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Nr.1321

An Frau Mathilde Giraud-Jordan

Adveniat Regnum tuum!

Paris, 4 janvier 1864.

MADAME ET CHERE FILLE EN N.-S.,

Je vous remercie de vos voeux, je vous ai mise dans la couronne que j'ai déposée aux pieds de Notre-Seigneur. Votre place vous est acquise depuis longtemps!

Ayez confiance en la prière. C'est la toute-puissance que Dieu nous a donnée. Par elle, vous obtiendrez le salut de cette chère âme que Dieu vous a donnée, et de tous les vôtres. "Demandez et vous recevrez", a dit Notre-Seigneur.

Je ne vous engage pas à laisser vos vielles prières: ce sont de vielles amies; mais Primes est la meilleure prière du matin et Complies celle du soir. Nous n'en faisons point d'autres: c'est celle de l'Eglise.

Mieux vaut un peu de vague dans l'esprit et le naturel. Soyez vous avec le Bon Dieu. Seulement nourrissez bien votre esprit de saintes pensées et de bonnes lectures.

Croyez bien que vos lettres, comme celles de votre si bonne mère, ont l'accueil de l'amitié: jamais trop longues!

Je vous bénis en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1322

An Fräul. v. Fégely

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 6 Janvier 1864.

Mademoiselle,

J'ai dit à Notre-Seigneur de vous bénir, vous, votre sainte mère et votre bonne soeur, non seulement le premier jour de l'an, mais tous les jours.

Qu'il vous garde pour lui ce bon maître, Mademoiselle; qu'il soit tout en toutes choses, et que tout ne soit rien sans lui. Que je suis heureux quand je pense que vous lui avez donné votre coeur et votre vie; que vous lui avez fait l'honneur de le préférer à tout; que vous voulez être sa cordiale servante! Vous ne pouviez mieux choisir! Soyez bien à lui comme à l'Ange du Ciel. Gardez-lui bien la virginité de vos affections comme de vos intentions.

Je vous souhaite bien de fonder dans votre pays une maison d'adoratrices; c'est tout ce que vous pouvez faire de plus grand, de plus saint et de plus apostolique. Travaillez à ce Cénacle; vous en avez les moyens, l'amour et peut-être la mission.

Allumez un feu qui ne s'éteigne plus; consacrez un de vos châteaux, comme Marie et Marthe, à l'hospitalité royale de Jésus, Hostie d'amour; devenez-en la première servante et l'adoratrice. - Ah! que le Ciel et l'Eglise seraient contents de vous!

Remerciez pour nous Notre-Seigneur: c'est aujourd'hui la fête anniversaire de notre première Exposition, de notre premier Bref apostolique et de notre seconde fondation. Si nous étions de meilleurs adorateurs, Notre-Seigneur ferait encore de plus grandes choses; mais nos défauts arrêtent ses grâces. Aussi, j'en gémis bien pour mon compte.

Allons, Mademoiselle, il y a tant de mal dans le monde, si peu de vrais adorateurs, si peu d'âmes tout à Jésus, qu'il faut le consoler et lui tenir lieu de famille.

Je vous laisse aux pieds du divin Maître, vous prie de me rappeler au bon souvenir de votre famille.

En Notre-Seigneur,

Tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1323

An Frau Jordan

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 8 Janvier 1864.

Enfin, bonne et chère dame, je viens à vous, me voici un peu débarrassé; je serai un peu mieux aux amies du Bon Dieu. Quelle vie que la mienne! elle est toute morcelée, toute déchirée! Si au moins Notre-Seigneur en tirait bien sa gloire! C'est que l'on va toujours en perdant par le monde, il faut toujours donner et ne rien recevoir; puis l'on donne toujours trop et l'on vole au Bon Dieu pour donner. Oh! qu'on est bien mieux sur le Thabor de l'Eucharistie! là il n'y a pas de corps visible, les sens sont morts ou enchaînés. Qu'est-ce que je vous ai souhaité cette année? vous le savez bien, le règne eucharistique de Notre-Seigneur en vous. Remarquez bien que je ne dis pas la dévotion, la vertu, l'amour même, mais le règne, c'est-à-dire le don de tout vous-même à ce bon Maître pour être sa chose, son champ, son coeur, sa vie et même sa mort. Il faut absolument en venir là, autrement vous ne seriez que comme le bois que l'on approche assez du foyer pour être desséché; mais il peut fumer, pleurer, crier, être chaud, il ne brûle pas s'il n'est pas dans le foyer, absorbé par sa puissance. Allons, vous savez bien que pour allumer une bougie il faut prendre du feu à la flamme elle-même et non à son courant d'air.

Et vous, que m'avez-vous souhaité? l'amour de mon Maître? mais je crois l'aimer; son Paradis? pas encore, j'ai encore de quoi souffrir des maisons; Lyon? Souhaitez-moi le Cénacle véritable et puis le Cénacle intérieur; alors je suis content.

J'en viens à votre lettre. Merci de vos voeux de Noël, etc...; je vous ai dit les miens.

Merci des 100 fr., je n'ai pu les aller chercher encore; je dirai les messes. Il n'y a pas longtemps que je suis à Paris, je travaille à une belle fondation; priez pour elle.

Vous avez bien fait d'écrire ainsi à vos nièces, car (me mettant de côté, mais regardant la chose en elle-même) un pareil despotisme me fait voir la grandeur de la grâce contraire, et aussi la grande vertu de ces bonnes demoiselles; elles sont bien bonnes, et aussi je prie toujours bien pour elles.

Je vais écrire un petit mot à Mme Nugues.

Criez, forcez votre frère de mettre un peu ordre à ses affaires, c'est un abîme ouvert qui peut toujours s'élargir; puis le salut s'y trouve souvent engagé.

Je reçois agrégées vos deux amies, vous êtes la première agrégée après Mr Carrel. Je m'occupe beaucoup de mon manuel; il est presque fini.

Peut-être ferai-je une absence de deux mois vers le 26 février; profitez.

Je suis bien aussi long que vous; soyez tranquille, vous ne serez jamais longue en lettres. J'ai laissé toute ma correspondance avec Mlle Monavon; je ne sais presque pourquoi.

Adieu, je vous bénis en N.-S.

EYMARD.


Nr.1324

An Ludwig Perret, Architekt

Paris 9 janvier 1864

Adveniat Regnum Tuum

Bien cher Monsieur Perret,

Enfin bonne et sainte année meilleure que toutes les autres! triomphe complet de N.D. de la Roche et surtout du Bon Maître en vous! car vous ne travaillez que pour son service et sa gloire dans les âmes - Comme nous languissons de vous avoir ou du moins d'avoir de vos nouvelles, vous êtes bien l'ermite de la Ste Vierge, impossible de vous trouver à Lyon où je suis allé vous chercher plusieurs fois.

Je ne suis entré à Paris que le 18 décembre, - après avoir pris les eaux d'Aix qui m'avaient fatigué, j'ai été obligé d'aller en Provence, puis à Angers. - Je ne sais si cette année 64 me fera tant courir! tout à la sainte volonté de Dieu!

Tout va à l'ordinaire ici, vous nous manquez. La pieuse et intéressante aveugle est venue vous souhaiter la bonne année, je lui ai promis de vous transmettre son coeur si reconnaissant et si priant. Que deviendrait-elle sans vous! Nous lui avons avancé 65 francs et je vous assure que c'est peut-être la meilleure charité que vous puissiez faire.

Donnez-moi de vos chères nouvelles, et croyez-moi toujours bien tendrement et sincèrement en N.S., bon Monsieur Perret,

Tout vôtre

Eymard Sup.


Nr.1325

An Fräul. Danion

Adveniat Regnuum tuum.

Paris, 10 Janvier 1864.

MADEMOISELLE EN N.-S.,

Que Notre-Seigneur vous guide et vous donne tous les dons de son amour! Que vous le fassiez aimer et servir et adorer de tous les coeurs! Que votre action de grâces soit comme les dons eucharistiques qui couvrent le monde!

Voilà mes voeux; et les vôtres! vous les gardez, vous les oubliez; est-ce possible de n'avoir plus le temps de me donner de vos nouvelles?

Seriez-vous malade? Mais le Maître a trop besoin d'ouvrières. Seriez-vous sur la croix? Mais la charité la porte, et travaille même crucifiée. Allons! je vous en veux un peu de votre si long silence, et cependant je dis toujours bien votre messe du mardi et aime beaucoup votre oeuvre d'action de grâces.

Je vous recommande un voyage long et pénible, mais pour la gloire de la divine Eucharistie, que je vais faire à la fin du mois.

Je désirerais bien que le Bon Dieu daignât le bénir.

Je vous bénis moi-même en ce bon Maître.

Tout vôtre en la divine Eucharistie.

EYMARD.


Nr.1326

An Herrn Josef-August Carrel

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 10 Janvier 1864.

Cher ami et frère en N.-S.,

Votre lettre m'a mis en humeur contre moi : j'avais la plume à la main pour vous écrire! Je n'ai donc plus la primauté des voeux écrits, j'ai seulement celle devant Dieu, car, à 4 h; ½ du matin, je vous présentais à Notre-Seigneur avec toute votre famille que j'aime comme mienne et que je bénis tous les jours. Que ce bon Maître soit toujours le premier Maître chez vous; sa sainte loi, la souveraine loi; son saint amour, le foyer de tous les amours. Vous êtes bien le plus heureux père que je connaisse!

Aussi, je ne cesse de demander au Bon Dieu pour vous cet abandon à la divine et paternelle Volonté de Dieu sur vous et sur tous les vôtres.

Veuillez agréer mes bien affectueux et dévoués souvenirs à toute votre bonne famille.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, S.

P.-S. - Un bon et fraternel souvenir à Mr Jacquet et au brave Mr Barnola. Faites-moi le plaisir de m'envoyer un exemplaire de ma chétive photographie, pour voir ce que je ressemble.


Nr.1327

An P. Leroyer

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 10 Janvier 1864.

Bien cher Confrère,

Je viens enfin à vous; votre charité m'a excusé à cause des visites si nombreuses du Jour de l'An; et en effet j'ai été absorbé, je commence un peu à respirer.

Je vous remercie bien de vos voeux si bons et si eucharistiques: quid mihi est in coelo, et ab Eucharistia quid volui super terram! Ah oui! que le règne eucharistique de Notre-Seigneur arrive et que nous en soyons les premiers disciples et les ardents apôtres; plus de questions personnelles, plus de travaux perdus en dehors de notre grande mission.

Tout au service et à la gloire du Maître: chez nous la Société doit se résumer en ces mots; dévouement d'amour au service et à la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ au Très Saint Sacrement de l'autel selon l'esprit et les lois de la Sainte Eglise Romaine.

Remerciez pour moi vos religieux de leurs bons voeux, je les ai tous présentés au Bon Maître afin qu'ils fussent bénis par lui et confirmés dans leur sainte vocation.

Pour la maison Bardet, restez-en là: vous avez fait tout ce que vous avez pu; n'offrez plus d'indemnité: il paraît que le Bon Maître veut ce retard que nous n'avions pas prévu et qui semblait au contraire ne pas devoir arriver, puisqu'on m'avait dit que la maison était ou serait libre.

Ces Dames étaient prêtes, elles s'y prépareront mieux; si j'ai deux jours libres dans le courant du mois, je tâcherai d'aller voir et visiter les deux maisons achetées, pour voir comment on fera une chapelle provisoire.

Pour le fr. Joseph, c'est bien long et un peu dur de le priver des offices, et surtout pendant six mois peut-être; après tout, qui arrêtera les langues, et les mauvaises langues surtout? nous n'avons pas à nous en inquiéter.

J'écris un petit mot au fr. Chave; pour le bréviaire du fr. Alphonse, il vaut mieux attendre, car ce pauvre enfant tousse beaucoup; nous espérons un peu, mais hélas! il n'y a guère d'espérance de le guérir.

J'ai reçu une note ce matin de Reniquet, je vous l'envoie pour que vous l'examiniez. Je ne m'attendais pas à cette dette; d'ailleurs je vous ai prié, ne faites pas de dépenses sur nous sans nous en prévenir d'avance. Le Père de Cuers étant procureur général pourrait bien ne pas les agréer. J'avais promis de payer le placard, vous m'enverrez la facture, et je la ferai solder.

Comme la maison d'Angers est presque toute sur les fonds de Paris, nous avons besoin de bien régler nos dépenses, même du culte, pour tenir face à tout, surtout en ce moment que nous avons de grandes charges.

Croyez-moi en Notre-Seigneur, bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1328

An Frau v. Grandville

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 11 Janvier 1864.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Merci de vos voeux, de vos prières, de votre premier mouvement. Je suis en retard avec vous; j'y ai suppléé devant Notre-Seigneur de bon matin, le jour de l'an.

Tout ce que je vous désire, c'est la force; soyez forte contre vos misères, vos inquiétudes et surtout votre amour-propre froissé d'être si vive, si impatiente; c'est votre croix, c'est vote côté humiliant. Acceptez-en l'humiliation, et surtout la patience. Cependant n'aimez pas vos défauts: c'est tout ce que le Bon Dieu vous demande. - Je suis content de vos essais; continuez bien ainsi - toujours. Allez en mendiante vers la bon Maître.

Que Notre-Seigneur vous soit donné en hôte divin. Oh! alors, j'irai avec encore plus de plaisir chez vous, vous serez bien riche. Ne vous pressez pas trop pour vous fixer un confesseur; attendez celui qui sera nommé. - Je suis de votre avis, mais encore faut-il qu'il convienne à votre confiance, liberté et besoins.

Mes bien respectueux et religieux souvenirs à votre bonne soeur.

Je vous bénis bien en N.-S., en qui je suis

Tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1329

An Frau Tamisier

Adveniat Regnum Tuum

Paris 13 janvier 1864

Madame,

Dieu vous bénira de lui avoir donné votre bonne et chère fille, elle va bien, elle est heureuse, elle semble avoir trouvé son centre de vie, son coeur s'épanouit sous le beau soleil de l'Eucharistie, - il me semble aussi que sa santé va mieux. La voilà donc un peu calme et heureuse! nous verrons si Dieu lui fera la grâce entière. Elle est très aimée chez ces Dames, elle nous ravit à la chapelle par son chant.

Ainsi, merci, Madame nous en aurons bien soin et nous respecterons la liberté de Dieu en elle.

Acceptez aussi mes bons et religieux voeux en N.S., que son règne arrive!

Vous souffrez de tout ce que l'on dit, je le comprends, mais ne vous laissez pas influencer de ce vent qui passe, la Ste Volonté de Dieu dissipera tous ces nuages.

Adieu, bonne Dame, Tout à vous en N.S.

Eymard.


Nr.1330

An Frau Gourd

Adveniat Regnum tuum!

Paris, 13 Janvier 1864.

Madame et chère fille en N.-S.,

Je viens vous remercier de vos voeux : ils sont comme je les désire; mais qu'il y a à faire pour devenir un véritable instrument de Dieu!

Oh! combien je sens mes fautes et mes misères! Je suis comme celui qui voudrait marcher et ne le peut pas. Que j'ai besoin de la miséricorde de Dieu!

Pour vous, laissez-vous aller au courant de la divine Providence. Tout se fait autour de vous de par Dieu et pour votre plus grand bien. Dieu fait tout pour le mieux.

Je vous désire bien ici. J'espère que vous arriverez à l'heure et au moment de Dieu.

Oui, ayez confiance pour cette chère âme. Dieu la travaille; elle est sous l'action du combat. Priez toujours bien en union avec votre mère, la Société du Saint Sacrement.

Oh! quand viendra ce beau moment où Dieu sera dans vos trois coeurs, ne faisant qu'un en sa divine charité!

Je vous bénis.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, Sup.

J'écrirai un de ces jours à Mlle Stéphanie. Je pars demain pour Angers pour quatre jours. Je tenais à vous bénir avant de partir.

Madame Gourd.


Nr.1331

An Gräfin v. Andigné

Adveniat Regnum tuum.

Angers, 19 Janvier 1864.

Madame,

Je ne veux pas repartir d'Angers sans vous écrire deux mots. Rien de nouveau pour ces Dames; impossible de commencer maintenant. Les maisons achetées ne peuvent être libres avant le mois de mai, une du moins: celle de Mr Bardet; l'autre ne le sera qu'à la Saint-Jean. Je voulais acheter la maison du milieu, de Mr Ruisson, maison qui vaut au maximum 18.000 fr.; il en veut 30.000, disant tout simplement qu'il veut faire payer la convenance. Elle est un peu chère! On me conseille d'attendre, que personne n'ira au prix offert par moi.

Je disais, avant de venir, à nos Soeurs: "Vous n'êtes pas bien prêtes, voilà pourquoi le Bon Dieu vous fait attendre; il ne veut pas venir à Angers sans que tout soit bien prêt: un Roi ne s'improvise pas."

Eh bien, Madame, je vous ai fait dire de servir Notre-Seigneur avec joie, il le faut. Quoi de plus doux que de le servir avec amour? Et l'amour produit la joie, le dévouement: quoi de plus juste? Vous êtes dans les grâces de Dieu comme dans l'Océan: l'action de grâces doit être votre affection continuelle. Voyez donc toujours les bontés ineffables de Dieu sur vous, sa main si paternelle, si prévoyante et toujours si aimable jusque dans les plus petits sacrifices qu'il vous demande. Voyez toutes choses à travers ce prisme divin, et tout en prendra la belle couleur! Souvenez-vous que la tristesse naturelle tue le corps et l'esprit; la tristesse spirituelle, le coeur et la piété. Je sais bien qu'il y a une bonne tristesse, mais, même celle-là, je ne vous la souhaite pas. J'aime mieux vous savoir sur le Coeur de Jésus avec saint Jean, qu'à ses pieds avec Madeleine.

Pour être ainsi toujours joyeuse avec Notre-Seigneur, fuyez-vous vous-même. Votre vue vous donne la fièvre, regardez-vous comme une étrangère hors de Dieu.

Soyez donc bien simple, mais de cette simplicité qui voit les choses en la bonté de Dieu. Oh! qu'alors tout est aimable! Adieu, Madame, le papier me manque, il est tard, je vous bénis.

Demain soir, mardi, je serai à Paris.


Nr.1332

A SON EXC. Mgr VALERGA, Patriarche de Jérusalem

Paris, 22 janv. 1864, rue fg S.Jacques 68

Monseigneur,

J'envoie le P. de Cuers, religieux profès de notre Société du T. S. Sacrement (canoniquement approuvée), à Jérusalem, afin d'y faire les démarches nécessaires pour une fondation d'une maison d'Adoration sur le Mont Sion, à l'endroit même, s'il était possible, où N. S. a institué le T. S. Sacrement de l'autel.

Nous savons qu'humainement parlant la chose est difficile, impossible peut-être, mais avec la bénédiction du Vicaire de J.C., avec l'aide de Votre Grandeur, et surtout avec la grâce de Dieu, nous espérons contre toute espérance.

J'ose donc, Monseigneur, recommander à votre zèle et à votre piété, si connue dans l'Eglise, notre pieux projet et le Père que j'envoie auprès de Votre Grandeur, de laquelle j'ose me dire en

Notre Seigneur,

Monseigneur,

Son très humble et très obéissant serviteur.

Pierre Eymard

Supér. de la Société du S.S.


Nr.1333

Au Secrétaire Général de la Compagnie d'Orléans.

Paris 24 janvier 1864

Monsieur le Secrétaire Général,

J'ai l'honneur de vous adresser sous ce pli les Statuts de notre Société: copie conforme à celle déposée au ministère des Cultes.

Je comprends la justice et la sagesse de votre demande, Mr le Secr.Gén.: pour jouir en effet d'une faveur, il faut en remplir les conditions et nous croyons bien les remplir, car notre Oeuvre de la 1ère Communion des ouvriers adultes va toujours en augmentant, et nous tâchons par les enfants de faire un peu de bien aux pauvres parents et de légitimer des unions, hélas! trop souvent illégitimes. - J'espère donc que vous nous conserverez la charité de notre demi-place et que nous serons toujours vos heureux débiteurs.

C'est dans les sentiments de profond respect....


Nr.1334

An Frau Lepage

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 24 Janvier 1864.

MADAME,

Je vous attendais un peu aux environs du jour de l'an, mais je vois bien qu'il faut y renoncer. Cependant j'aurais été bien aise de vous voir et de vous entendre me parler de votre chère famille et du saint époux que le ciel vous enviait. Il vous doit bien quelque chose, car vous avez dû ajouter à sa couronne. Voilà la vraie amitié; elle dure toujours. Comme ces coups si profonds ont dû vous montrer la vanité de tout ce qui passe! de tout ce bonheur du temps! Ah! nous sommes bien heureux de connaître Notre-Seigneur et de retrouver tout en lui-même!

Assurément votre mission n'est pas finie, [il] vous reste celle d'achever ce qui est commencé dans votre famille, et que vous verrez, je l'espère, pour la gloire de Dieu.

Soyez toujours l'apôtre du Dieu de l'Eucharistie; c'est une mission de feu autour de ceux qui sont froids, de lumière pour ceux qui ne croient pas, de sainteté pour l'âme adoratrice. Jésus a dit: "Je suis le pain de vie."

Que le Bon Dieu est bon de nous avoir fait connaître, aimer et recevoir la divine Eucharistie! Que peut désirer de plus l'âme qui a faim?

Je recommande à votre amour de Notre-Seigneur une grande pensée que nous avons pour sa plus grande gloire.


Nr.1335

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 25 Janvier 1864.

Bien cher Père,

Je vous adresse la lettre de Son Excellence Disraeli; ce bon ambassadeur m'a attendu aujourd'hui pour me donner lui-même sa lettre, et m'a tendu la main avec beaucoup de bienveillance.

Vraiment, cher Père, le Bon Maître fait tout si bien qu'il y a lieu d'espérer en sa toute-puissante bonté.

Ne fussions-nous venus au T. S. Sacrement que pour cette belle mission: rendre son Cénacle à Notre-Seigneur, il me semble qu'après cela, il n'y a plus que [le] Nunc dimittis.

Courage donc, cher Père, et confiance. Je ne dis pas que Notre-Seigneur est pour nous, avec nous, mais que tout est pour lui et sa plus grande gloire.

Nous prions sans cesse pour vous. Je vous accompagne en toutes voies.

Si vous avez le temps, allez trouver le Père Basile chez les Passionistes, demandez lui une supplique pour la Congrégation des Rites, pour obtenir la permission de dire Laudes et les couper de Matines alléguant.

Pour raison: notre état debout devant le T. S. Sacrement, et que ce serait un soulagement.

Qu'autrefois on [le] faisait; voir Martène.

3· Que nous dirons Laudes summo mane, etc. Le Bon Père Basile vous fera bien cela.

Si vous voyez le prêtre de Marseille à Rome, priez-le de faire relier l'ouvrage qu'il a emporté pour le Cardinal Antonelli et de refaire ma lettre sur du beau papier.

Je vous bénis, et votre cher compagnon.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD S.


Nr.1336

An Fräul. v. Revel

Paris 25 juin 1864

(plutôt janvier)

Mademoiselle,

Votre lettre m'a fait passer un bon moment, je la conserve pour la relire. Je ne partirai pas encore pour Marseille; je viens d'envoyer le P. de Cuers avant moi, de sorte que si je dois y aller, ce ne sera que dans un mois ou un mois et demi: mais j'aurai soin de vous en avertir, car je serais heureux de vous revoir, et de causer un peu avec vous. Je vieillis, me voilà dans mes cinquante-quatre ans. Vous riez, et cependant je ne crois pas faire de vieux os sur cette terre, j'avoue que je ne n'ai pas envie de mourir; je vois encore tant de choses à faire!

J'aimerais bien partir comme David, laissant la paix à Salomon.


Nr.1337

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 1er Février 1864.

Bien cher Père,

Je vous écris par ce courrier pour vous dire que nous vous suivons pas à pas avec nos coeurs, nos voeux et nos prières; nous espérons que le Bon Maître les exaucera.

Demain, fête de la Présentation de Notre-Seigneur au temple par la très sainte Mère, nous vous présenterons tout spécialement à Jésus et Marie eux-mêmes.

Je pense que vous avez bien reçu la lettre que je vous ai envoyée de Mr l'Ambassadeur Disraeli; je n'ai pu l'affranchir, c'était trop tard quand je l'ai reçue le lundi. Voici maintenant ce que je vous prie de faire: vous êtes à la source des bonnes lumières et des renseignements sûrs; veuillez donc savoir si Rome approuvera la distinction que nous avons faite des voeux triennaux dont la Société peut relever, puis des voeux perpétuels réservés au S. Siège.

La S. Congrégation des Réguliers, par un décret du 17 Juillet 1858 en faveur des Trinitaires, et du 19 Mars 1857 en faveur des Dominicains, déclare les articles suivants:

1· Vota simplicia, perpetua erunt ex parte voventis, utpote quae tendunt ad emittenda deinde vota solemnia, in quibus perfectionem et complementum accipient.

2· Eorundem votorum simplicium dispensatio reservata est Romano Pontifici cui professi gravibus urgentibus causis preces porrigere poterunt.

3· Verum eadem simplicia vota solvi etiam possint ex parte ordinis in actu dimissionis Professorum, ita ut data dimissione professi ab omni dictorum votorum vinculo et obligatione eo ipso liberi fiant.

7· Superiores Regulares ad quos spectat concedere poterunt huiusmodi professi litteras dimissorias dumtaxat ad primam tonsuram et ad ordines minores.

Nous accorderait-il pendant trois ans les voeux simples perpétuels du côté du votant, mais temporaires du côté de la Société? Première question.

Mais dans ce cas où nous aurions des voeux ainsi définis, il faut savoir que, pendant ces trois ans, nous ne pourrions appeler nos sujets qu'aux quatre ordres mineurs, et alors ne serait-ce pas bien nous lier? nous exposer à perdre bien des sujets qui ne voudraient pas attendre quatre ans pour être ordonnés? je dis quatre ans, y compris l'année du noviciat; voilà de grandes difficultés.

Admettre de suite, après un an de noviciat, aux voeux perpétuels, c'est bien nous exposer à avoir des vocations peu éprouvées, disent quelques-uns; et cependant il faut prendre un parti. Je ne crois pas que Rome approuve les voeux temporaires comme nous les avons conçus: aux yeux de Rome, ce ne sont pas des voeux canoniques; instruisez-moi là-dessus.

[Il] nous resterait un troisième moyen; ce serait de faire faire deux ans de noviciat comme plusieurs communautés.

En mettant en principe que l'on ne fera les voeux perpétuels qu'à 21 ans, un certain nombre, par-là, resteront plus longtemps en épreuve; et déjà, pour les frères simples, on ne peut les admettre avant 20 ans accomplis, d'après les Constitutions apostoliques. Je vous en conjure, cher Père, ne partez pas de Rome sans voir quelques personnages au courant de cette question: Monseigneur Chaillot, ou Monseigneur Pregliati, Secrétaire de la Congrégation des Réguliers, ou tout autre. Je me trouve arrêté par cette question.

La mère du fr. Albert va bien, je la vois de temps en temps.

Tout le monde va à l'ordinaire, nous attendons de vos nouvelles.

Adieu, bon Père, cher frère Albert.

Tout à vous affectueusement en Notre-Seigneur.

EYMARD, S.

Monsieur Baudry est venu quelques jours après votre départ, et a donné gracieusement la somme; je regrette de ne pouvoir encore affranchir: la poste est fermée.

Au R. P. de Cuers,

religieux du T. S. Sacrement,

à Sainte Brigitte, place Farnèse

(voie de Marseille) Rome.


Nr.1338

A SA SAINTETE PIE IX.

1. Nota: Supplique rédigée en janvier 1864 à Paris, mais présentée au Saint Père par le P. de Cuers le 2 février.

TRES SAINT PERE,

Pierre Eymard, Supérieur de la Société du T.S. Sacrement à Paris: humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté expose: que depuis bien des siècles, le Cénacle est entre les mains des infidèles, pour la punition et l'humiliation des chrétiens; et cependant, c'est l'Eglise la plus vénérable et la plus Sainte du monde! ce fut là le premier autel, le premier tabernacle de la Ste Eglise de Jésus-Christ; c'est de là qu'elle est sortie sainte et puissante pour conquérir le monde au Sauveur; il serait bien temps, Très Saint Père, de rentrer en possession de notre maison paternelle; de remettre Notre Seigneur sur son trône d'amour et de lui rendre un culte solennel et perpétuel d'adoration là même où son amour excessif institua le sacrement adorable de l'Eucharistie. Le dogme de l'Immaculée Conception doit naturellement amener le règne eucharistique de Notre Seigneur; c'est notre confiance; et le rachat du St Cénacle doit en être le fruit précieux.

Autrefois on faisait des Croisades pour les Lieux Saints. La Société du T.S. Sacrement approuvée canoniquement par un Décret de la S.C. des Evêques & Réguliers, en date du 3 juin 1863, désirerait faire cette croisade pour le St Cénacle, le racheter des mains des Turcs, disposée qu'elle est à consacrer à cette oeuvre éminemment catholique, ses biens, ses personnes et sa vie, et d'y établir un culte solennel et perpétuel d'adoration, et d'y prier jour et nuit pour Votre Sainteté, pour la Ste Eglise, pour le pardon et la conversion du monde, et le triomphe de la foi et de l'amour du T. S. Sacrement de l'autel.

C'est à cette fin, Très Saint Père, que nous envoyons /un de nos religieux/ à Jérusalem, et, avant, à Rome, afin qu'il dépose aux pieds de Votre Béatitude, notre projet et notre espérance, persuadés qu'avec sa bénédiction nous réussirons.

En conséquence l'humble Suppliant supplie Votre Sainteté, si elle juge bon, de recommander le Père de Cuers, son mandataire, à Mgr Valerga, Patriarche de Jérusalem, et si elle le trouvait opportun, d'appuyer notre demande d'un firman d'achat auprès du Gouvernement de la Sublime Porte.

Déjà M. Drouyn de Lhuis, Ministre des Affaires Etrangères, nous a recommandés à cet effet au Consul français à Jérusalem, M. de Barrère.

C'est une grande oeuvre que nous désirons entreprendre! mais ayant pour nous Votre Sainteté, nous avons Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui tout est possible et facile.

Et le Suppliant priera le Seigneur etc...


Nr.1339

An Mgr. Patrice Maria Cruice, Marseille

A Mgr CRUICE, Evêque de Marseille.

Paris 2 février 1864

Monseigneur,

On disait de Notre-Seigneur qu'il était bon; toute notre Société et surtout notre maison de Marseille le dit avec bonheur de vous, Monseigneur. Et voici que je viens encore exposer à Votre Grandeur notre désir et notre prière d'avoir de sa bonté deux lettres dimissoriales à partir de la Tonsure au nom de Mgr Guillaume Angebault, Evêque d'Angers, pour deux de nos religieux profès, en théologie et de Marseille, savoir: Henri Billon et Joseph Chave.

Ce seront, Monseigneur, deux bons adorateurs que votre piété si tendre et si zélé entretiendra devant le T.S. Sacrement et qui prieront continuellement pour leur bon Evêque et pour la chère ville de Marseille.

Daigne Votre Grandeur nous bénir et nous aimer toujours paternellement en Notre-Seigneur en qui je suis heureux d'être,

Monseigneur,

Votre très humble et très reconnaissant serviteur.

Eymard Sup. Soc. SS.


Nr.1340

An Herrn Bessière

A Monsieur Bessière

Adveniat Regnum Tuum

Paris 9 février 1864

Cher Monsieur,

Je vous envoie ma lettre dans son premier jet. Coupez, tranchez, retranchez tout ce (que) vous voudrez et surtout mettez-le en bon français, car j'ai à peine le temps de chercher la pensée, quant à la forme, elle est comme le minerai sortant brut de sa couche géologique.

Je vous envoie aussi le modèle de notre sceau...que vous voudrez bien me rendre, j'en envoie deux, vous choisirez.

Je regrette de ne pas avoir le temps d'aller vous voir en ce moment. Je m'en dédommagerai plus tard.

Mes bien respectueux hommages à Monsieur Buffet.

Tout vôtre en N.S.

Eymard Sup.

Monsieur Bessière.


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