordinaire, je suis à présent à la campagne dans notre noviciat, où je suis très heureux parce que je vois moins de monde et ai moins d'occupations extérieures. Que le Bon Dieu est bon envers moi! il me donne toujours ce qu'il y a de plus utile et de meilleur; aussi je ne demande que sa sainte Volonté et la grâce de l'accomplir.

Je ne sais pas quand je pourrai aller vous voir à La Mure; je ne puis quitter en ce moment à cause du Supérieur qui est bien malade.

Assurément, j'aurais bien du plaisir d'aller vous encourager, mais le Bon Dieu ne le veut pas encore.

Je pense que toutes les petites peines dont vous m'aviez parlé sont finies. Si Mlle Fribourg s'en va, tant mieux! Vous la remplacerez mieux plus tard.

Je ne sais pas si vous ferez une belle procession aujourd'hui; il y en a eu une ce matin magnifique à la cathédrale. Lyon est très tranquille, ne vous laissez pas épouvanter ni par les journaux, ce sont des menteurs, ni par les nouvelles exagérées; il y a des gens qui voient tout en noir, en émeutes, en massacres. Dieu nous garde, et Marie sauvera la France. Les mauvais sont déjà vaincus et leurs iniques projets retombent sur leur tête.

Soyez toujours contentes de tout comme les filles de votre bon Père qui est dans les cieux, et voyez plutôt ses bontés et ses grâces que vos défauts et votre misère.

Je suis en N.S.,

Chères soeurs, tout à vous.

Votre frère.

EYMARD.

P.S. Les Dlles Guillot sont toujours un peu souffrantes, surtout Mlle Marguerite. Elles m'ont demandé de vous laisser venir faire un voyage à Lyon; je leur ai répondu que je le voulais bien; mais vous, mes soeurs, consultez un peu vos forces. Vous leur ferez assurément un grand plaisir, elles sont si bonnes!

Mademoiselle,

Mademoiselle Eymard Marianne,

rue du Breuil,

à La Mure d'Isère.


Nr.0202

An Frau Tholin-Bost

2 Juin 1850.

MADAME,

Votre petite lettre m'a réjoui en Notre-Seigneur et je prie ce bon Maître d'achever dans son amour ce qu'il a commencé en vous dans sa divine bonté. Oui! Madame, unissez-vous de plus en plus à son amour par sa sainte Vie. Ne faites qu'un avec son esprit, son coeur; mais allez à Jésus par Marie, et c'est pour vous le plus heureux comme le plus précieux des droits. Vous êtes sa fille chérie!

J'ai eu beaucoup de plaisir de voir Mr Tholin et de le recevoir Novice - frère Marie-Jean-Joseph: beaux noms.

Recommandez-moi un peu à Notre-Seigneur; je ne cesse de le faire pour vous. Quand vous voudrez m'écrire, adressez à la Favorite.

Je suis en son amour,

Madame,

Votre tout dévoué serviteur.

EYMARD, P. S. M.


Nr.0203

An Marg. Guillot

Lundi, 17 Juin 1850.

Mademoiselle,

Je viens vous dire que je ne descendrai pas cette semaine pour confesser... Je suis sourd d'une oreille et je fais des remèdes... que Dieu en soit béni! ce n'est pas de ma faute, il veut donc, ce bon Maître, que je reste tranquille ici: restez aussi bien tranquille en vous-même avec Notre-Seigneur et votre Jardin des Olives. Seulement, tenez-vous bien unie à Notre-Seigneur.

Gardez les objets tant qu'il sera nécessaire, nous n'en avons pas besoin.

  1. Pour le morceau de soie bleue, je crois qu'il ne faut la coudre à aucune garniture, mais la laisser libre.
  2. Mlle David, chez Mr Richard, curé de Jouzieux, par Saint-Etienne (Loire).
  3. Nous recevrons votre petite croix avec reconnaissance. Je n'ai pu encore examiner les autres choses.
  4. Nous avons trois autels de la largueur et de la longueur du tapis que je vous envoie.

Je n'ai pu encore faire la lettre de ma soeur; que je suis négligent! n'est-ce pas?

J'ai bien a faire ici, puis j'ai encore le temps d'avoir de petites misères. Que le Bon Dieu est bon de nous donner à travailler!

Tout à vous.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon.


Nr.0204

An hochwst. Bischof Luquet

Lyon, 20 juin 1850

Monseigneur,

J'ai reçu hier au soir le paquet que vous avez eu la bonté de m'adresser à la date du 5 du ct., je ne sais comment vous remercier de tant de bonté. Tout ce qui vient de vous m'est bien cher. La vie de cette Ste fille que vous m'avez envoyée m'a autant édifié que réjoui, ainsi que ceux à qui je l'ai communiquée.

Il paraît que deux de mes lettres de cette année ont été perdues, ou bien deux des vôtres, car je n'ai reçu de votre part aucune réponse à mes deux premières. Je commençais à être inquiet, craignant que vous ne fussiez malade ou absent. Je ne vous donnerai pas de nouvelles de nos Messieurs, un de nos Pères arrivant de l'Océanie et partant pour Rome, vous en donnera, c'est le P. Bernin de Lyon.

Tous nos Pères vont bien, excepté notre maître des novices, le P. Maîtrepierre, le premier Provincial de la Société, il est dangereusement malade, il est attaqué d'une maladie de poitrine, presque sans remède. Je vous prie, Monseigneur, de prier pour lui et pour nous, car ce sera une grande perte pour la Société.

Au commencement du mois de juillet, la Province ecclésiastique de Lyon va célébrer son concile; tous les catholiques s'en occupent et prient, ces conciles provinciaux raniment la foi. La foi est encore triomphante en France, il y a eu partout, cette année, de nombreuses conversions à Pâques, surtout dans la classe instruite. Le malheur fait réfléchir. Et les mauvaises conséquences des faux principes en honneur jusqu'à présent ont effrayé ceux qui les avaient proclamés ou encouragés.

Je dirige à Lyon le Tiers-Ordre de Marie et qui compte déjà plus de trois cents membres très pieux, parmi lesquels il y a un certain nombre d'Ecclésiastiques et surtout des hommes. Je désirerais bien obtenir quelques indulgences pour cette association.

J'arrive encore de chez M. Favier orfèvre pour votre sautoir, il n'a pu le vendre encore, il a été en marché, c'est vraiment dommage de n'en tirer que le poids de l'or, nous allons écrire à Paris pour mieux trouver.

Je suis heureux, Monseigneur, de votre confiance, ne m'épargnez pas, nous vous serons d'ailleurs toujours si redevables.

J'ai l'honneur d'être, dans les sentiments de respect le plus profond,

De Votre Grandeur, Monseigneur, le très humble

et très obéissant serviteur.

Eymard

P.S. Le paquet de Mme votre soeur part demain.


Nr.0205

An Marg. Guillot

La Favorite, Mardi 2 Juillet 1850.

Mademoiselle,

Je descends de suite à Puylata, j'y resterai aujourd'hui, et peut-être demain. Tâchez de venir aujourd'hui, à l'heure que vous voudrez.

Je vous envoie le frère pour nos affaires... Nous avons besoin d'amicts avant tout. Veuillez consacrer toute la toile à cela, et à une quarantaine de purificatoires.

Tout à vous en N.S.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Bellecour, Façade du Rhône, 9, au 3me,

Lyon.


Nr.0206

An hochwst. Bischof Luquet

J.M.J.

Lyon, 15 juillet 1850

Monseigneur,

Je suis heureux de vous annoncer que votre chaîne en or est vendue 340 Fr, qui, joints aux 60 Fr du calice, donnent un total de 400 Fr que vous pouvez tirer sur M. Favier André orfèvre à Lyon.

Si vous avez besoin de moi pour un emploi de cet argent, je suis tout à votre disposition.

Je pense, Monseigneur, que nous n'avez pu encore mettre aux pieds du Souverain Pontife les ouvrages dont M. Mulsant fait hommage à Sa Sainteté.

Cet excellent chrétien, le savant naturaliste de notre ville serait si heureux d'avoir la signature de Pie IX, en retour.

Il rend vraiment des services à la religion en en faisant l'apologie dans toutes les séances scientifiques.

J'ose me recommander à vos prières et vous prie d'agréer les sentiments très respectueux avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

le Votre Grandeur, Monseigneur,

le très humble et très obéissant serviteur.

Eymard p.s.m.

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Nr.0207

An Marg. Guillot

La Favorite, 30 Juillet 1850.

J.M.J.

Mademoiselle,

Vous pouvez parfaitement agir, et conseiller l'atelier de M.C.; ce que je vous désirez et moi aussi n'empêche pas que ce ne soit encore un des meilleurs en ce genre de travail: ainsi vous pouvez aller en avant sans crainte.

Pour la note du P. Lagniet, j'en suis content, et si cela pouvait vous... je le serais encore plus; j'avais parlé au P. Lagniet de... il a été bien... Je lui ai parlé de votre peine à ce sujet, et il en a ri; il ne pense pas du tout aux Soeurs maristes pour notre linge, car il est très content de l'état présent; pour le surplus de votre compte, soyez tranquille, j'arrangerai tout; et samedi, si vous venez à Puylata, comme je l'espère, je vous...

Je prierai, en attendant, Notre-Seigneur de vous donner force et courage, et surtout l'amour de la sainte croix.

Si vous pouviez ne pas tant faire attention à tout ce bruit intérieur, à toutes ces impressions,... et vivre en paix au milieu de la guerre, ce serait bien consolant; n'oubliez donc pas que c'est Notre-Seigneur qui vous veut dans cet état, et que vous lui rendez plus de gloire que dans un autre, et que même vos misères et vos infidélités peuvent devenir une belle matière de confiance en sa bonté.

D'ailleurs, vous savez que je vous ai donné permission universelle de venir ici quand vous auriez besoin de moi, et que je remercierais Notre-Seigneur de pouvoir être utile à votre âme.

Tout à vous en N.S.

EYMARD.

P.S. Je ne descendrai que samedi...et en repartirai avant dîner. Je serai libre à 8 1/2..

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Façade du Rhône, 9, Place Bellecour,

à Lyon.


Nr.0208

An Marianne Eymard

La Favorite, 22, St.Irénée-Lyon, 31 Juillet 1850.

BIEN CHERES SOEURS,

Je viens vous écrire quelques mots puisque je ne puis encore aller vous voir, comme vous le désirez et moi aussi.

Je suis encore retenu au noviciat, le Supérieur étant toujours malade; cependant il va mieux et nous espérons que le Bon Dieu nous le rendra. Nous venons de l'envoyer aux eaux d'Allevard.

Pour moi, je suis toujours bien content au noviciat, j'y ai moins de peine et m'y porte bien. Vraiment le Bon Dieu me gâte par ses grâces de faveur; ici, au moins, je puis un peu plus prier qu'à Lyon et travailler, de sorte que les jours sont trop courts.

J'ai reçu plusieurs fois de vos nouvelles pas des occasions indirectes, et je remercie Notre-Seigneur de vous avoir donné un peu de santé et le prie de vous la conserver.

Pour les réparations de la maison et le choix des locations, je laisse tout cela à votre sagesse; mais l'essentiel c'est de donner à Mlle Fribourg la signification de son renvoi. Je me souviens qu'un de ses propriétaires eut toutes les peines du monde pour les renvoyer et qu'il fallut employer une signification par huissier.

Il me semble qu'il ne faut pas tant les craindre. Si je vais à La Mure, je vous éviterai cette corvée.

Si vous pouviez, sans trop de frais arranger convenablement la maison, les revenus seraient plus forts que tout ce que vous en retirez, même avec le pressoir, et surtout vous seriez bien plus tranquilles.

Travaillez toujours à devenir des saintes et servez-vous bien de toutes ces misères pour l'amour de Dieu.

Il faut souffrir en cette vie, c'est le caractère des bien-aimés disciples de Notre-Seigneur. Vous avez déjà bien souffert, c'est ce qui vous donnera une belle part à la gloire de Jésus crucifié.

Mettez bien votre paix dans Dieu et non pas dans les créatures, laissez dire et juger comme on voudra, et suivez librement et saintement la voie que Dieu vous a tracée.

Je suis en toute affection en N.S.,

Chères soeurs,

Votre frère.

EYMARD, p. s. m.

Mademoiselle Marianne Eymard,

rue du Breuil,

La Mure.


Nr.0209

An Marg. Guillot

La Favorite, Août 1850.

Mademoiselle,

Un de nos Messieurs désirerait faire blanchir une aube, et faire achever l'autre dont il n'a que la moitié; je vous les envoie toutes les deux, elles sont en tulle brodé, vous pourrez acheter ce qu'il faut et ce qui sera convenable, il paiera tout; il voudrait une garniture de pardessus aux manches. Il y a deux aubes communes dont l'une est trop courte, l'autre est déchirée. Les deux premières aubes pressent, car ce Monsieur doit partir dans huit jours.

Je vous enverrai bientôt une lettre pour Mlle Jenny.

Soyez toujours généreuse et dévouée à la sainte obéissance et Dieu vous bénira.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon.


Nr.0210

An Frau Tholin-Bost

Favorite, 22, quartier S.-Irénée,

Lyon, 5 Août 1850.

MADAME,

Je viens vous remercier de votre bon souvenir devant Dieu et vous dire que j'aime à vous le rendre, et à demander pour vous cet amour divin, toujours croissant, toujours désirant; car l'amour n'a pas de limites ni de bornes; il est comme Dieu, son centre et sa fin, infini.

L'amour est un feu consumant, tout doit l'alimenter; surtout ce qui nous environne, nous crucifie, remplit notre vie; seulement il faut donner à Dieu tout ce qu'il nous donne en le faisant passer à travers le feu de l'amour. Vous le savez, l'amour est actif, entreprenant, et en même temps calme et paisible.

Il veut tout embrasser, tout faire; et en même temps tout laisser, tout quitter.

Il veut plutôt souffrir que jouir, plutôt le Calvaire que le Thabor; il veut dire à tout le monde d'aimer Dieu, et se dérober en même temps au monde, à ses regards, à son sourire, à ses affections. L'amour est le mystère de la grâce de Dieu; il faut se laisser brûler et consumer.

L'autel de l'amour divin, c'est la croix. Notre croix à nous, c'est nous-mêmes: ce pauvre corps qui souffre, ce coeur qui désire trop, cette volonté qui craint, hélas! Grande croix; mais que la grâce de Notre-Seigneur adoucit. Allons, laissez-vous conduire par le bon Maître comme un enfant sans volonté, sans autre amour que son amour, rendant tout aimable.

Je reçois bien volontiers novice Mlle Maria Collongette. Prenez-la un jour, et, toutes réunies avec votre soeur, faites-lui prononcer la formule de consécration des novices.

Je n'oublierai pas Mr Tholin, surtout à présent qu'un doux lien nous unit en Marie; vos enfants; Mlle votre soeur.

Que Notre-Seigneur vous bénisse et vous conserve tous en sa sainte grâce et son divin amour.

Tout à vous en Jésus et Marie.

EYMARD, P. S. M.

Madame,

Madame Tholin-Bost, Tarare (Rhône).


Nr.0211

An Fräul. Julie-Antoinette Bost

La Favorite, 5 Août 1850.

MADEMOISELLE,

Je suis bien aise que vous ayez une copie de la Règle des Vierges Tierçaires et le serais encore plus si cela pouvait faire un peu de bien à votre âme et vous aider à vous sacrifier encore plus dans votre position.

Trouvez Dieu dans cette position de Providence où vous êtes. Dieu vous y veut: il y a mis toutes les grâces, toutes les vertus, tout l'amour de toutes les vocations les plus sublimes. Seulement, aimez-y le Bon Dieu de toutes vos forces. Vous êtes faite pour l'aimer. Qu'il soit béni de vous avoir mis dans le règne de son saint amour!

Aimez bien votre bonne soeur, sans scrupule, sans trouble; le Bon Dieu le veut.

L'aimer, c'est aimer les grâces que le Bon Dieu lui a faites et celles qu'il vous donne pour elle. Aimez-la par sympathie, par le coeur, tout comme le sentiment arrive; parce que je sais que Dieu unit vos coeurs.

Aimez les vôtres en Dieu.

J'admire ces paroles que Dieu a fait votre coeur bien grand. Oh! c'est bien vrai, et si vous étiez encore plus sainte, il serait plus grand et plus aimant encore.

Recommandez-moi toujours à ce bon Maître, afin que je ne sois pas infidèle à ses grâces sur moi.

Je vous bénis dans son amour.

Tout à vous en N.S.

EYMARD, P. M.

Mademoiselle Bost, Antonia, à Tarare.


Nr.0212

An Marg. Guillot

La Favorite, 12 Août 1850.

Mademoiselle,

Je crains bien que ce soit plutôt moi qui me sois mal expliqué pour ces aubes; celle qui a un pardessus noir, avec celle qui est à faire et dont vous n'avez que le bas, appartiennent à un novice qui va partir pour l'Angleterre, y fonder une maison de la Société. Les trois autres sont à la maison du Noviciat; et pour les nôtres, il n'y a pas besoin d'y mettre un pardessus aux manches. Je ne sais pas ce qu'il y a à faire, peut-être sont-elles déchirées, il y en a une qui est trop courte, c'est celle qui a un grand rempli, alors il n'y a qu'à le découdre.

Pour les deux premières, si vous croyez que de les repasser cela suffise et les gâte moins, faites-le, je laisse tout cela à votre science en cela parfaite. Mais ne vous pressez pas trop, je ne crois pas qu'il parte avant la huitaine.

Je prie bien Ste Philomène de vous obtenir tout ce que vous désirez et tout ce que je vous désire.

Ce n'est que par beaucoup de tribulations, dit St Paul, qu'on entre dans le royaume des Cieux, et elles ne vous manquent pas; mais au Ciel, au jugement, à la mort, il sera si doux d'avoir souffert quelque chose pour l'amour du Seigneur Jésus! Soyez forte dans la faiblesse, généreuse dans la fidélité aux petites choses, prompte dans l'obéissance positive, aimant l'abnégation de votre volonté de préférence à votre liberté, glorifiant Dieu comme il le veut, par ce qu'il veut, c'est-à-dire par votre misère, par votre pauvreté, par vos tentations, je dirais presque par vos péchés, en vous en humiliant, en vous jetant avec plus de confiance dans les bras de la miséricorde paternelle de Notre-Seigneur.

Mais apprenez à supporter l'exil du coeur, la privation et l'impuissance des créatures pour vous soulager. Que Jésus crucifié vous suffise pour vous faire rester au pied de sa croix, avec Marie sa divine Mère.

Dieu seul! quelle sublime science! quelle force divine! quel trésor inépuisable! quelle consolation intarissable! Qu'il vous l'accorde dans sa divine et infinie bonté!

EYMARD.

P.S. J'ai dit à votre soeur de venir pour la fête patronale, le 25 août.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, n.9, au 3me.

Lyon.


Nr.0213

An Marg. Guillot

La Favorite, 21 Août.

Je vous envoie, ma chère fille, la lettre de Mlle Jenny, lisez-la. J'ai regretté hier de vous donner si peu; mais c'est bien à regret, assurément, si vous avez besoin de moi, je suis tout à votre service: le meilleur moment serait d'une heure à quatre; il y a un départ à midi, à deux heures, passant au pont de l'Archevêché.

Vous m'avez fait compassion hier. Soignez-vous donc un peu mieux! est-il possible que cette pauvre chapelle vous ait si fatiguée!

La souffrance vaut mieux que la prière; eh bien! contentez-vous de souffrir en union à Notre-Seigneur. Bon courage, le temps s'en va, le Ciel arrive et Dieu, dans son amour éternel.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon.


Nr.0214

An Frau Tholin-Bost

Mercredi 1er Septembre

MADAME ET CHERE SOEUR EN MARIE,

Me voici à Lyon depuis quelques jours, et pour quelques jours encore. J'aurais bien désiré aller jusqu'à Tarare, mais je n'ai pas le temps: et cependant ce serait une grande consolation pour moi de vous voir. Si vos affaires vous appelaient à Lyon cette semaine, j'en remercierais Dieu et vous me feriez dire le jour et l'heure.

Je vous quitte pour aller faire la réunion des Dames du Tiers-Ordre, et je vais bien prier pour vous et pour les vôtres, et mes respectueux souvenirs à Mademoiselle.

Tout à vous.

EYMARD.

Madame,

Madame Tholin-Bost, Tarare (Rhône).


Nr.0215

An Marianne Eymard

Lyon, 12 Septembre 1850.

MES CHERES SOEURS,

Avant d'entrer en retraite je viens vous dire un petit bonjour; aujourd'hui notre retraite commence pour huit jours. Nous en avons bien besoin, car, à force de voir du monde et d'être toujours à travailler pour les autres, on finit par s'épuiser soi-même; aussi je vois venir cette retraite avec grand plaisir. Je vous prie de bien prier le Bon Dieu afin que je la fasse bien.

J'aurais bien désiré vous aller voir, mais le Père Supérieur général avait besoin de moi et n'ai pu m'absenter de Lyon. Je remplace le Supérieur du noviciat qui depuis plusieurs jours est malade, il va cependant mieux.

Je dois aller prêcher la retraite au Grand Séminaire de Grenoble à la fin d'octobre, et de là j'aurai le plaisir d'aller vous voir au commencement du mois de novembre.

J'ai eu souvent de vos nouvelles par plusieurs de nos Pères et autres qui ont été assez bons pour aller vous voir. Je leur en ai été bien reconnaissant.

Je vous laisse, mes soeurs, dans l'amour de Notre-Seigneur et le prie de vous garder et de vous sanctifier toujours de plus en plus.

Votre frère.

EYMARD, p. s. m.

Mademoiselle,

Mademoiselle Marianne Eymard,

rue du Breuil,

à La Mure d'Isère.


Nr.0216

An Marg. Guillot

Samedi. La Favorite, 28 Septembre 1850.

Mademoiselle,

Venez ici, si vous le pouvez, demain soir ou lundi matin; je tâcherai de tenir tout prêt pour votre Retraite que je bénis et que je vois avec le plus grand plaisir. J'ai tous vos voeux; ainsi, soyez tranquille.

Je n'ai pas le temps de répondre à Mlle Jenny, commencez par lui dire d'être tranquille, que je me charge de tout, et lui donnerai plus tard ma réponse.

Adieu en Jésus et Marie.

EYMARD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon.


Nr.0217

An Frau Jordan Camille

Saint-Irénée, Lyon, 22, chemin de la Favorite, 7 Octobre 1850.

MADAME,

Merci de votre souvenir, je vous le rends abondamment devant Dieu, et prie ce bon Maître de vous rendre toujours fidèle à son aimable service, et par conséquent toujours heureuse, car Dieu est le centre du souverain bonheur.

Il me semble vous voir toute joyeuse et toute contente dans votre chère campagne et que le bonheur du coeur, le repos de l'esprit, rendent la vertu en vous plus facile et plus suave.

Voyez, Madame, vous ne serez pleinement heureuse qu'en Dieu; votre coeur est trop grand pour tout le reste. Il peut s'en amuser en passant, mais être rempli, jamais; mais vous le savez et j'en bénis le Bon Dieu.

Je vais prêcher la retraite du Grand Séminaire de Grenoble, du 26 au 1er novembre. Je pense partir d'ici vers le 16. Je ne pourrai que vous bénir de loin à la vue de cette belle plaine de Tullins.

Je suis fixé à la Favorite pour cette année; l'ancien Supérieur va cependant mieux, et de ma petite forteresse je descends toujours avec plaisir vers mes chères soeurs du Tiers-Ordre.

Ce sera une bonne promenade pour Madame Jordan que de venir voir le solitaire.

Allons, Madame, soyez toujours bonne, fidèle, joyeuse, courageuse, etc., et priez un peu pour celui qui aime à prier pour vous et pour toute votre famille, et surtout pour ma petite fille de Marie à qui je prie de me rappeler à Notre-Seigneur.

Tout à vous.

EYMARD, S. P. M.


Nr.0218

An Marg. Guillot

La Favorite, 16 Octobre 1850.

Je pars demain jeudi à 7 1/2 du matin par les messageries nationales, Place des Terreaux; veuillez alors y faire porter votre caisse, à 7 heures moins un quart au moins, à mon adresse. Je vous écrirai dans la journée sur ce que vous avez à faire.


Nr.0219

An Marg. Guillot

La Favorite, 16 Octobre 1850.

Mademoiselle,

Je viens, en partant, vous dire deux mots, regrettant bien de n'avoir pu aller jusque chez vous. Le Bon Dieu ne m'en a pas donné le temps.

  1. Mlle David peut dire aux Des Marcel que j'ai décidé qu'on ajournerait Mlle...
  2. J'avais pensé à comprendre la Rectrice dans l'examen des six mois d'absence.

Soyez en paix sur tout ce qu'a pu dire et faire Mlle... pour moi et le T.O.; elle est très estimée du Supérieur Général, et tout a été pris en bonne part. En général, on a trop mis d'importance aux paroles du Père Supérieur. Après tout, c'est le bon Dieu qui fait tout et dispose de tout.

Ne vous laissez donc pas préoccuper de ces choses. Oh! vous devez vous souvenir que vous êtes la fille de la volonté de Dieu de chaque moment, et ce que le Bon Dieu veut de vous: une toute petite fille à ses pieds.

Vous avez besoin d'une grande union à ce bon Maître crucifié, d'une union divine à son adorable volonté d'amour: toute votre force est là.

Ne vous éloignez donc jamais du bon Jésus de votre coeur: quelque temps qu'il fasse, soyez toujours toute à lui, et il fait toujours beau temps pour une âme qui vit sous les rayons de l'amour divin.

Votre grâce est jeune, ne l'usez pas de suite, conservez-vous recueillie tout doucement en Notre-Seigneur, et ne vous éloignez pas de votre bon Père.

Pour votre sujet d'oraison, je vous l'ai dit, tenez-vous humble, pauvre et petite aux pieds de Notre-Seigneur comme Madeleine, et soyez heureuse qu'il vous y laisse; bénies soient vos tentations qui vous purifient et vous martyrisent dans les gémissements intérieurs! C'est votre plus beau temps.

Adieu, il est 9 heures du soir. Que Notre-Seigneur vous garde, vous conserve en son saint amour, ainsi que vos bonnes soeurs.

Continuez bien vos Communions jusqu'à mon retour.


Nr.0220

An Marg.Guillot

La Mure d'Isère, 25 Octobre 1850.

Mesdemoiselles,

Je viens vous donner de nos nouvelles: le Bon Dieu a bien béni mon voyage, j'ai eu le bonheur d'aller au Laus et d'y rester deux jours. Je n'ai pas besoin de vous dire combien de fois je vous ai présentées toutes à la Bonne Mère, et surtout notre chère malade; et je lui ai demandé pour chacune de vous les grâces que je pensais vous être nécessaires pour être de dignes Epouses de Jésus crucifié et de dignes filles de son Coeur.

Le projet d'établissement au Laus est ajourné: ainsi Dieu le veut, et moi de tout mon coeur. Vos statues sont arrivées à bon port, et vous dire le plaisir et la surprise de mes soeurs n'est pas possible; elles se portent bien et me chargent de vous dire tous leurs sentiments affectueux et reconnaissants.

Je vais partir demain pour Grenoble et j'y resterai jusqu'à la Toussaint. Si vous pouviez m'écrire au Grand Séminaire, vous me feriez plaisir. Votre lettre à mes soeurs, sur Mlle Claudine, m'a attristé, et nous renouvellerons nos prières pour sa guérison.

Je vous laisse dans les SS. Coeurs de Jésus, de Marie et de Joseph, et je vous bénis dans leur amour.

Tout à vous in C.

EYMARD, S.d.M.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Place Bellecour, Façade du Rhône, 9,

Lyon (Rhône).


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