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Nr.1761

An P. de Cuers

Bruxelles, 2 Avril 1866.

Bien cher Père,

Le Père Champion m'a fait part de vos sentiments et de vos prières pour moi. Je pense qu'on s'est exagéré mon état, sur une parole du médecin; oui cela pouvait devenir grave, Dieu ne l'a pas voulu; est-ce un avertissement? je dois en profiter.

Je ne me suis vu mal que pendant deux à trois heures et je pensais alors de vous faire venir avant une plus grande gravité, afin de vous embrasser une dernière fois; puis la réaction a changé cet état.

J'ai bien demandé à Dieu de me faire mourir, car ne suis-je pas un obstacle plutôt qu'un moyen? Je me remets entre ses mains, il sait ce qui me convient, je ne refuse pas de travailler et de me dévouer, mais je ne voudrais pour rien au monde être un Jonas dans le bâtiment qui nous porte au rivage de l'Eternité avec les grâces et la mission de la Société.

Je vais rentrer à Paris, la semaine prochaine, le Père Champion va venir ici, jusqu'à nouvel ordre. Frère Paul a donné de nouveaux ennuis à Angers par sa conduite. Je l'ai fait venir à Paris, car il se serait fixé à Angers, et de là que de misères! On l'a placé, afin qu'il ne fût pas sur le pavé.

L'adoration de Bruxelles est suivie et augmente, l'Agrégation prend peu à peu, car ici on va lentement; mais il faut espérer que ce sera solide. Frère Henri est ici, nous voilà six, et c'était bien utile.

Adieu, cher Père, mes affectueux souvenirs à tous les Pères et frères. Je prie et ai bien prié pour vous tous en la grande fête de la Résurrection, car nous avons tous besoin de nous consolider et perfectionner en la vie ressuscitée de Notre-Seigneur.

Croyez-moi toujours en Notre-Seigneur,

Tout à vous.

EYMARD, S. S.

P. S. - Voici le modèle de la feuille de l'Agrégation, je n'ai pas encore fait celle de la Semaine Eucharistique, c'est difficile à organiser: nous préparons ce terrain au Nord.

Au R. P. P. de Cuers,

Supérieur des religieux du T. S. Sacrement,

7 rue Nau,

Marseille (France).


Nr.1762

An Marg. Guillot

Bruxelles, 6 Avril 1866.

Chère fille,

Je prends bien part à votre croix, j'en ai une grande douleur aussi, hélas! Ce sera une grande perte que la mort de la sainte de la maison. Je prie bien pour elle, je désire bien sa guérison; mais cependant que la sainte Volonté de Dieu soit faite! Car elle sera plus heureuse au ciel, et y priera encore plus pour nous. Si Dieu l'appelle à lui, faites-lui des obsèques simples, mais convenables, comme on les fait pour les religieuses ordinaires. C'est bien sûr qu'elle peut faire ses voeux perpétuels. Pauvre soeur Françoise! Oh! oui, je la bénis bien, et vous aussi, chère fille et mère tendre de vos enfants. On paye la maternité religieuse!

Je suis ici jusqu'à l'arrivée du P. Champion.

Allons! bon courage! confiance et saint abandon.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1763

An P. Leroyer

Bruxelles, 8 Avril 1866.

Bien cher Père,

Merci de votre lettre et des deux feuilles qu'elle contenait. J'en ai envoyé une que l'on a fait imprimer ici avec la belle gravure de Dusseldorf; il a fallu abréger et être concis pour en profiter. J'ai mis la consécration sur le modèle de celle de nos voeux, avec les modifications voulues.

Je n'ai encore pas osé organiser la Semaine Eucharistique; car ici on va lentement.

Je commence par l'Agrégation, comme le noyau des autres branches de l'Agrégation; on a été lent à la comprendre et à venir; aujourd'hui on vient bien: nous avons plus de cent vingt agrégés, en ce moment, de Bruxelles: la retraite que j'ai donnée aux agrégés pendant la semaine de la Passion a un peu ébranlé les dormeurs.

Plus tard j'espère que vous viendrez donner une bonne retraite ici, et que vous compléterez ce qui est commencé.

La Belgique est froide, Bruxelles molle, il faut dire et redire la même chose; mais, Dieu aidant, sa famille eucharistique se formera.

Mlle de Meeüs a été bien sensible à votre bon souvenir; elle vous le rend bien eucharistiquement en Notre-Seigneur.

J'espère être à la fin de la semaine à Paris; je vois à présent que tout va à peu près ici.

Il y aurait un grand bien à faire sur les Anglais à Bruxelles, le P. Champion commence à les réunir par quelques conférences.

Adieu, cher Père, je suis tout heureux de vos travaux et de leur succès à Marseille; je prie pour votre jeune vocation. Ici un flamand est venu, il n'est resté que deux jours et il en avait assez.

Mes bien affectueux souvenirs au bon P. de Cuers et au cher Père O'Kelly et à tous les frères.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.

(France)

R. Père Leroyer,

religieux du T. S. Sacrement,

7, rue Nau,

Marseille.


Nr.1764

An Frau v. Grandville

Bruxelles, 8 Avril 1866.

MADAME EN N.-S.,

Je suis encore ici jusqu'à la fin de cette semaine; puis, je retournerai à Paris, et, au bout de quelques jours, j'irai à Angers; et cette fois, je mets dans mon itinéraire d'aller vous voir à Nantes, ne fût-ce qu'une demi-journée. Je vous en donnerai avis quelques jours d'avance.

Je commence à être ici comme à Paris, pris et repris. C'est mon lot, il paraît, d'être comme le pauvre commissionnaire de tous. Heureux si j'étais bien celui du Bon Dieu!

Je vois bien que trop d'occupations nuit à l'âme, surtout quand on a peu de vertu de recueillement. Vous aspirez vous-même à ce saint état de recueillement intérieur et extérieur, vous faites bien: à mesure que la fin approche, il faut se rapprocher de la famille de Notre-Seigneur et vivre plus intimement avec lui. C'est la loi ordinaire de la grâce de la sanctification: il faut laisser faire le bon Maître.

Je suis convaincu que vos fréquentes indispositions qui vous forcent à garder la maison sont des jalousies divines de Notre-Seigneur pour vous avoir plus à lui.

Je ne vous dis rien de mon pauvre corps. Il a toujours un reste de son zona, mais il va toujours, et, Dieu aidant, c'est comme si je ne souffrais pas.

Adieu, bonne fille, que N.-S. soit votre Tout.

EYMARD, S.


Nr.1765

Bruxelles, 9 Avril 1866.

A la T. honorée Mère Supérieure des Servantes du T.S. Sacrement d'Angers,

rue de l'Hôpital, 10.

Très honorée Mère,

Je vous adresse Mlle Lefort comme postulante. Je l'ai éprouvée assez longtemps pour croire à une bonne vocation; veuillez la recevoir comme votre fille. Elle aime beaucoup la vie du T. S. Sacrement, elle ne regrette qu'une chose: c'est de ne pas vous avoir donné la première jeunesse. Elle se donne tout elle-même.

Je suis en Notre-Seigneur, très honorée Mère,

Votre respectueux et dévoué serviteur.

EYMARD.


Nr.1766

An P. Americi, Barnabite

Bruxelles 9 avril 1866

Bien cher Père,

Je connais Melle Lefort, elle m'a paru avoir les qualités nécessaires pour la vocation des Servantes du T. S. Sacrement. J'ai parlé pour elle à la mère Supérieure d'Angers (rue de l'Hôpital 10 bis) elle peut aller faire un essai. Voici une lettre de présentation pour elle.

Oui, cher Père, je prierai bien à vos intentions qui toutes sont toujours pour la plus grande gloire de Dieu et aussi pour vous qui m'êtes très cher en N. S. en qui je suis

Tout à vous.

Eymard


Nr.1767

An den Erzbischof v. Mecheln

Bruxelles, 9 avril 1866, rue des 12 Apôtres 2 bis

Eminence,

J'ose supplier votre bienveillante charité de nous accorder la faculté d'ériger les stations du Via Crucis dans notre chapelle de communauté, érigée sous le vocable de la T. S. Vierge.

Avant de repartir pour Paris, si Votre Eminence le juge à propos, je solliciterai la faculté de confesser pour le P. Champion (Amandus Cyrus) et pour le P. Viguier (Carolus), le premier est nommé supérieur de la maison de Bruxelles, il est Assistant de la Société et a été professeur de théologie. Sa grande spécialité d'étude, c'est le droit canon et la liturgie, il a été chargé par S. E. le Card. Morlot de la direction des impression des ouvrages liturgiques chez Adrien Leclerc de Paris.- Si jamais ce Père pouvait se rendre utile, en sa partie, je l'offre volontiers à Votre Eminence.

Une des raisons majeures qui me porte à me priver de sa présence à Paris, c'est qu'il possède parfaitement la langue anglaise, étant resté trois ans à Londres, supérieur et curé d'une paroisse: il pourrait faire ici ce qu'il fait avec succès à Paris, des conférences religieuses aux Anglais qui résident à Bruxelles.

Le P. Viguier est prêtre depuis 8 ans.

Je sais que dans le diocèse, c'est une règle de ne donner des pouvoirs pour la confession qu'après un examen oral. Cependant, Eminence, dans une fondation on a toujours un peu plus d'indulgence, et si la chose ne souffre aucune exception, je supplierais Votre Eminence de fixer alors un délais pour cet examen, mais d'accorder la faculté provisoire de la confession.

C'est avec la plus profonde vénération que j'ose dire

de Votre Eminence, Monseigneur,

le très humble et très obéissant serviteur,

Pierre Eymard

Sup.


Nr.1768

Frère AIME FERRAT

Bruxelles 10 avril 1866

Cher Ami,

Pour votre petit cousin, vraiment son désir si grand me touche le coeur, si vous voulez l'amener avec vous, je le recevrai à l'essai.- C'est la première exception que je fais; mais si c'est le bon Dieu qui l'appelle à une si sainte vie, on n'y entre jamais trop tôt.

Cependant, qu'il réfléchisse bien pour savoir s'il a bien la bonne volonté de se donner au bon Dieu.- Car, s'il a les moyens, nous le ferons étudier pour se faire prêtre, si Dieu l'y appelle.

Eymard.


Nr.1769

An P. Chanuet

Bruxelles, 10 Avril 1866.

Bien cher Père,

Oh oui! Comme vous je soupire après la fondation de cette maison de solitude, j'y pense jour et nuit, elle est l'objet de toutes mes prières, il me semble que ce sera là le coeur de la Société et l'âme de toute la vie eucharistique de nos religieux: aussi est-ce la première chose à laquelle je vais me dévouer en arrivant à Paris. Ainsi, cher Père, nous sommes bien dans la même pensée et le même désir, seulement il faut prier beaucoup. Voici d'ailleurs une bonne occasion, celle du changement et de l'expropriation.

J'ai écrit au frère de Mr Tassus qu'il n'y avait pas moyen maintenant, que nous verrions plus tard; pour celui de Magny je ne lui répondrai même pas, car ce pauvre jeune homme ignore peut-être que nous savons son passé.

Je suis triste d'apprendre que votre belle-soeur est souffrante; prions bien tous pour sa guérison.

Je ne serai pas à Paris cette semaine, puisque le P. Champion n'a pu venir ici.

Je vais aller donner une retraite eucharistique à une belle association à Gand vendredi prochain, et je ne serai à Paris que le Dimanche du Patronage de St Joseph. Dites bien au P. Champion qu'il faut qu'il soit ici pour samedi au plus tard, étant obligé moi-même de partir vendredi matin pour cette retraite, qui peut être utile à la Société et élargir son cercle.

Laissez maintenant le sermon du Dimanche, c'est trop pour vous; mettez maintenant le salut à cinq heures: c'était convenu ainsi de Pâques à la Toussaint.

Je vous amènerai probablement un bon novice de dix-huit ans: c'est la fleur de St Joseph; il n'a pu venir plus tôt, ayant tiré au sort, et ayant fait un remplaçant militaire.

Je ne vous dis rien de ma santé. Je travaille à l'ordinaire, quoiqu'il y ait toujours quelques restes de cette zona, mais ce n'est rien.

Je suis content du départ pour Angers du fr. René.

Raisonnez fr. Alexandre et fr. Pierre: c'est faute de lumière et d'esprit religieux qu'ils sont personnels.

Je languis bien de vous voir. Je vous bénis bien en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.1770

An Marg. Guillot

Chère fille,

Je remercie bien le bon Dieu du mieux de soeur Françoise, je n'ose presque demander sa guérison; cependant si j'étais là, je lui ordonnerais de la demander; car cette sainte fille doit être bien agréable à Dieu.

Vous aller recevoir Mlle Lefort de Paris, dont je vous avais parlé; elle a 10.000 francs: 500 francs de rente; elle est forte et je l'ai éprouvée assez longtemps. Elle vous donnera une lettre de moi; ici quelques vocations seront possibles, mais il faut bien examiner.

C'est le sort de la Maison-Mère d'être toujours plus mal servie, car la charité se dépouille pour les autres; cependant il faut mettre tout le monde à contribution en cas de besoin.

Je l'ai dit et répété: si Nemours se sépare de vous, il se sépare de moi, et je n'y mettrai plus les pieds. Il n'y a ni raisons, ni reproches. Pour moi, il n'y a qu'une chose: vous êtes leur Supérieure, la maison de Nemours dépend de celle d'Angers; parce que Rome n'a pas approuvé encore votre Congrégation, ce n'est pas une raison de séparation, au contraire, c'est une raison d'union, car après tout, les voeux sont là.

Laissez faire et ayez patience. Dieu bénit toujours l'ordre et l'obéissance. Si vous avez des défauts dont on veuille vous corriger, c'est un peu fort; mais vous savez l'état et les vues.

Faisons-en notre profit, quand il s'agit de notre personne isolée; mais quand il s'agit de la supériorité, il y a la Règle à suivre.

J'ai écrit très expressément au P. Champion de faire vendre le moulin de Nemours, j'y tiens; car je suis étonné que l'on veuille l'ajourner, cela ne me va pas.

Vous faites bien d'être bienveillante avec Melle Sterlingue, c'est une pauvre tête, elle a besoin d'indulgence, hélas! hélas! Dieu seul, la pure gloire de Dieu, notre propre abnégation, et même notre propre abjection pour la plus grande gloire de Dieu, voilà la règle d'un Supérieur.

Je ne serai maintenant à Paris que le troisième Dimanche après Pâques. Je vais donner une retraite d'adoration à commencer vendredi prochain.

Adieu, chère fille; Je vous bénis et votre soeur Françoise, afin que Notre-Seigneur la guérisse.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.

(Cette lettre a été copiée sur le texte de la Révde Mère Marguerite, non sur l'original).


Nr.1771

An Frau Eulalie Tenaillon

A. R. T.

Gand, 14 Avril 1866, Quai au Bois, 40.

BONNE DAME ET CHERE FILLE EN N.-S.,

Merci de votre beau bouquet du saint jour de Pâques; il a été beau toute l'octave: il disait bien vos voeux et votre amour pour Jésus ressuscité.

J'aimais à vous voir dans la violette, car elle est si aimée de Dieu!

Dans les cinq belles fleurs blanches qui, comme cinq fleurons d'une couronne, doivent briller par la pureté et le zèle de la gloire de Notre-Seigneur.

Vous m'attendiez jeudi et me voici à Gand, capitale des Flandres, prêchant une retraite d'Adoration jusqu'à samedi prochain, et je ne serai à Paris que le soir du troisième dimanche ou le lundi, et qui sait! si je dois retourner à Paris? S'il plaisait à Dieu d'abréger le chemin et de le faire finir ici en terre étrangère et de m'appeler à Lui! Hélas! je laisserais bien des choses inachevées, de beaux et pieux projets! Mais l'heure de Dieu vaut mieux que les nôtres! à sa sainte Volonté!

Aimez toujours bien le bon Maître; c'est la vie qui ne finit pas.

Tenez-vous toujours bien à lui; c'est la main qui ne vous laisse jamais.

Reposez-vous souvent à ses pieds; c'est la place d'amour et d'honneur du serviteur et de sa servante.

Adieu, chère fille, et à bientôt.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.

Madame T...

Recommandée au fr. Charles.


Nr.1772

An P. Chanuet

A. R. T.

Gand, 14 Avril 1866. Quai-au-bois 40.

Bien cher Père,

Je viens de recevoir votre lettre et y répondre deux mots.

Me voici à Gand, en la bonne capitale des Flandres; il y a de bien belles âmes; j'y aimerais plus tard une maison. Le St Père y est aimé et servi comme nulle part ailleurs. La retraite est commencée depuis hier matin à neuf heures et demie.

J'espère pouvoir, pendant l'intervalle, aller voir pour quelques heures nos religieux de Bruxelles.

Que le P. Champion ne se presse pas: toutes les mesures sont prises pour les offices du Dimanche. Je savais de lui l'absence de Mgr d'Angers, mais je ne pouvais plus reculer pour Gand. Priez-le instamment de m'apporter une petite bouteille de 2 francs de l'eau pour les yeux, de la rue Montmartre: le fr. Eugène en connaît l'adresse.

Je suis content de la visite de l'agent-voyer. J'espère que cette année le Bon et Royal Maître sortira de sa petite étable de Bethléem. Je suis bien aise des expériences que vous faites sur vous et sur vos novices; on ne sait bien que ce que l'on a vu et senti. Ah! le personnel, voilà le grand ennemi à poursuivre et à chasser du ciel dans l'Ange orgueilleux; dans l'Eglise, les hérésiarques; dans la vie religieuse, les égoïstes. Voilà le cri de mort et de vie qu'il faut répéter sans cesse: Si quis vult post me servire, abneget semetipsum, le Sine sui proprio, l'Oportet autem illum crescere, me autem minui.

Courage, cher Père, en ce combat vous avez beaucoup vu et gagné: il était bon de vous voir à l'oeuvre et aussi Dieu avec vous.

Je repartirai d'ici samedi matin, j'irai à Bruxelles, et probablement je n'en repartirai que le lendemain dimanche à 2 heures pour vous arriver le soir vers les 9 heures, avec un bon Père franciscain et un petit novice: vous tiendrez les deux chambres des retraitants prêtes (prêtres?).

A bientôt, cher Père.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD.

Pauvre Père Ricoux! c'est un grand chagrin pour moi de ne pouvoir le voir, j'en pleure de tristesse; si vous le revoyez, dites-lui ma vive affection et qu'il sera toujours vivant dans la Société.


Nr.1773

An Fräul. de Meeûs

ADVENIAT REGNUM TUUM

Bruxelles, 23 avril 1866

Très Révérende Mère,

Me voici su mon départ pour Paris. Je regrette de n'avoir pas eu assez de temps. Je serais allé vous voir à Liège. Dieu veut que je fasse ce sacrifice.

J'ai eu la consolation mercredi de recevoir le rescrit de Rome pour la fondation de Bruxelles. Son Eminence a donné gracieusement des pouvoirs très étendus au R. P. Champion et au P. Viguier.

Aujourd'hui on érige les stations du Via Crucis dans notre petite chapelle intérieure qui était ma petite chambre; je laisse la communauté fondée, la chapelle avec son service réglé, tout ira bien: le bon Père Champion vous est tout dévoué.

Maintenant il ne me reste plus qu'à vous recommander tous à la grâce de notre bon et commun Maître, que nous servons avec joie et bonheur.

Je vous assure que je ne vous oublierai pas dans mes faibles prières, ainsi que votre famille religieuse. Je vous demande la même grâce pour nous.

Vos bonnes filles de Gand vous donneront des nouvelles de la neuvaine. J'y ai été bien édifié. J'espère que le Bon Maître cultivera la grâce qu'il a semée dans les coeurs de ces bon Gantois.

Je vous reste bien uni en N. S., Très honorée Mère, et je suis avec respect

votre tout dévoué serviteur.

Eymard Sup.


Nr.1774

An Frau Wwe. Maréchal

A.R.T.

Paris 25 avril 1866

Madame en N.S.

Me voici à Paris depuis 2 jours et tout à votre service. Je vous remercie de ce que vous avez fait pour M. Ravache et encore plus de vos bonnes prières. Je vous l'ai bien un peu rendu.

Tout à vous en N.S.

Eymard.


Nr.1775

An P. de Cuers

A. R. T.

Paris, 25 Avril 1866

Bien cher Père,

Je vous écris enfin de Paris, où je suis arrivé depuis quelques jours; j'ai laissé le Père Champion à Bruxelles et le service du Bon Maître en bonne voie.

J'ai emmené avec moi deux novices: un d'Amsterdam, jeune homme de vingt ans et qui paraît bien; un autre de vingt-cinq ans, d'Anvers, et qui fait ses études latines; un théologien de Nevers est entré hier; tous sont en retraite: c'est le fruit du mois de Saint Joseph. Quelques demandes, non sérieuses actuellement, nous ont été faites, c'est en germe. Et le vôtre, comment va-t-il? y-a-t-il bonne espérance? Un jeune homme venant de chez les Prémontrés est venu aujourd'hui nous disant avoir passé à la maison de Marseille; nous l'avons ajourné pour plus amples renseignements.

La question de l'expropriation s'agite un peu en ce moment: on dit qu'il y aura peut-être des nouvelles positives pour le mois de juillet; nous tâchons de savoir quelque chose de positif, pour n'être pas trop pris au dépourvu.

Voici le mois d'avril; si vous pouvez envoyer les pièces nécessaires pour votre retraite à tirer, je vous en serai reconnaissant.

Tâchez que l'on fasse comme d'habitude l'exercice du Mois de Marie; nous avons tant besoin du secours puissant de cette bonne Mère!

Mes affectueux et religieux souvenirs à toute la famille de Notre-Seigneur.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD, S. S.


Nr.1776

An Frau v. Grandville

A R T.

Paris, 28 Avril 1866.

MADAME ET CHERE FILLE EN N.-S.,

Me voici à Paris depuis quelques jours; je n'ai pas eu encore le temps de respirer. - Oh! oui, je regarde votre Nantes! mais il faut que je me débarrasse un peu du plus pressé; trois mois d'absence laissent bien des choses en arrière.

Je m'unirai à vos joies de la Bretagne et au si beau triomphe du bon et saint Mr Richard. J'étais à Rome avec lui quand il poursuivait une si belle oeuvre.

Je ne vous dis rien autre aujourd'hui, sinon que je suis tout à votre service,

Et, en N.-S., tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1777

An P. de Cuers

A. R. T.

Paris, 1er Mai 1866

Bien cher Père,

Je vous envoie votre Brevet, afin que vous puissiez avoir votre certificat de vie.

Le Père Audibert est ici pour vingt-quatre heures; il paraît qu'il y avait une dette ancienne du menuisier à payer; dans ce cas, veuillez lui envoyer directement les 750 fr.

Nous avons admis aujourd'hui à la postulance les quatre retraitants, nous commençons enfin la petite pépinière eucharistique. Une très honorable famille nous a offert son fils unique de douze ans pour être élève dans la Sainte Religion. Ce jeune oblatus est un enfant de bénédiction; piété, intelligence et santé: tout est réuni; nous allons tâcher d'en trouver trois à quatre d'abord pour commencer le vrai noyau, car Saint Benoît et beaucoup d'autres grands saints furent ainsi offert à Dieu: il faut la jeunesse pour donner de solides et fortes vocations; j'espère que ce grain aura toute votre joie et votre bénédiction.

Nous voilà un peu remontés au noviciat, car le départ des six de Bruxelles y avait laissé une grande lacune.

Nous avons refusé à deuxième vue le postulant des Prémontrés, car tout cela est nébuleux. On nous parle d'expropriation pour le mois de juillet ou d'octobre: nous voilà condamnés à chercher. Je cherche, mais j'espère que le Bon Maître ne nous abandonnera pas. Veuillez donner cette feuille au Bon Père Leroyer, il y trouvera le complément qu'il désirait; le reste n'était que pour Bruxelles et en peu de nombre.

Est-ce vrai que le P. O'Kelly vous donne de la peine? On m'en a dit un mot aujourd'hui, c'est le P. Champion qui me l'écrit; quoi! ce pauvre Père vous ferait de l'opposition et se monterait la tête! J'attends votre réponse pour le remettre au devoir.

En Notre-Seigneur, bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1778

An Marg. Guillot

Paris, 2 Mai 1866.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Me voici à Paris depuis huit jours, et tellement absorbé que je n'ai pas un moment; j'espère que le premier moment passé, j'aurai un peu de liberté.

Je ne puis encore aller vous voir à Angers, à cause des nombreuses affaires restées en arrière. Ce sera une vraie joie pour moi d'aller vous voir dès que le Bon Maître le voudra.

J'ai trouvé Mlle Sterlingue plus heureuse de son voyage. Cette visite et votre bonté lui ont fait du bien; elle est contente de vous.

Je remercie le bon Dieu que soeur Ben. ait fait ce voyage: cela aura dissipé des préventions et des tentations, s'il y en avait. Je l'ai peu vue, étant bien pris ce jour-là; mais j'ai vu qu'elle était contente de son voyage.

Quand j'aurai un moment, j'irai à Nemours; il faut absolument qu'on vende ce moulin... (deux lignes et demie effacées)... car nous nous exposons tous à être blâmés.

Puis je veux voir ces mémoires payés et à payer.

C'est vrai, Notre-Seigneur est glorifié; mais, pauvre Nemours, qu'il coûte cher! N'importe, la gloire du Bon Maître vaut bien plus que tous ces petits sacrifices.

Je suis bien content du mieux de soeur Françoise, je voudrais que vous fussiez toutes bien. Soignez-vous un peu vous-même.

Je vous bénis, chère fille.

EYMARD.


Nr.1779

Lettre de Saint Pierre-Julien EYMARD au R.P. Van Derker, Supérieur des PP. Jésuites, Gand

Adveniat Regnum Tuum

Paris 3 mai 1866

Bon et bien Révérend Père,

J'ai besoin de vous remercier de votre si belle relique du B. Berckmans. Je l'ai donnée au Noviciat pour que ce St. Protecteur fût aussi son modèle.

Vous avez dû recevoir par la Supérieure de l'adoration le manuale Decretorum, c'est à la fin que vous trouverez la question traitée de la s. communion aux messes des défunts.

Je voudrais bien, cher Père, pouvoir vous être utile à Paris, au moins me ferai-je une joie de prier pour vous, pour votre sainte et militante Compagnie - je vous demanderai aussi un petit souvenir dans votre memento.

Le temps s'assombrit bien en ce moment. Les prudents du siècle perdent la tête, on m'a dit hier que l'Empereur avait envoyé un message au Roi Emmanuel, pour lui dire que s'il faisait la guerre à l'Autriche, c'était à ses risques et périls.

La France est fortement opposée à la Guerre - aujourd'hui dans les chambres commence la discussion; on dit qu'elle sera vive - Les faillites de Bourse sont effrayantes - le dieu de la fortune est maudit par le désespoir.

Hélas, si ceux qui gouvernent avaient au moins un degré de foi en l'Eglise de J.C.! ils l'auront peut-être quand ils seront sur un rocher de S. Hélène ou dans l'épreuve.

Croyez-moi en N.S., bon et vénéré Père,

Tout à vous.

Eymard

Sup. Soc. SS.


Nr.1780

à Mme et Melle Modave

Adveniat Regnum Tuum.

Paris 4 mai 1866, rue Fg S.Jacques, 68

Bonnes Dames en N.S.,

Vous avez été si bonnes pour nous, que je viens vous en remercier encore de Paris.

Parmi mes rares connaissances de Bruxelles vous êtes de la première heure, aussi ne veux-je ni ne puis-je vous oublier dans mes pauvres prières. Ce que je demande au Bon Dieu, d'abord pour vous, Bonne Dame, la santé, puis, ou du moins par la confiance la joie et la sainte liberté des enfants de l'amour de Dieu qui vivent du jour au jour, du moment au moment sous les ailes de la maternelle Providence, qui ne voient que le bon côté du coeur et des choses, parce qu'ils vivent dans l'amour. Votre soleil, bonne Dame, est toujours beau et bon, gardez-le sans nuage et vous serez la plus heureuse.

Pour vous, Mademoiselle, je demande que vous aimiez toujours bien le Bon Maître et que vous travailliez à sa gloire. - Vos chapelets font des heureux et ils feront des saints.

Je suis comme le pauvre matelot au milieu des vagues, ici à Paris, mes beaux jours de Bruxelles sont finis, de ce bon Bruxelles qui a été si bon pour le T.S.Sacrement.

Croyez-moi toujours en N.S., bonnes Dames, Tout à vous.

Eymard.


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