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Nr.1681

An Fräul. v. Revel

Paris 22 décembre 1865 (28. Décembre????)

Mademoiselle,

Qu'il y a longtemps que je n'ai eu de vos nouvelles!

Mais voici le jour de l'an où chacun se reconnaît, mais je viens tout le premier, vous envoyer mes voeux, tout chrétiens et toujours les mêmes: Aimer bien le Dieu, le servir dans votre sainte vie; vous abandonner en tout à sa divine bonté; vivre du jour au jour; puis être simple et tranquille en cet état.

Vous demanderez mes étrennes au bon Dieu, j'en ai grand besoin, je me sens débordé par les affaires et peu fort en la vertu ou même pas du tout, car j'agis plutôt en manoeuvre qu'en conducteur des travaux.

Je n'ai pu dormir ces temps-ci. Nous préparons une fondation à Bruxelles. Je vous la recommande devant Dieu.

Je désire aller à Lyon et vous y voir, mais quand ? Je l'ignore encore. Ce sera toujours avec la même joie et le même désir.

Croyez-moi en N.S., bonne soeur,

Tout à vous.


Nr.1682

An Frau Mathilde Giraud-Jordan

N. B. - Cette lettre n'a pas de date. Elle fait suite à une conversation et doit être de Paris en 1865. La première partie est copiée de la main de Mme Giraud-Jordan, et à partir de l'alinéa commençant par ces mots: "Pratiquez, ma fille...", elle est de la main du T. R. Père Eymard.

Vous êtes appelée à la vie d'union avec Notre-Seigneur. C'est lui-même qui veut vous diriger en venant habiter en vous.

L'homme ne peut rien de lui-même. Il est enclin au mal, et il commettrait tous les crimes si Dieu ne le soutenait pas. Comme la branche ne saurait porter de fruits d'elle-même et sans demeurer attachée au cep de la vigne, ainsi nous ne pouvons porter de bons fruits qui si nous demeurons attachés à Jésus-Christ.

Oh! si nous pouvions comprendre cette parole de Saint Paul: "Ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi"; et cette autre: " Il faut que Jésus-Christ croisse en nous jusqu'à l'état d'homme parfait!"

Oui, Jésus-Christ a dans chaque homme une naissance et une croissance spirituelle. Il veut glorifier son Père en chacun de nous. Disons donc comme saint Jean-Baptiste: " Il faut qu'il croisse et que je diminue."

Mais pour qu'il demeure en nous, il faut que nous demeurions en lui; il faut répondre à son appel.

Donnons-lui non seulement notre coeur, mais notre esprit. Dieu n'a pas demandé ce sacrifice à tous les hommes: c'est trop difficile. Il demande seulement leur coeur: "Mon fils, donne-moi ton coeur."

Ce n'est qu'au petit nombre qu'il demande leur esprit, leur intelligence, leur jugement: "Que celui qui veut être mon disciple se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive." Donner son coeur, c'est facile, mais donner sa pensée, son jugement, son intelligence, voilà le sacrifice le plus pur. C'est s'écorcher tout vif. Il en coûte beaucoup. On ne peut comprendre la pensée de Dieu; mais après, quelle lumière il nous donne! Sa sagesse nous apparaît d'une manière éclatante.

Comment arriver à cette union divine? dites-vous. Liberté complète sur le choix des moyens, ou plutôt servez-vous de tout pour y atteindre. Que tout vous parle de Dieu, et parlez de Dieu à tous ceux avec lesquels vous êtes en rapport, le priant pour ceux qui ne le connaissent pas, et lui demandant de ressembler aux personnes vertueuses que vous voyez, - non pas pour être plus belle, mais pour mieux le servir.

Que la pensée de Dieu ne soit pas abstraite. Mettez toujours le coeur ne avant. Soyez surtout dans la louange et l'action de grâce. Aimez à répéter sans cesse: Que Dieu est bon! Lui seul est bon!

Servez-vous aussi de moyens matériels pour penser à Dieu, quand l'heure sonne, par exemple, et donnez-vous une pénitence, si vous y manquez. Notre corps doit être traité en esclave.

Ne soyez pas dans le vague. Prenez des résolutions positives. Donnez-vous pendant quinze jours, trois semaines le même défaut à combattre, la même vertu à pratiquer; mais vous n'aurez pas toujours occasion de pratiquer la vertu opposée; vous pourrez toujours en faire des actes positifs et la demander à Dieu. Il faut voir en tout, même dans les plus petits événements de la vie, la Volonté de Dieu, et vous laisser diriger par elle avec amour.

Pour l'oraison ayez un livre qui vous plaise, et lisez jusqu'à ce qu'une pensée vous frappe, afin d'éviter la paresse spirituelle qui empêche de se connaître.

Défiez-vous aussi de la tentation de zèle, qui fait qu'en pensant aux autres, nous nous négligeons nous-mêmes.

Pratiquez, ma fille, en Notre-Seigneur, ces maximes, elles me paraissent bien vous convenir toujours. Il est bien évident que la racine fait la vie et la puissance de l'arbre, mais elle est cachée, parce qu'il faut qu'elle travaille dans le mystère et la paix.

Pour faire une grande force, on condense la vapeur ou un gaz chimique: l'explosion a lieu alors dans toute sa puissance.

Or, il en est de même dans la vie spirituelle: la charité, les vertus, les oeuvres extérieures ne sont et ne doivent être que des branches, la prière vocale elle-même; mais la vie de ces oeuvres est toute dans le recueillement, dans l'union de l'âme en Dieu. C'est sa nourriture, sa lumière et sa force. Voilà pourquoi il faut vous rapprocher de Dieu dans l'oraison, l'écouter, plutôt que de lui parler toujours, vous ramasser en hommages à ses pieds plutôt que de faire des actes de dévouement où l'âme ne fait pour l'ordinaire que de sortir de son recueillement et de s'évaporer en sentiments étrangers à elle-même.

L'activité de l'âme, voilà souvent notre grand ennemi. Elle semble nous réchauffer en la piété, mais cette ardeur n'est souvent que factice et débilitante. La vraie activité spirituelle est celle qui se fait dans Dieu, ou autour de Dieu, parce que l'âme s'unit par la charité à sa fin et à sa grâce immédiate. Voilà pourquoi rien n'est plus actif que le vrai amour de Dieu, parce que c'est l'action de la flamme en son foyer.

Appliquez-vous bien à devenir intérieure, ma fille, c'est-à-dire à vivre avec Dieu, à travailler en société de Dieu, à être heureuse en Dieu.

Alors sa lumière sera l'inspiration, le motif de votre pensée et la règle de vos jugements.

Vous suivrez sa divine Providence, comme à la trace de sa bonté personnelle, et vous serez tout étonnée de ce que vous soyez ainsi l'occupation de Dieu, et même sa préoccupation.

Cette vue de Providence, de bonté et d'amour est le plus grand bonheur de l'âme, et nous met dans des sentiments toujours nouveaux. C'est un peu comme au Ciel!

Gardez donc bien votre esprit pour Dieu, et que votre coeur en soit l'écho et le fruit, car Dieu est la loi et la mesure de l'amour, et l'amour de la vertu.

Je vais aussi vous envoyer un petit livre avec celui de votre chère mère. Je pense qu'elle est toujours à Calet.

Je remercie avec vous le Bon Dieu de ce que vous me dites. Vous voyez ainsi la réalisation de ces paroles du Prophète: "J'ai mis en Dieu ma confiance et elle ne sera pas vaine."

Adieu! Je vous bénis en N.-S.

EYMARD.


Nr.1683

An Marianne Eymard

Paris, 1er Janvier 1866.

BIEN CHERES SOEURS,

Je viens de bon matin vous souhaiter la bonne année.

Comme d'ordinaire, ma première messe de Noël a été pour vous deux; j'aime tant à vous présenter à l'Enfant Jésus! car il est si bon et si aimable en sa divine crèche!

Que Dieu vous donne l'année de son amour, bonnes soeurs! Il vous a donné en l'année qui vient de s'écouler l'année de sa croix; vous l'avez bien reçue, bien portée, bien sanctifiée.

Que Dieu soit béni de tout, même de la croix!

J'ai bien souvent demandé à ce bon Maître de l'adoucir, de l'alléger cette croix, de vous donner la force et le courage de le servir encore mieux dans la continuation de vos oeuvres de zèle.

J'ai été bien content de la visite que vous a faite la bonne mère Marguerite; elle a donc dû vous faire grand plaisir, ainsi que celle de sa chère soeur. On ne trouve pas souvent de pareils amis, il me semble qu'elles sont comme de notre famille.

Je vais bien, quoique toujours bien occupé. Comme vous le savez, ces Dames ont fait leur seconde fondation à Nemours (Seine-et-Marne) le 8 décembre. J'espère que Notre-Seigneur en sera bien glorifié! Nous en préparons une pour nous à Bruxelles en Belgique; j'en arrive, tout est prêt, nous n'attendons plus qu'une lettre de Rome. Priez bien, chères soeurs, pour moi; j'en ai toujours grand besoin, car trop d'occupation nuit à la piété.

Je vous bénis de tout mon coeur aujourd'hui et tous les jours.

Votre frère

EYMARD.


Nr.1684

An Frau Wwe Maréchal

Paris 1er janvier 1866

Madame en N.S.

Je vous remercie des voeux devant Dieu - Je vous les rends aussi de toute mon âme - Je prie N.S. et bon Maître de vous bénir et toute votre famille, j'aurais été [heureux] de la connaître dans tous ses membres, mais la divine Providence a ajourné ce plaisir pour moi.

Je vous suis très reconnaissant de la bonne invitation que me fait Me Maréchal, mais nos règlements nous lient en cela. Si elles n'étaient si sages, je le regretterais en cette circonstance! mais le devoir avant tout. - Je vous bénis en ce beau jour et je suis en N.S., Madame,

votre respectueux et dévoué serviteur.

Eymard.


Nr.1685

An Fräul. de Meeûs

Paris, 1 janvier 1866

Très honorée Mère,

Je viens commencer mes premiers voeux par vous et votre chère famille. Mes voeux sont connus: c'est la bénédiction la plus abondante sur votre belle et sainte oeuvre; de bénir notre petit concours et de voir ainsi notre bon Maître plus connu, plus adoré et aimé, car, hélas! in l'est si peu!

Rien n'arrive de Rome, on y est en vacances, que faire? attendre encore un peu, afin de faire toutes choses comme Dieu, avec ordre, poids et mesure.

Vous êtes toutes dans mon memento de famille; je compte sur le vôtre.

Je reste en N. S.

Très honorée Mère,

Votre respectueux et dévoué serviteur.

Eymard.


Nr.1686

An P. de Cuers

Paris, 2 Janvier 1866.

Bien cher Père,

Je viens vous souhaiter la bonne année eucharistique ainsi qu'à toute votre chère famille; que pouvons-nous souhaiter à des adorateurs, et surtout à vous, cher Père, sinon une grâce plus abondante d'adoration en l'amour de notre Bon Maître, et pour sa plus grande gloire?

L'année qui vient de s'écouler a été un peu marquée du sceau du Calvaire, et vous êtes toujours vous-même sur la croix; vous souffrez pour le bien de la Société, cependant je demande bien à Notre-Seigneur de vous soulager et de vous guérir, car messis quidem multa, operarii autem pauci; et celui de la première heure vaut encore plus que ceux des autres subséquentes.

J'ai été à Bruxelles préparer le gros, comme lits, tables.....; le Cardinal m'a bien reçu; on nous y désire bien, et il y a bien à faire, surtout pour le culte Romain.

Je ne sais quand nous recevrons la réponse de Rome, mais il sera difficile d'y aller à la fête royale de l'Epiphanie. Je pense aller commencer moi-même, quand l'heure de Notre-Seigneur aura sonné.

Je vous quitte pour le terrible moment des visites, et vous reste toujours uni en notre Bon Maître, et suis, bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD,

S. S.


Nr.1687

An Fräul. Virginie Danion

Paris, 3 Janvier 1866.

MADEMOISELLE ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Le temps m'a manqué pour vous écrire mes voeux à la sainte Crèche pour vous, et ceux du premier jour de l'an. Je vous les écris du chemin de fer. J'ai tâché d'adorer notre bon et commun Maître en union avec vous et toute l'oeuvre de l'action de grâces, car elle a commencé sa touchante fonction ce jour-là. La Très Sainte Eucharistie germait à Bethléem; ce petit grain, froment des Elus, tombait en terre pour y devenir notre pain de vie.

Aussi le Cénacle et Bethléem se touchent et se complètent. Dans les deux lieux c'est l'hommage de l'adoration, par conséquent de l'action de grâces, car l'action de grâces c'est tout l'amour.

Aussi avez-vous dû être heureuse en ce beau jour!

Depuis vous, j'ai fait une petite adoration à Nemours, où je vais passer un jour pour revenir demain soir à Paris.

Le saint jour de l'Epiphanie est le jour anniversaire de notre première exposition; donnez-moi toutes vos actions de grâces pour ce beau jour!

Puis vous me direz vos voeux.

Je vous recommande une fondation que nous allons faire bientôt à Bruxelles, en Belgique.

Je vous bénis, et suis, en N.-S.,

Tout uni.

EYMARD, S.


Nr.1688

An Gräfin v. Andigné

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 3 Janvier 1866.

Madame en N.-S.,

Je vous ai offerte à l'Enfant Jésus à Noël, pour être son heureuse servante. Le jour de l'an, je vous ai offerte avec mes meilleurs voeux; je vous les dirai de vive voix.

Que la sainte Volonté d'amour de Dieu soit toujours et aimablement faite en vous! par toute grâce, toute vertu, tout état qui lui plaira! Et que le oui du coeur soit la réponse à tout.

...................... demain soir, à 6 heures.

Je vous jette ce salut et en vous bénissant.

Tâchez de venir à Paris samedi pour notre grande fête de l'Epiphanie, le jour anniversaire de notre première exposition et le jour de la royale adoration.

En Notre-Seigneur,

Madame,

Votre respectueux et dévoué serviteur.

EYMARD.

P.-S. - Je vous donne toute permission et pour toujours d'entrer dans l'intérieur du couvent.


Nr.1689

An Frau v. Couchies

(Nemours) 4 janvier 1866

Jésus-Hostie

Bonne Mère,

J'aurais toujours un moment pour vous dans l'après-midi.

Acceptez mes voeux et mes souhaits en Dieu au Ciel et sur la terre.

Ils sont bien affectueusement dévoués.

Eymard.


Nr.1690

An Fräul. de Meeûs

Paris, 8 janvier 1866

Très honorée Mère,

L'heure de l'Epiphanie Eucharistique n'a pas encore sonné - j'ai été heureux un instant - quand le 3 recevant une lettre de Rome - je dis Amen. Deo gratias - sommes prêts.

Mais en ouvrant, mon ami m'écrit que Mgr S. V. Vegliatti est malade et que notre affaire n'a pu être traitée encore, mais qu'il y a l'oeil. Ainsi attendons l'heure de Dieu. Chère fondation! il faut qu'elle soit bien belle un jour, puisque ses racines descendent si bas!

Je ne me recommande plus à vos prières, mais je vous reste uni en N. S. en qui je suis,

Très honorée Mère,

Votre respectueux et tout dévoué serviteur.

Eymard.


Nr.1691

An Frau Mathilde Giraud-Jordan

Paris, 10 Janvier 1866.

BONNE DAME EN N.-S.,

Merci de vos bons voeux. Assurément, à la première heure, nous nous sommes rencontrés aux pieds du bon Sauveur Jésus, échangeant nos prières, car on n'oublie pas les siens, les vieux liens de la charité.

Je prie et prierai pour votre espérance afin qu'elle se réalise et que, comme Anne, vous soyez la mère d'un Samuel, plus grand encore. Le fruit de la prière et de la bénédiction est ordinairement grand et saint.

Continuez à demander, à solliciter, à crier vers Dieu: c'est bien permis et même glorieux à Dieu. Mais, bonne dame, ne vous laissez pas aller à une tristesse, à une peine fixe, car ce serait perdre la paix, nuire à votre piété et affaiblir votre confiance en Dieu.

Restez toujours simple en votre grâce, pieuse en votre coeur, et gaie, joyeuse en votre forme de vie; en un mot, soyez toujours contente de Dieu, et il le sera de vous.

Je vous remercie de votre photographie, mais ce n'est vous qu'à demi. Ce n'est pas votre naturel.

Je vous bénis de toute la bénédiction de la Société du Très Saint Sacrement, et vous en désire et applique tous les biens.

Croyez-moi en N.-S., bonne dame,

Votre tout dévoué.

EYMARD, P. S.


Nr.1692

An Frau Camille Jordan

Paris, 10 Janvier 1866.

BONNE DAME,

Vous avez bien raison de gronder un peu, mais avec votre bon coeur. Voici deux mois que je suis toujours en voyage ou à prêcher des retraites, ce qui m'a tant absorbé que je suis en retard avec tout le monde, même avec Dieu. Cependant je puis vous assurer que je ne l'ai pas été dans le coeur ni dans la prière, mais vraiment vous auriez pitié de moi si vous voyiez comme je suis pris et repris à l'extérieur.

Que vous souhaiter cette année, sinon ce que vous désirez avec tant de piété et de peine? Ce petit enfant du Bon Dieu, oui, je le demande avec vous et pour vous tous, et je le demande parfait. Ne vous laissez pas troubler, bonne mère, par les épreuves de l'attente, mais bien au contraire raffermissez votre confiance et votre prière.

Et pour vous, quoi? Ah! rien d'autre qu'une étincelle d'amour divin de plus, mais une de ces étincelles à rouge blanc qui brûle tout alliage, qui purifie l'or et le rend si beau.

Gardez bien votre esprit de toute tristesse, parce que ce serait vous exposer aux plus pénibles, comme aux plus pernicieuses tentations. Il faut que le ciel de l'esprit soit toujours serein pour voir et contempler toujours la loi de la vie, la vérité et la bonté de Dieu.

En décembre j'ai fait une fondation de religieuses à Nemours, j'en prépare une pour nous à Bruxelles; je la recommande bien à vos bonnes prières, ainsi que votre pauvre serviteur, qui vous est et vous sera toujours en N.-S.,

Bonne dame,

Tout dévoué.

EYMARD, S.

P.-S. Quand j'aurais l'occasion de voir la soeur, je ferai votre commission; mais ordinairement elle n'a pas ces vues-là: c'est plutôt dans l'ordre surnaturel. Je vous remercie de toutes les nouvelles de vos chères nièces; je prie pour elles, surtout pour Edmée.


Nr.1693

An Frau v. Grandville

Paris, 10 Janvier 1866.

MADAME EN N.-S.,

Mes premiers voeux ont été pour vous devant Dieu et au saint autel.

Que désirè-je, disait le Sauveur, sinon de voir le feu de l'amour divin embraser l'univers? - Et moi je désire qu'il embrase votre âme, qui m'est si chère en Notre-Seigneur.

On dit que c'est le feu qui féconde la terre et fait le mouvement du sang dans le coeur; le feu de l'amour de Dieu est encore plus puissant et plus fécond. Aimez donc bien Notre-Seigneur Jésus, et ne cherchez qu'à lui plaire, à épancher en son Coeur aimant toutes vos peines comme tous vos plaisirs, mais, par-dessus tout, toute la tendresse de votre âme; car si vous aimez ainsi notre bon Maître, il vous suffira et vous serez heureuse.

Je vous ai bien laissée, mais, hélas! j'ai tant voyagé, et puis j'ai été si accablé d'affaires en décembre! Nous avons fait une fondation des Dames d'Angers à Nemours, et j'en ai préparé une pour nous à Bruxelles où nous irons, j'espère, à la fin du mois. C'est moi qui irai commencer cette fondation, s'il plaît à Dieu, et je pense y rester peut-être quelques mois. Je ne suis pas allé donner la retraite à Angers, comme je vous l'avais dit; le temps m'a manqué, à cause de mon voyage à Bruxelles. J'ignore quand j'irai à Angers, mais dans ce cas mon désir est bien de vous voir.

Croyez-moi toujours, en N.-S., Madame,

Votre tout dévoué.

EYMARD, S.


Nr.1694

An Fräul. v. Revel

Paris 11 janvier 1866

Mademoiselle,

J'ai appris de vos chères nouvelles par Melle Guillot. Je remercie Dieu de ce que vous vous soutenez malgré la mauvaise saison. La meilleure pour les fruits, c'est la fin de l'été; ils deviennent bons et les moissons mûrissent sous ce bon soleil. - Courage donc et confiance; les heures de la dernière période de la vie valent des années devant Dieu...


Nr.1695

An Herrn Josef-August Carrel

Paris, 11 Janvier 1866.

Cher ami,

J'aurais voulu vous devancer le premier jour de l'an : je l'ai fait devant Dieu étant en adoration de une heure à deux heures après minuit.

Je vous souhaite la continuation des grâces et des bénédictions spirituelles et temporelles, car, comme père et chef, il faut que vous ayez les deux. C'est dans l'ordre de la divine Providence. J'aime bien votre famille réunie autour de vous: le père est toujours père...

Laissez-moi vous recommander Mr Baret, un de mes enfants spirituels; il connaît la tenue des livres, a une plus belle plume, est honorable et délicat. Il quitte une maison qui finit et va vers sa famille à Lyon (rue de Trion, 20). Si vous pouviez l'occuper, vous auriez en lui un homme fidèle et dévoué. Je prie d'offrir à Madame mes mêmes voeux et croyez-moi en N;-S.,

Cher ami,

Toujours tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1696

An Fräul. Zenaide Blanc

Paris, 11 Janvier 1866.

Mademoiselle bien chère en N.-S.,

Merci de votre bonne lettre; elle m'a consolé en me disant votre résignation, votre conformité à la Volonté de Dieu et votre filial abandon à ses desseins sur vous. Oui, il faut attendre pour une détermination autre que l'état présent. La plaie saigne encore dans la famille, votre état est encore trop douloureux; puis le bon Maître semble dire de consoler encore tant de douleurs autour de vous, et de soulager tant de faiblesses et de souffrances.

Tenez-vous à la disposition de Dieu, de son bon plaisir en général, et servez-le en une douce piété, à ses pieds et au milieu des vôtres.

J'aimerais bien vous voir prendre beaucoup de repos, de sommeil; vous devez en avoir un immense besoin. Votre pauvre tête a besoin de ne voir que la gloire de votre bonne et sainte mère, son amour de Dieu, sa divine bonté sur vous, et les anneaux quotidiens de cette chaîne de grâces de Providence. Allez souvent vous reposer sans rien dire au pied du divin Tabernacle; vous y réparerez mieux ainsi vos forces et reprendrez courage.

Merci de votre bonne invitation. Je ne sais quand je passerai par Lyon; mais soyez persuadée que vous aurez mes premières visites. Nous prions et prierons toujours pour vous, comptant aussi sur le retour.

croyez-moi en N.-S.,

Bonne demoiselle,

Votre tout dévoué serviteur.

EYMARD.


Nr.1697

An P. de Cuers

Paris, 11 Janvier 1866.

Cher Père,

Par votre lettre du 5 décembre, vous m'annonciez que vous m'enverriez toutes les pièces nécessaires pour retirer vos deux trimestres échus; vos fêtes royales et peut-être votre état souffrant sont-ils cause de ce retard? Angers doit la cire du Bon Maître, et je lui réservais ce secours.

Comme dans les autres maisons, nous faisons aussi magnifiquement que nous le pouvons l'octave royale de l'Epiphanie; je prêche tous les jours, et notre petite chapelle est assez bien fréquentée; mais c'est si peu, comparé aux autres maisons.

Voilà M. Deplace nommé évêque de Marseille; je pense qu'il sera bientôt préconisé, et alors Monseigneur l'Archevêque nous donnera son assentiment pour le frère Jules.

Nous avons reçu, il y a huit jours, un novice espagnol de Cadix, demeurant chez Mr Le Marchand depuis deux ans; aujourd'hui il entre comme postulant, il nous édifie bien: c'est un beau caractère espagnol.

Mes amitiés de l'Epiphanie aux Pères et aux frères, croyez-moi en N.-S, cher Père,

Tout à vous.

EYMARD,

S. S.


Nr.1698

An P. de Cuers

Paris, 16 Janvier 1866.

Bien cher Père,

Merci de votre bon petit mot du 10: en vieille amitié, on aime la bonne année personnelle. Que Dieu soit content de nous, c'est tout ce que nous pouvons souhaiter.

J'ai été bien content de la bonne nouvelle de cette vocation sacerdotale dont vous me parlez; nous le recevrons bien volontiers en retraite.

Rien encore de Rome pour Bruxelles. Monseigneur le Secrétaire Vegliatti est malade depuis deux mois.

Je vous renvoie les certificats afin que vous les acquittiez simplement; c'est ce qu'on a répondu au Service des Invalides.

Le jeune espagnol s'appelle Saavedra Carmel Narcisse Joseph, il était dans la marine royale comme officier et commissaire; il a vingt-sept ans, et nous édifie tous; c'est un vrai type espagnol.

Le frère du P. Viguier est entré aussi; il a vingt-cinq ans, et donne de bonnes espérances; il n'avait pas fait ses études.

Rien de nouveau, notre octave royale est finie.

Amitiés religieuses à tous.

Croyez-moi toujours en N.-S., bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD,

S. S.

P. S. Avant d'aller à Bruxelles, je désire bien aller vous voir, mais je n'en sais pas encore l'époque.


Nr.1699

An Frau Tholin-Bost

Paris, 19 Janvier 1866.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Merci de votre bonne mettre du 3. Je vous rends aux pieds de notre bon et commun Maître tous les souhaits et tous les voeux de notre union en son saint service et sa plus grande gloire. Il faut que votre âme, unie à Notre-Seigneur par sa grâce du moment, en suive les épreuves diverses; car l'âme, épouse du temps vers l'Eternité, doit repasser pour arriver au mont glorieux de l'Ascension par tous les états de Notre-Seigneur; et sous ces sacrifices c'est la floraison de l'amour au milieu du désert. Mais passez à travers, guidée par la colonne eucharistique. Ce que vous me dites de la paix intime de votre âme, m'indique qu'elle travaille dans l'amour. C'est bon.

Soyez toujours simple et tendre en vos oraisons à Notre-Seigneur. Votre âme en a besoin, car, ne devant jouir de rien en ce monde, il faut qu'elle se dédommage et se fortifie en cette divine conversation, suivant fidèlement le vent de la grâce, le mouvement intérieur du Saint-Esprit.

J'ai été bien heureux de savoir votre cher Albert religieux: c'était là votre grand désir, ce sera aussi votre joie de Mère!

Votre bon et brave aîné passe et passera à Paris comme les Enfants dans la fournaise, mais soyez toujours son ange.

Je recommande à vos prières une fondation que nous préparons à Bruxelles en Belgique, dans ce triste pays où les sociétés secrètes règnent. Je vous prie aussi de bien prier pour moi, car tant d'affaires dessèchent souvent mon âme!

Rappelez-moi au bon souvenir de Mr Tholin, de Mr de Lagoutte, des bonnes dames Favel, Thivel, Duvillard de Mlle Fanie.

J'aime à prier pour elle. Croyez-moi en N.-S.,

Bonne dame et soeur,

Tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1700

An Frau Camille Jordan

Paris, 21 Janvier 1866.

CHERE DAME,

Je lis votre lettre et viens vous dire toute mon édification et ma joie de voir cette bonne Edmée fidèle et généreuse. Dieu sera plus que millionnaire avec elle, et sur son père et sa famille! Que Dieu la bénisse et la protège, cette chère fille! Je prie bien le Bon Dieu de réaliser, de bénir et de faire venir à bonne heure ce petit saint Jean de votre bonne Mathilde! Vous voilà enfin comme je vous voulais; c'est bien.

A Dieu toujours le premier et le dernier mouvement du coeur!

Il ne serait pas impossible que j'aille à Marseille sous peu; je serais heureux de vous dire un petit bonjour, comme en nos anciens jours. Vous savez bien que vous avez ordinairement le premier.

Je vous bénis et vous laisse pour aller célébrer et prier pour vous.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, Sup.


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