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Nr.0481

An Frau Jordan Camille

1er Janvier 1855.

Je veux en ce jour de voeux vous dire que vous êtes la première aux pieds de Notre-Seigneur. C'est bien juste, je vous le dois, et c'est de bon coeur que je viens vous souhaiter la bonne année de Notre-Seigneur. Il vous veut toute à lui; donnez tout, et vous aurez tout. Il vous donne une parcelle de sa Croix; recevez-la avec foi; mettez-la sur votre coeur comme un trésor céleste. Oui, ma fille, portez-la la Croix, et elle vous portera vers Jésus; portez-la sans tristesse de coeur, mais comme la femme forte, Dieu en tireras sa gloire. Je prie bien pour ce bon et bien cher Mr Jordan afin que Dieu lui rende la santé et la joie des enfants de Dieu. Je suis tout content que votre chère fille soit à vous et avec vous. N'ayez pas de regrets et ne vous reprochez rien, elle a bien le temps d'être à un autre; si c'est sa vocation, gardez-la tant que vous le pourrez: elle est mieux près de vous. J'aurais voulu qu'elle m'écrive un mot cette chère Mathilde.

Eh bien, ma bonne et chère fille! nous voilà donc en 1855, cette grande année qui commence avec la guerre! Comment se passera-t-elle? Le dogme de l'Immaculée Conception répond avec la paix et l'ère nouvelle de la Très Sainte Vierge. Nous en avons bien besoin; le monde est si mauvais et les chrétiens si pauvres! Mais le Bon Dieu nous aime et il a fait les nations guérissables. Moi j'espère beaucoup, j'attends de grandes choses: tout l'annonce; il y a une attente générale d'un meilleur avenir. On sent le besoin de Dieu: que je voudrais faire le beau règne de Jésus-Christ sur la terre!

Ah! du moins, ce qu'il y a de mieux, c'est de le voir dans mon coeur et dans le coeur de mes amis.

Voilà qui est un peu absurde de vous souhaiter la bonne année au 12 janvier et de finir si tard une lettre commencée le 1er janvier; je n'ai pu mettre la main à la plume depuis, et vous êtes des premières. Avec cette grande famille, je fais souvent comme une mère qui a à peine le temps de manger.

Allons, priez bien pour moi, j'ai une grande pensée au coeur, afin que Dieu la bénisse; et puis écrivez-moi un peu plus long. Vous faites un peu comme les avoués qui ont peur des lettres serrées, et cependant je vous lis avec tant de plaisir!

Adieu, bonne fille et chère soeur; quand serons-nous en Paradis? ou du moins sur le chemin qui y va vite?

Tout à vous.

EYMARD, P. M.


Nr.0482

An Frau Tholin-Bost

1er Janvier 1855.

Bonne et eucharistique année, ma chère fille, en votre coeur et dans le coeur de tous les hommes! Je vous ai portée sur la patène d'holocauste, afin que vous soyez consumée en l'amour de Jésus-Hostie: c'est là assurément tout l'objet de mes désirs, et peut-il y en avoir de plus doux et de plus grands sur la terre?

Votre charité m'excusera si j'ai tant tardé, surtout après votre bonne lettre; j'étais au milieu du Jubilé, et que le Bon Dieu a bien béni.

Je n'ai pas oublié votre bon et cher mari, ainsi que vos enfants; car c'est vous, et plus vous que vous-même, puisque c'est pour leur chère âme que vous souffrez et priez sans cesse.

12. - Excusez cette date, ma chère fille, elle vous dit combien j'ai été absorbé. J'ai reçu hier votre bonne lettre; elle m'a bien désolé sur cette chère soeur dont vous me parlez. Il n'y a de remède que dans la prière: nous allons bien prier pour sa tranquillité; nous commençons une neuvaine aujourd'hui en l'honneur de la Très Sainte Vierge Immaculée.

Il faudrait bien qu'un directeur s'emparât de cette pauvre âme et la conduisît peu à peu au mépris de tout cela. Hélas! ce n'est pas le premier exemple de si tristes résultats, c'est là la prophétie de Notre-Seigneur parlant des prodiges de la fin du monde qui surprendront même les Elus.

Veuillez, quand vous m'écrirez, me donner des nouvelles de cette chère soeur. Il lui faudrait un voyage pour la distraire; et si elle pouvait venir de nos côtés, je me mettrais tout à son service.

Que je vous dise un mot de l'adoration. Les âmes qui en ont le secret sont heureuses et tout enflammées du désir de se dévouer au service de ce bon Maître; elles attendent avec ardeur l'heureux moment qui les enrôlera sous les étendards eucharistiques. Mais quand sonnera cette heure bénie? quand le nouveau Cénacle s'ouvrira-t-il? Notre-Seigneur me fera-t-il l'honneur et le bonheur de m'y convier, dans sa miséricorde?

Voilà la mission dont je vous charge, ma bien chère soeur, auprès de ce bon Sauveur. Faites-lui une sainte violence pour hâter ce moment heureux. - Dans une autre lettre je vous dirai les bases de cet Ordre de feu, le zèle qui doit l'animer.

Adieu, écrivez-moi; vos lettres me sont une grande joie en Notre-Seigneur. Mes respectueux souvenirs à votre chère soeur, que je donne toute à ce bon Maître.

Tout à vous en J.-C.

EYMARD, S. M.


Nr.0483

An Frau Grisaud

(La Seyne) 13 janvier 1855

Madame et chère Soeur en Marie,

Je vous suis très reconnaissant de votre bonne lettre et des voeux que vous adressez à Dieu pour moi. Votre âme m'est doublement chère, vous êtes la soeur de notre bon Père Chambort, puis vous êtes notre Soeur en Marie.

Souvent avec votre bon frère nous parlons de vous, de vos embarras, de vos peines, mais aussi des grâces de Dieu.

Je comprends, ma chère soeur, combien la croix doit être lourde à la pauvre nature, surtout obligée de faire marcher seule votre commerce et environnée de malades. - Ah! comme vous devez avoir besoin de Dieu, de sa grâce et de son amour, afin de surnager toujours au dessus de ces misères.

Il paraît que le Bon Dieu veut vous sanctifier par la croix, c'est la voie la plus sûre et la plus riche, sans la croix notre salut serait en grand danger. - Aimez-la bien, cette croix, ma chère fille, puisque N.S. l'aime et que Dieu la veut; mais surtout demandez à votre bonne Mère le secret d'unir la croix avec l'amour, la tristesse avec la joie du S. Esprit, le recueillement avec l'action. - C'est une grande chose de savoir trouver Dieu avec ses devoirs, au milieu des exigences du monde, - c'est certainement ce que vous tâchez de faire chaque jour.

Quand on travaille beaucoup, il faut bien se nourrir. Quel bonheur que vous puissiez vous approcher souvent de la Ste Communion! C'est la vie et le soutien en cette triste vie. - Communiez souvent, et Jésus vous changera en lui.

Adieu, ma chère Soeur, je vous donne souvent à Dieu, ainsi que toute votre famille.

Tout à vous en J. et M.

Eymard.


Nr.0484

An Herrn v. Leudeville

La Seyne, 13 Janvier 1855.

Bien cher ami et frère en Marie,

Je mérite bien tous les reproches de votre amitié inaltérable; vous êtes meilleur que moi; et cependant, j'ose vous dire que vous m'êtes toujours présent. Il a fallu une indisposition habituelle de tête pour m'excuser un peu auprès de vous. La bonne Madame Marceau m'a donné de vos nouvelles et fait de doux reproches, aussi viens-je m'amender.

Merci bien, cher frère, de vos voeux de bonne année. Ceux-là, je les aime et vous en rends le retour de tout mon coeur, car depuis que Dieu m'a procuré l'heureuse circonstance de vous connaître, il y a en mon coeur quelque chose de plus intime pour vous. La sympathie de sentiment a fait la sympathie religieuse. Je ne regrette qu'une chose, c'est que vous soyez si loin.

Si Dieu me fait la grâce d'aller jusqu'à Tours, où reposent tant de beaux et d'intimes souvenirs, j'irai vous voir avec bonheur. Je serais bien aise de causer avec vous du Ciel et de la terre, du passé et de l'avenir.

Vous me montrez une belle aurore de grâces sur vous. Que Dieu vous conduise jusqu'au parfait accomplissement. je cherche dans mon esprit ce que cela peut être, j'en respecte le mystère et je le bénis. - Moi aussi, je voudrais vous parler d'une belle pensée que Dieu m'a mise au coeur, que j'aime, que je nourris, et dont je serais si heureux de voir la réalisation, à la plus grande gloire de Dieu : il s'agit de l'Ordre du Très Saint sacrement à établir. Voilà l'idée, le reste se comprend.

Priez, cher ami, pour cette oeuvre d'amour, comme je prierai pour la vôtre, comme je prie pour le O... Hélas! que Dieu ait son âme!

Adieu, cher frère. Croyez-moi toujours, en N.-S.,

Votre tout dévoué et affectionné.

EYMARD, P. m.

Monsieur E. de Leudeville,

à Leudeville, près Marolles-en-Hurepoix

(Seine-et-Oise).


Nr.0485

An Marg. Guillot

La Seyne-sur-Mer, 25 Janvier 1855.

Vous êtes donc bien malade, ma chère fille, Notre-Seigneur vous a étendue sur sa croix, il vous veut donc toujours crucifiée avec lui, mais quelle différence! ce sont des ennemis qui le crucifient, et vous, ce sont ses mains divines, c'est son amour, afin de pouvoir vous donner le prix de sa mort et la gloire de sa croix: quel bonheur de souffrir par l'amour et pour l'amour! Souffrez bien, ma pauvre fille, pour l'amour de Jésus-Christ. L'amour qui ne souffre pas ne mérite pas le nom d'amour.

Mais, est-ce que ce bon Maître va vous crucifier jusqu'à la mort? Pour vous, il me faut le laisser faire et lui dire: "Tout ce que vous voudrez, mon bon Maître....!" puis, vivre comme la Vierge qui attend l'arrivée du divin Epoux.

Ecrivez-moi quand vous le pourrez sans trop vous fatiguer. Je fais votre neuvaine; elle ne finira que le 29, ne l'ayant commencée que le 20. Vous pensez qu'étant intéressé, je désire bien que Notre-Seigneur la bénisse.

Depuis le 13 janvier, l'Oeuvre du T.S. Sacrement se dépouille et se prépare, le projet des règles est fait, Monseigneur l'Evêque de Fréjus et de Toulon l'a trouvée belle, il donne un bon prêtre, plusieurs autres se préparent, tous sont heureux; moi, je n'ai encore rien exposé au T.R. Père Favre, pour lui exposer mes pensées, je prie et j'attends encore.

Je me dis souvent: mais le bon Dieu, que fera-t-il de moi tout souffrant et ne valant rien? Je ne suis plus bon à rien, je suis usé, j'aurais besoin d'aller me cacher aux pieds de Notre-Seigneur, j'espère que ce bon Maître me fera cette grâce.

Je serais heureux avant de mourir de voir au moins un Cénacle (ce sera le nom des maisons d'adoration).

Quand St Jean s'endormit sur la poitrine divine du Sauveur, il y puisa son amour et sa mission divine: que j'aurais besoin, non d'un si grand honneur, mais d'être aux pieds de Jésus! voilà près de vingt ans que je suis toujours dans la vie active, il ma faut maintenant un peu du Cénacle.

Adieu, ma bonne fille. Je vous laisse à la grâce de Dieu, et je prie Jésus et Marie de vous guérir.

EYMARD.

P.S. Quand vous verrez..... faites lui mes excuses, je n'ai pu lui écrire encore, ainsi qu'à.... je le ferai. Mes amitiés à tout Nazareth..


Nr.0486

An Fräul. v. Revel

Pensionnat de La Seyne, 26 janv. 55

Bien chère Soeur en Marie,

Je voulais être le premier à vous souhaiter une de ces années qui font toute une vie devant Dieu, j'avais commencé ma lettre, mais elle est restée inachevée, & maintenant je me borne à vous dire que je vous ai présentée à Notre Seigneur & lui ai demandé son saint amour pour vous.

Merci aussi de vos voeux & de vos prières, j'y compte comme sur votre bon souvenir.

1· vous pouvez compter sur la neuvaine pour votre cher frère, j'aime à prier pour lui, c'est un de mes défunts favoris.

2· Je crois que ce n'est pas la même main qui a fait les deux lettres de Paris, ne vous mettez pas dans cette affaire.

3· Quel bonheur sur votre bien aimée famille Froissard! que Dieu en soit béni, c'est une grande joie pour moi aussi.

4· Vous vous plaignez de vos prières - faites la prière du pauvre; mais continuez les c'est le côté de la misère, de l'indigence, puis fixez le coté de la bonté de Dieu, de la prière de J.C. qui supplée à ce qui vous manque - Pour vos doutes, vos révoltes, tout cela n'est rien, c'est la fièvre de notre misère, n'y faites pas attention, passez par dessus tout cela.

5· J'approuve bien votre pensée de cette chambre c'est une bonne fantaisie, je vous conseille de vous confesser dans la retraite au P. Hug, de lui faire simplement votre confession, & une revue en gros depuis le T.O. savoir: de vos exercices de piété, de votre défaut principal; -

6· La résolution que vous aviez prise dans la dernière de la pureté d'intention, est bonne mais elle est trop spirituelle; prenez la fidélité à votre règle - - pour les âmes du purgatoire priez pour elle(s) mais ne prenez pas la résolution d'argent.

7· Ménagez un peu mieux votre languissante maladie, oubliez la, si c'est possible, mais si non, combattez la tristesse & la terreur intérieure. Soyez une fille de confiance en Dieu. Ce que vous me dites de Mlle Marguerite m'afflige bien - hélas! elle n'aurait rien à y perdre elle! que la Ste volonté de Dieu se fasse.

Adieu, bonne Soeur en N.S. Soyez assurée de tout mon dévouement à votre âme

tout à vous en J.

Eymard

s.m.

P.S. Mes respects à Madame Hypolite, oui je prie bien pour son fils aîné.


Nr.0487

An Frau Spazzier

(La Seyne) 29 janvier 1855

Madame et chère soeur en Marie,

Enfin je vous envoie vos bonnes étrennes, je désire qu'elles vous soient agréables.

J'ai bien regretté de ne pouvoir vous voir en passant l'autre jour, je m'arrêtai chez le jeune de Beauregard malade, et je n'eus plus de temps. Quand j'y retournerai, je tâcherai de vous donner une heure.

Priez pour celui qui vous est tout dévoué en N.S.

Eymard.


Nr.0488

An Fräul. Stéphanie Gourd

29 Janvier 1855.

Mademoiselle Stéphanie.

Me voici, ma chère fille, pour répondre à votre bonne lettre dont j'ai bien aimé la simplicité et l'ouverture.

Mes réponses seront peut-être trop tardives, mais elles vous confirmeront dans les principes donnés.

1· Ne vous inquiétez pas du tout de ce que vous m'avez dit au sujet du P. H., cela ne diminue en rien mon estime et prouve son dévouement pour votre âme.

2· Mais, j'en devrais profiter! Si Dieu vous l'inspirait fortement, oui, même si vous en sentiez le besoin, oui encore; mais dans l'état de vie ordinaire, vivez de votre vie intérieure et réglée.

Vous avez votre bonne mère dans l'ordinaire.

3· Allez toujours à Notre-Seigneur avec une grande simplicité d'esprit et un saint abandon, ne voyant que deux choses : votre misère et sa bonté, son amour pour vous; mais travaillez fortement et constamment au sacrifice de votre volonté pour l'amour de Dieu, c'est là le bois du feu divin.

Mortifiez bien cet amour-propre qui renaît chaque jour.

Vous voilà déjà grande en âge, alors suivez la vie de Notre-Seigneur à votre âge. Quel bonheur de pouvoir se dire: Jésus avait mon âge!

Dans votre méditation, tenez toujours à l'amour de Notre-Seigneur par l'immolation de vous-même; c'est la voie la plus courte et la plus parfaite.

Puis, priez pour moi. Je vous offre continuellement à ce divin Epoux de votre âme, afin qu'il vous remplisse de ses vertus et de son amour.

Tout à vous en Jésus et Marie.

EYMARD.


Nr.0489

An Frau Gourd

La Seyne, 29 Janvier 1855.

Je suis bien en retard, ma chère fille en Notre-Seigneur, pour répondre à votre bonne lettre, et encore je ne sais comment cela s'est fait; vous m'excuserez dans votre charité.

J'ai béni Dieu des bonnes nouvelles que vous m'avez données sur votre cher malade, qui, j'espère, est guéri. Dieu conduit tout dans sa divine miséricorde et par les moyens qu'il veut. Tout ce que nous avons à faire, c'est de le bien prier et le faire prier.

Allez, bonne fille, ayez confiance, Dieu sauvera tous les vôtres.

J'ai appris aussi avec beaucoup de plaisir la détermination que les frères ont prise pour ce malheureux; c'est une grâce de Dieu. Mettez toujours bien votre confiance en ce bon Maître et il vous dirigera en toutes vos voies.

Servez bien ce bon Pasteur avec fidélité et amour, tâchez de trouver le temps pour nourrir votre pauvre âme de la prière et de quelques saintes pensées.

En économisant son temps, en le réglant bien, il y a un temps pour tout.

Je ne vous dis pas les voeux que j'ai adressés à Dieu pour vous en cette nouvelle année, vous le savez. Que Dieu vous donne son saint amour et l'âme de tout ce qui vous intéresse.

Priez pour moi, ma santé est toujours misérable; cela n'est rien, si Dieu était content de moi.

Donnez-moi de vos nouvelles.

Tout à vous.

EYMARD.

P.-S. - Vous savez sans doute combien Mlle G. est malade, hélas! Je prie bien Dieu de la laisser encore un peu au Tiers-Ordre.


Nr.0490

An P. Mayet

/La Seyne/ 11 mars 1855

(plutôt mai Troussier)

L'Oeuvre du T.S.Sacrement se mûrit. Les Constitutions (à l'essai) s'avancent. Elles paraissent bien parfaites. Comme on sera à la source de toutes les grâces et de toutes les vertus, tout sera facile. Puis une vocation qui aura plus de vie contemplative que de vie active, doit avoir une vertu plus parfaite et plus mortifiée.

M. de Cuers est toujours brûlant pour l'Oeuvre eucharistique. Il m'écrit quelquefois.- C'est toujours le même homme, le marin, le fervent chrétien.

Plusieurs prêtres veulent faire partie de l'Oeuvre, plusieurs abbés aussi et quelques jeunes lacis, en tout dix ou douze.

On voudrait se réunir vers le mois de septembre, dans le diocèse de Marseille, commencer par se cacher dans une maison de campagne, pendant quelques mois, afin de se refondre dans ce nouveau Cénacle.

Ce qui fait plaisir c'est la générosité, l'humilité, la piété séraphique qui les anime tous.

Pour la question personnelle, elle est renvoyée par le T.R.P.Favre aux vacances. Je prie, veuillez prier pour moi.- Cette pensée est un rude Calvaire, une oraison de Gethsémani. Qu'importe tout cela, pourvu que N.S. soit connu aimé et servi!- C'est là tout mon désir. J'avoue que je serais bien heureux de servir de fumier à l'arbre, mais c'est un trop grand honneur que je ne mérite pas.

Je sens ma pauvre santé s'affaiblir. Je désirerais bien faire quelque chose pour la gloire de notre bon Maître avant de mourir. Je m'offre sans cesse et m'abandonne à son bon plaisir.

Eymard.


Nr.0491

An Marg. Guillot

La Seyne-sur-Mer, 19 Mars 1855.

Je veux, ma chère fille, commencer au moins par vous souhaiter votre fête en ce beau jour de St Joseph, c'est vous dire que je vous l'ai d'abord souhaitée devant Dieu et que je vous désire l'esprit et les vertus cachées et intérieures de ce grand Saint.

Vous devez me trouver bien paresseux et presque oublieux: oublieux, non, je ne puis oublier votre âme, vos besoins et vos peines; paresseux, oui, voilà bien longtemps que je n'ai pas le courage d'écrire des lettres, et cependant j'en aurais plus de cinquante à faire, cela vient d'un peu de fatigue. Ma migraine me prend presque tous les matins, sans me forcer toujours à me mettre au lit, je dis cependant la Sainte Messe, moitié malade, mais je vais; ajoutez à cela les milles occupations qui me tiraillent de tous côtés, cependant vous vous êtes au N·1 et je commence par vous.

Merci et grand merci de votre dernière lettre et de la connaissance que vous me donnez de cette conversation et du sentiment que l'on a sur moi à Lyon.

Le T.R. Père a bien raison de dire ce qu'il a dit, puisque je suis en retard et que le courage me manque pour ce travail. Les Pères ont bien raison de se plaindre, je n'écris à personne depuis longtemps.

Je vous assure que j'en ai remercié Dieu. On me croyait bon à quelque chose, au moins, on ne le croira plus.

Pour la deuxième lettre. - Je vous ai plainte devant Dieu de toutes les épreuves que vous avez avec le P.H.; cependant, au fond de mon âme, je sentais une réponse contraire, savoir: qu'il ne fallait pas fuir la croix, (mais) vous laisser immoler dans l'estime et la confiance du P. Huguet. Le parti que vous avez pris d'aller ouvrir votre âme au T. R. P. Supérieur Général est bien sage, suivez-le bien, et tenez-vous à ses conseils, pour l'amour du T.O., cette chère famille arrosée de tant de sueurs et de tant de larmes! - Pour le détail de votre âme, je comprends que vous ne pouvez guère y entrer, mais usez de ma bonne volonté pour y satisfaire. Je ne serais pas d'avis encore que vous alliez au P.B.; mais, ma chère fille, là où il faut bien aller, c'est aux pieds de Jésus, votre Epoux crucifié et crucifiant: voilà le lieu du repos, de la consolation et de la force. Ah! qu'il est bon ce tendre Sauveur de vous aider à mourir à la vie naturelle et spirituelle des soutiens et consolations! - Mais vous craignez de l'offenser, de vous égarer? - Non, non, on ne s'égare jamais sur le Calvaire, il n'y a qu'un sentier qui conduit droit aux pieds de Jésus; il faut toujours y marcher et ne s'arrêter que dans son coeur.

Ainsi, bonne fille, tout va bien, ne vous inquiétez pas trop de vos antipathies et des répugnances de la nature: c'est là la victime à immoler à l'amour pur de Jésus. Vous êtes agréable à son coeur, cela doit vous suffire.

J'en viens à la maison du T.O., cette question a toujours été sérieuse dans mon âme. Depuis que j'ai vu la pensée du T.R. Père Favre, si j'ai tergiversé, c'est que, connaissant les plans et les pensées du P. Huguet, je ne voyais pas comment cela pourrait aller, dans le cas où il en serait chargé et surtout s'il était changé de Lyon. Puis, ce qui m'a arrêté encore, c'est que, dans ma dernière visite à Lyon, j'ai vu dans le T.R. Père Favre, une permission de laisser-faire simple, mais suspendue jusqu'à mon retour. - Si vous venez à Lyon, vous occuperez-vous de cette maison? - Si on le veut, je le veux bien. - Viendrez-vous à Lyon? - Je n'en sais rien, car si ma santé n'est pas meilleure, je pense que je ne pourrai pas me livrer au travail actif du saint ministère.

Mais, votre pensée de l'Oeuvre du T.S. Sacrement? - Il n'y a encore rien de fixé, je n'en ai pas écrit au T.R. Père Favre, parce que la question ne sera fixé qu'aux vacances.... les éléments n'étant prêts qu'alors. Puis, si je suis toujours malade, de quoi pourrai-je servir! Je prie, j'encourage, j'attends un signe de Dieu: voilà où j'en suis.

Je vous enverrai dans quelques jours les Constitutions du T.S. Sacrement, afin que vous m'en disiez votre avis. Je vous dirai les raisons qui sont pour l'Oeuvre seule, et vous verrez devant Dieu ce qui peut procurer plus grandement sa gloire.

Cette pensée me met sur un Calvaire. Je sens qu'il faut mourir à tout, pour mériter de travailler à une si belle Oeuvre: Dieu m'y prépare.

Ayez la bonté de faire remettre 14 francs à Mr Vacher, gendre de Mme Vve Monteillet, à côté de la cathédrale, pour fin de compte de notre châsse de St Victorius.

Ecrivez-moi quand vous le pourrez, vos lettres me sont une visite dans un état de maladie.

Adieu, bonne fille, je vous bénis en la divine croix de l'amour crucifié.

Tout à vous.

EYMARD.

P.S. Tous mes souvenirs à votre maison de Nazareth que j'aime comme ma famille. Je ne vous dis rien de votre démission. Ce n'est pas encore temps de la donner; ainsi, courbez-vous amoureusement sous cette croix.

Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix, 17, à Fourvière,

Lyon (Rhône).


Nr.0492

An Marianne Eymard

La Seyne, 22 Mars 1855.

BIEN CHERES SOEURS,

Je suis bien paresseux pour vous écrire et cependant je sais le plaisir que vous éprouvez à recevoir de mes lettres. Quand on a autour de soi tant d'affaires et surtout tant de personnes, je ne sais pas comme le temps passe.

Je sais que l'on vous a donné de mes nouvelles, c'est ce qui m'a fait différer. Je vais assez bien, mes migraines ne sont pas aussi fortes, elles venaient de l'estomac, dit-on.

Nous avons ici un temps très beau, on m'a dit que l'on n'avait pas eu un froid très rigoureux dans les montagnes; je le désire bien pour vous.

Je prie bien, ma chère Nanette, pour votre cher malade; hélas! je comprends que c'est une grande croix et bien pénible, mais voyez-la comme le Bon Dieu la voit, et après avoir fait ce que vous avez pu, abandonnez-vous entre les mains de la Providence toute paternelle de Dieu.

J'ai reçu ce matin une lettre de Mr Morel. Je vais vite prendre les renseignements qu'il désire sur Mr Malifaud.

J'écrirai sous peu à M. le Curé; ayez la bonté de lui dire que j'irai la semaine prochaine à Marseille à la porte des Capucins et des Jésuites pour lui. Je prends bien part aux peines de ce bon Curé; hélas! il est bien à plaindre avec les barbouillages des coteries.

Priez toujours bien pour moi et croyez-moi toujours en N.-S.

Votre affectionné frère.

EYMARD, p. m.


Nr.0493

An Frau Spazzier

(La Seyne) 26 mars (1855)

Madame et chère soeur en Marie,

J'espérais toujours aller vous voir pour vous parler 1 de la lithographie du Laus - il y a 50 Fr. pour la pierre et 10 par cent - Combien en voulez-vous de cent ?

Un autre lithographe demande 8 francs le % sans frais de pierre, mais il en voudrait plusieurs milliers.

J'ai un ex-voto à commander, c'est un marin avec son bâtiment préservé en Crimée lors de la grande tempête - tous les bâtiments marchands étaient à la côte - le sien était seul sur ses ancres, il était voué à la Ste Vierge; il faudrait cet ex-voto dans un mois - on voudrait y consacrer une 100ne de francs environ, plutôt plus que moins. J'espère vous voir à Hyères, mais en attendant écrivez-moi pour Lyon ...et veuillez faire un plan pour l'ex-voto.

Je suis tout à vous en N.S.

Eymard.


Nr.0494

An Frau Gourd

L.J.C.

La Seyne, 28 Mars 1855.

J'ai reçu hier au soir, ma pauvre fille, votre lettre si vivement désirée. J'étais bien inquiet, hélas! Confiance en la miséricordieuse bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ et en la médiation de notre bonne Mère! Ce matin j'ai dit la sainte Messe pour votre chère mère et pour votre bon père. Vous comprenez la première grâce que je demande; oui, ayez confiance; Dieu vous les donnera. Vous avez bien fait d'aller à la fin de la retraite au P. H.; il est des convenances religieuses qu'il faut garder et honorer, puis Dieu est toujours la fin de tout.

Vos trois résolutions sont parfaites; tâchez d'y être bien fidèle, surtout à la troisième; ce sera une oraison prolongée.

Vous pouvez faire le voeu pour les âmes du Purgatoire, pour la plus grande gloire de Dieu et pour l'amour qu'il a pour les âmes qui souffrent en Purgatoire.

Je reviens sur la question de la confession.

Il faut prier beaucoup, surtout saint Joseph en ce beau mois. Le démon fait tout; il y a un moment de Dieu qu'il faut attendre pour agir. Vous connaîtrez ce moment quand il sera arrivé par l'inspiration intérieure, par une circonstance favorable et décisive; alors, c'est la suavité et la force qui doivent encourager. J'ai appris avec plaisir l'achat de la chapelle: que Dieu en soit glorifié.

Ayez bien soin de prendre le sommeil nécessaire et, quand vous le pourrez, faites-moi donner un mot de nouvelles; votre peine est ma peine.

Adieu, chère fille.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.0495

An P. Morcel, Superior des Kleinen Seminars in Belley

La Seyne, le 14 Avril 1855.

M

La cherté des vivres nous force, malgré nous, à vous demander, pour cette année seulement, un supplément de 100 fr. à la pension ordinaire.

L'an passé, nous n'avons pas voulu suivre l'exemple des autres maisons d'éducation, nous avons fait volontiers un sacrifice; mais il devient trop grand cette année. Nous osons donc compter sur le concours des parents, afin qu'il devienne moins onéreux pour nous.

J'ai l'honneur d'être avec respect,

M

Votre humble et dévoué serviteur

EYMARD, Sup.


Nr.0496

An P. Morcel, Superior des Kleinen Seminars in Belley

La Seyne, 25 Avril 1855.

Bon et Très Révérend Père Morcel,

Nous avons fait un coup de filet qui nous rapportera, je l'espère, de 8 à 10.000 fr., ce qui nous aidera bien cette année.

Je vous envoie un exemplaire de la circulaire.

Le pensionnat va bien. Nous avons eu de bons examens à Pâques. Nous n'avons point donné de temps pour repasser, et tout a réussi; quatre seulement ont été retenus pendant les vacances.

Les Pères sont tous plus ou moins faibles, mais tous remplissent bien leurs devoirs. Le P. Souchard souffre, mais vous savez que le système nerveux y est pour beaucoup. Le P. Perret est fatigué ces jours-ci; j'espère que cela ira mieux; il va cependant toujours.

Pour moi, je vais toujours, un moment faible et l'autre un peu mieux. Ma toux ne veut pas quitter la place; qu'y faire? la laisser en paix.

J'espère bien, mon bon Père, que vous n'oubliez pas mon remplaçant. Voilà bientôt la fin de l'année, et je suis à bout de mes forces, heureux si je vais jusqu'au bout, ce que j'espère. Je vais aller de temps en temps passer deux ou trois jours à Maubel, si cela est possible.

Je voudrais bien cependant que vous ne croyiez pas ma demande de repos comme un effet du découragement ou d'une autre pensée. Non! non! J'ai de si bons confrères ici que j'aurais bien tort de me plaindre; ils sont tous si bons et si dévoués! Mais la maison en souffrirait, et moi aussi, dans ma conscience.

Vous avez dû recevoir mon compte rendu; s'il y a quelques explications à donner, je serais bien aise qu'on me les demandât à Lyon, pendant que j'en ai la mémoire encore toute fraîche.

Permettez-moi, bon Père, de vous rappeler ma pensée et mon désir de l'Oeuvre du Très Saint Sacrement. J'en ai écrit au T. R. Père Général pour lui demander ma permission pour les vacances. Je vous ai ouvert mon âme, afin que vous priiez, et surtout pour que vous m'aidiez à faire quelque chose pour la gloire de Jésus Eucharistique. Je me sens toujours plus fortement poussé là, et il y a longtemps... Quel bonheur, si Notre-Seigneur voulait se servir de mes infirmités et de ma misère pour faire sortir de terre une fleur eucharistique! Ne semble-t-il pas que c'est de Marie que doivent sortir les religieux eucharistiques? J'ai bien réfléchi sur votre pensée d'union avec le T. R. P. Colin, je ne m'y sens pas porté, - ou bien en faire une maison mariste, pour le moment ce serait trop tôt. Il vaut mieux laisser cette oeuvre se former dans sa pensée unique, et aux prises avec les épreuves de la fondation.

En demandant cette permission, mon intention est simplement de travailler pour le moment et exclusivement à la naissance de l'oeuvre eucharistique. Je sens que ma demande est extraordinaire; mais si la pensée vient de Dieu, elle est bonne, et, comme disait le T. R. P. Favre l'an passé : "Si Dieu la veut, je serais bien malheureux de ne pas la vouloir de tout mon coeur."

Je vous avais dit que le Souverain Pontife, consulté sur ce projet, l'a trouvé très bon et l'a béni.

Vous savez que le couronnement de la Vierge du Laus de Pie IX par son délégué Mgr Dépéry a lieu le 23 mai. Si cela n'avait pas été si loin, je vous aurais demandé cette petite sortie; j'ai reçu une invitation bien engageante.

Adieu, bon et bien-aimé Père Morcel, priez pour ma pauvre âme; elle souffre et désire faire mieux.

Tout à vous in Christo.

EYMARD, P. M.


Nr.0497

An Frau Spazzier

La Seyne 10 mai 1855

Madame et chère soeur en Marie,

Que Dieu vous rendre au centuple l'offre si eucharistique de votre charité. - Je ne l'accepte pas encore, puisque la grande question du jour où l'oeuvre commencera n'est pas encore finie.

Je pars aujourd'hui pour Maubel où j'espère rester jusqu'à lundi, dans ce cas j'arriverais à Toulon vers les 10 h. du matin - et j'irai à l'hôtel de Malte demander de vos nouvelles, si vous y êtes arrivée pour partir pour le Laus. J'écris à M. le Supérieur de vous garder une chambre. J'écris aussi à Lyon de faire déposer chez M. Julien chanoine de Gap le ballot des lithographies

L'ex-voto que je vous ai priée de faire est pour M. Latty, marchand de vin rue des Trois Oliviers 73.

Il faudrait écrire au bas du 1er au 10 Dbre 1854 ex-voto + Latty de Toulon.

Si je ne vous revoyais pas, ne m'oubliez pas aux pieds de la Bonne Mère et surtout la petite famille de Jésus Eucharistique.

Je vous bénis et je vous accompagne de tous mes voeux.

Tout à vous en J.C.

Eymard Sup.


Nr.0498

An Fräul. Stéphanie Gourd

La Seyne, 11 Mai 1855.

Merci, ma chère fille, de m'avoir appris la grande et délicieuse grâce que vous venez de recevoir; c'est bien la plus grande de toutes, et que l'on ne peut acheter trop cher. Voilà votre maison devenue comme la maison de Béthanie où logeait notre divin Maître; quel bonheur pour vous de vivre à côté de Jésus, de l'avoir pour vous seule, de l'orner, de le garder, de le servir, de l'aimer!

Votre âme doit être l'épouse de ce Roi céleste. C'est pour cela qu'il est venu habiter au milieu de vous.

Vous devez être comme la lampe eucharistique qui éclaire, brûle et se consume à la gloire du Dieu caché, et dont elle est le signe et la garde d'honneur.

Oubliez le ciel empyrée, pour vous concentrer dans le ciel eucharistique.

Que la présence du Dieu eucharistique soit l'aliment et le centre de l'exercice de la présence de Dieu.

Là vous devez tout donner, tout sacrifier pour avoir tout.

Vous y prierez un peu pour les besoins si grands de mon âme.

Merci des bonnes nouvelles que vous me donnez de toute votre famille; que Dieu l'inonde de ses grâces!

Soyez toujours comme la petite fille autour de votre bonne mère. Ne faites pas attention aux sentiments pénibles de la nature et de l'amour-propre, sinon pour les faire en vertu ou en mépris.

Voulez-vous être bien agréable à Notre-Seigneur, travaillez à devenir comme le grain de froment eucharistique.

Mes respectueux et dévoués sentiments à votre bonne mère.

Tout à vous en Jésus et Marie.

EYMARD.


Nr.0499

An Frau Tholin-Bost

L. J. C. E.

Maubel, 14 Mai 1855.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Je vous suis très reconnaissant de votre petit mot par Mr l'abbé aumônier de la marine. Il est très bien, ce cher monsieur; il était si pressé que je n'ai pu lui être utile.

J'ai appris vos souffrances avec peine. C'est bien naturel, direz-vous. C'est vrai, je vous voudrais un peu plus forte, car une grande voie vous reste à parcourir. Il est vrai que c'est par la Croix que l'on va à Jésus, que l'on s'unit à Jésus, et que l'on vit de son amour; c'est une grande grâce que la grâce des souffrances, et c'est une grande vertu que de souffrir seul en son amour. Dieu, dans sa divine bonté, vous donne une petite parcelle de son aimable Croix, il faut bien l'en bénir.

Votre lettre du 17 mars m'a fait grand bien, surtout pour l'Oeuvre eucharistique. Oui, ma chère soeur en Jésus, concentrez votre vie en cette pensée d'amour et qui rendra à notre bon Maître beaucoup de gloire et d'amour.

Les constitutions sont faites; douze membres se préparent: six prêtres, six scolastiques. Ces pauvres messieurs se groupent autour de moi; et voilà qu'à Lyon on ne veut pas me donner la permission d'aller les mettre à flot. Je m'attendais à cette épreuve, elle est si naturelle! mais si Notre-Seigneur le veut, tout se fera. J'envoie par le même courrier, à Rome, au Général des Dominicains, le projet des Constitutions, afin qu'il le fasse examiner; ce bon Père Jandel est tout pour l'Oeuvre eucharistique. Aidez-nous auprès de Jésus et de Marie; je regarde la Société du Très Saint Sacrement comme une fleur que Marie choisit parmi ses pauvres enfants pour l'offrir à son divin Fils. J'espère bien qu'un jour au moins un de vos chers enfants sera Religieux Eucharistique.

Ce que vous me dites de votre amie est bien triste; elle est entre les mains de Dieu, nous prierons beaucoup pour elle.

J'ai écrit enfin à Mr Adolphe. Vraiment je ne sais comment j'ai pu l'oublier depuis le mois de janvier; j'ai été si absorbé et un peu souffrant, de sorte que je n'ai presque écrit à personne.

Ne me dites plus que vos lettres sont trop longues, ma chère fille, mais laissez aller votre plume à travers champs.

Je me suis réjoui de votre bonheur d'avoir auprès de vous votre fils aîné; gardez bien son coeur, sa belle âme.

Mes affectueux hommages à Mr Tholin; un souvenir en Dieu à votre chère soeur.

Tout à vous en N.-S. J.-C.

EYMARD, S. M.

P.-S. Je vous écris de notre maison de théologie, à six heures de La Seyne, où je suis depuis deux ou trois jours, et j'en repars demain.

Madame Tholin-Bost,

Tarare (Rhône).


Nr.0500

An Fräul. Elis. Mayet

La Seyne 18 mai 1855

Il est bien temps, n'est-ce pas, ma chère fille en N.S., de rompre un si long silence; vous avez dû me croire mort ou bien indifférent; je ne suis ni l'un ni l'autre, mais comme les mauvais payeurs qui disent toujours demain; - il est temps de dire: aujourd'hui, et de commencer.

Merci d'abord, ma chère fille, de votre bon souvenir et surtout de vos prières. - Je prie aussi bien pour vous, afin que N.S. vous console et vous tienne lieu de tout, que Marie, votre bonne Mère, vous prenne avec elle. - Vous avez bien besoin de l'abandon entre les mains de Dieu pour ne pas vous laisser aller à la tristesse et au découragement. Voyez, ma fille, vos Parents au Ciel, dans le sein de la bienheureuse Eternité et vous attendant: la mort n'est que le pont du temps au Ciel.

Dieu a voulu vous laisser la dernière dans la maison paternelle, afin que vous fussiez l'héritière de tant de piété et de vertus.

Je n'essaierai pas de vous donner un conseil pour votre avenir, il faut aller doucement, et bien examiner le pour et le contre; pour l'Océanie, je n'hésite pas cependant de vous dire non, il n'y a encore rien à faire, dit-on, pour les Soeurs.

Le bon Père Mayet m'a écrit dernièrement; il paraît qu'il est à l'ordinaire et toujours plus pieux. Quelle belle couronne de Nazareth il aura, ce bon Père!

Je vous laisse, ma chère fille, entre les bras de Marie et vous prie de la bien prier pour mes misères.

Mille amitiés à votre bien aimé frère et à sa bien chère Dame, à Monsieur et à Madame Perroud, à sa chère et bénie famille.

Tout à vous en N.S.

Eymard Sr.

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