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Nr.2121

An Frau v. Grandville

Paris, 12 Mars 1868.

MADAME EN N.-S.,

J'espère aller vous voir demain soir, et partir d'ici demain à 9h. - Je préfère aller vous voir en allant, plutôt qu'en revenant, parce que je suis toujours pris et repris.

J'ai été malade quinze jours et en voyage un mois. Voilà la cause de mon silence.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.2122

Au R. P. BOUIX, s.j.

Paris 12 mars 1868

Bien cher et vénéré Père Bouix,

Je viens vous dire un petit bonjour bien respectueux et encore plus dévoué. Je suis bien content de votre décision et de votre lettre à M. l'abbé de Leudeville, elle confirme tout ce que lui avais dit, il y a quelques années, sur la prétendue mission et les révélations de M. de L. - Je l'avais engagé à se retirer de cette voie, j'avais réussi. - Je croyais la chose finie, quand il m'a apporté votre lettre.

Je ne regardais las maison de M. de L. que comme un atelier catholique et voilà tout. - Je tenais, bon et vénéré Père Bouix, à vous dire cela, car j'ai peur des révélants et des révélantes, et aujourd'hui il y en a tant!

M. l'abbé Chesnel est parti mardi soir pour Rome, il voulait aller vous voir, ainsi que Monseigneur, le temps lui a manqué.

Notre maison à S. Maurice est une vraie mission pour le pays, voilà 15 à 20 chef de maille qui s'approchent des Sacrements d' une manière bien édifiante - à Noël il y en avait une 15e. Ce sont maintenant les femmes qui font la guerre aux hommes qui se sont confessés.

Mais voici les Pâques, peut-être pourra-t-on engager quelques hommes à aller communier à la Paroisse, beaucoup n'auront pas ce courage, à cause de la petite et incessante persécution dont ils sont l'objet.

Je crains aussi que le jeune Curé de S. Maurice n'en prenne ombrage, et surtout sa mère.- Ce serait cependant fâcheux de ne pas seconder ce mouvement religieux parmi les hommes, et qui tend à s'étendre. - J'envoie le P. Supérieur de notre Maison de S. Maurice près de Sa Grandeur et de vous, pour prendre conseil.- Après Pâques, j'irai vous souhaiter l'Alleluia! -

Veillez agréer tous les vieux et nouveaux sentiments de respect, d'affection et de dévouement, bien cher et Vénéré Père,

de votre fidèle et reconnaissant serviteur.

Eymard

Sup. SS.


Nr.2123

An Frau Wwe Maréchal

(Paris) 12 mars 1868

................

Je reviendrai vous faire faire vos Pâques. Ne pleurez pas sur ....- non, non, il est avec vous - occupez-vous de Dieu, des autres, peu de vous.


Nr.2124

An Bruder Aimé Ferrat

13 mars 1868

En chemin de fer d'Angers

Cher frère Aimé,

N.S. vous a exempté du service militaire pour que vous soyez tout à son service eucharistique. Je l'en bénis avec vous et l'en remercie.- A mon retour d'Angers, j'irai vous voir à S. Maurice et nous verrons ce qu'il y a de mieux à faire pour vous.

Dieu vous a bien aimé, cher frère, de vous appeler à une si sainte vocation, à servir son adorable personne.- Pouvons-nous avoir un meilleur Maître?

Servez-le bien purement pour lui, cher frère, et pour son pur amour.- Soyez content de tout.

Je vous bénis bien en N.S.

Eymard.


Nr.2125

An Frau Lepage

Chemin de fer d'Angers, 13 Mars 1868.

CHERE FILLE,

Je viens vous donner de mes nouvelles. Je vais bien, autant du moins qu'on peut l'être en sortant d'une grosse grippe compliquée.

C'est ma première sortie. Je vais visiter une de nos maisons à Angers.

Si vous n'étiez pas si loin, j'irais bien vous voir et votre bonne et chère amie. Vous allez encore avoir un procès, puisque la justice est compromise, il faut lui faire rendre ses droits, c'est rendre service à ses adversaires et les obliger à restituer. Ne regardez que votre droit, voilez le reste.

Tenez toujours à votre liberté et à votre indépendance pour mieux servir Dieu dans la paix. Dieu vous a donné cette liberté, il faut la garder comme le premier des dons de votre sanctification et combattre pour la garder. De grâce, bonne et chère fille, le coeur et l'esprit en haut toujours vers votre bon Père et votre bon Sauveur. Quand on vole on ne regarde jamais ses pieds.

Nous ne pouvons pas toujours être heureux par le sentiment, mais toujours par la volonté unie à celle de Dieu.

La joie, la paix, la piété filiale, voilà toujours mes voeux pour vous.

A vous et à ma vieille fille Antonia mes plus intimes bénédictions en N.-S.

EYMARD.

Je rentrerai à Paris dans 8 jours; donnez de vos nouvelles, j'en désire bien.


Nr.2126

An Gräfin v. Andigné

Tours, 13 Mars 1868.

Madame en N.-S.,

Me voilà en route pour Angers. J'y arriverai demain. Je pense y rester la semaine prochaine et donner une petite retraite à ces Dames. J'espère vous y voir. Vous me donnerez des nouvelles de votre cher malade; je pense et prie toujours pour lui.

Cher enfant, qui est près du Ciel! Quel bonheur d'avoir fini son chemin et d'être à la porte de la Patrie!

Que de choses j'aurais à vous dire!

J'ai cru un peu que l'aiguille de ma vie allait s'arrêter. Dieu ne m'a pas trouvé prêt, et c'est vrai; que de fautes à réparer! que de devoirs à bien faire!

Priez pour moi.

Je vous bénis en N.-S., en qui je suis

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.2127

An Frater Stafford

Angers, 17 Mars 1868.

CHER FRERE,

J'ai tout reçu ce que vous m'avez envoyé; écrivez à Sr Maurice de ma part, afin que le P. Durand vienne à Paris en mon absence: c'était convenu avec le P. Chanuet dans le cas où Mr Dhé s'en irait.

Faites une sainte et bonne fête de saint Joseph. Je vous arriverai pour la fête du 25. Je ne prêche que deux fois par jour, et c'est tout ce que je puis faire, car je suis encore faible: mes jambes me portent faiblement.

Tout va bien pour l'église nouvelle: elle a déjà de l'apparence; elle sera très belle; on espère la voir couverte fin juin.

Nous verrons avec le P. Audibert s'il y a moyen d'avoir du vin blanc pour Paris.

Je vous bénis et toute la famille du bon Maître

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.

(184)

P.-S. - Pendant que je n'y suis pas, faites refaire mon matelas: il y a si long qu'il n'a pas été refait; et voyez s'il y en a d'autres.

Monsieur Chauveau a tout reçu pour ces Dames. Si vous le voyez, dites-lui que je préfère un procès plutôt que de laisser les lettres entre les mains de cette furieuse.


Nr.2128

An Frau Gourd

Angers, 17 Mars 1868.

Chère fille en N.-S.,

Me voici à Angers depuis samedi.

Je donne la retraite à nos Soeurs jusqu'à dimanche. Je serai à Paris pour le mercredi, fête de l'Annonciation.

J'y serai encore le jeudi matin; j'en repartirai pour Bruxelles pour dix jours, jusqu'au Mardi Saint.

Je ne voudrais pas vous priver. Vraiment, vous vous privez! cela m'attristerait d'user de votre charité au dépens de vos besoins.

La mère m'a dit votre générosité, elle en avait besoin; vous avez été sa divine Providence. Je suis bien content de revoir cette pauvre mère. C'est le mauvais sang qu'elle s'est fait pour Nemours et Sr Benoîte qu'elle a été si malade. Elle est loin d'être guérie, elle semble aller un peu mieux; ma présence lui a fait un heureux effet.

Pauvre fille! a-t-elle souffert de la part de celle qui lui doit tant! et qui est si ingrate et si peu charitable pour sa mère! Ah! j'ouvre bien les yeux. Le démon nous a bien trompés!

On m'avait caché, par charité, tant de choses répréhensibles! Quel malheur d'avoir fait faire sortir Sr Benoîte de la vie obscure et cachée! Que de mal on lui a fait et qu'elle a fait! Depuis qu'elle n'est plus Servante du Saint Sacrement, je ne crois plus ni à sa grâce, ni à sa vertu, et même il y a longtemps qu'elle était dévoyée, depuis Nemours, depuis Angers même. Elle n'a eu qu'un temps édifiant, celui de Paris.

Je vous en prie, chère fille, cessez les rapports de confiance avec elle, il n'y a rien à gagner; et même il faudra examiner si ce ne sera pas mieux, à la fin de l'année de pensionnat, de lui dire que vous ne vous chargez plus de Marie-Thérèse. Vraiment, cette pauvre Sr Benoîte, elle nous aurait chargé de tous ses parents!

Ne lui faites aucune invitation; il faut que les faits lui apprennent qu'on n'approuve pas une pareille conduite. Ses deux pauvres soeurs veulent toujours s'appuyer de moi, alors que je leur ai dit si souvent mon désir et ma volonté qu'elles rentrent dans leur vocation!

Oui, chère fille, nous n'oublierons jamais le 13 mars! Ce beau jour pour Notre-Seigneur et pour vous! Gardez-le bien. Je le bénis, car c'est le jour de Dieu.

Nous prions bien pour votre chère mère, c'est bien le moment. Toute la Société prie pour elle. Je vous donne, jusqu'à la guérison ou sa suprême heure, toutes les adorations de la Société.

Je vous bénis, chère fille, et notre petite soeur Stéphanie.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.2129

An Frau Mathilde Giraud-Jordan

Angers, 18 Mars 1868.

CHERE FILLE EN N.-S.,

Plus tard que jamais!

Vous vous surprenez sur le fait... Assurément, quand on n'a rien de réglé, on n'a pas le temps de rien faire de sérieux ni de suivi.

Il n'est pas nécessaire de régler toutes choses en détail: ce n'est pas possible; mais il faut ordonnancer sa journée le matin, prévoir quelque grande chose à faire essentiellement. Les cinq minutes de préparation seraient efficaces.

J'aime votre pénitence à vingt: vous finirez par la réduire.

Vous faites bien d'aller avec M...; mais quand on s'est fatigué à la course, il faut se reposer pour réparer ses forces.

Ce n'est pas le temps extérieur qui a tort, ce sont les mauvaises fenêtres qui le laissent entrer dans l'intérieur.

Je n'oublie pas Mr Henri Belle, encore moins nos Japonais et Chinois en route. Mais votre bonne et chère mère, puis vous, vous avez le premier rang et le premier droit à l'ancienneté.

Je vous bénis bien, et votre petit Gérard et toute la famille.

EYMARD, Sup.

P.-S. Je suis ici jusqu'au 23 Mars; je resterai à Paris jusqu'au 27, et j'irai à Gand (Quai aux bois, 48) jusqu'au Mardi Saint.


Nr.2130

An P. Leroyer

Angers, Saint Joseph, 19 [Mars] 1868.

Bien cher Père,

C'est bien engageant ce que vous me dites de Sa Grandeur si bienveillante à votre projet du terrain près de la Préfecture; c'est déjà une première marque du Ciel. Assurément, nous ne pourrons jamais rien trouver de mieux dans Marseille. Toute la question est dans les dépenses à faire; vous savez que la maison-mère ayant sur les bras Angers et Saint-Maurice ne peut rien promettre pour Marseille. Si des ressources s'annoncent certaines, au moins pour avancer sans être téméraire, voyez, cher Père, sondez le terrain. Essayez des souscriptions, demandez le prix fixe du terrain et les conditions du paiement, afin que je puisse proposer au Conseil des Supérieurs cette importante question.

Plût à Dieu que Marseille devînt le plus beau trône et le centre le plus puissant de l'adoration!

A mon arrivée, je chercherai cette pièce de Mr Guérin, ou bien je la demanderai à Bruxelles où je dois aller pour le Dimanche de la Passion.

Tout va à l'ordinaire.

Nos soeurs ont eu aujourd'hui une cérémonie de quatre postulantes qui ont pris l'habit, de trois à voeux temporaires et de trois à voeux perpétuels: les deux Dlles Lotand.

Que Saint Joseph vous fasse son cadeau eucharistique.

Mes meilleurs sentiments d'affection en Notre-Seigneur à vous, cher Père, et à toute votre famille eucharistique.

EYMARD, S. S.


Nr.2131

An Frater Stafford

Angers, 19 Mars 1868.

CHER FRERE,

J'ai reçu votre bonne lettre ce matin.

J'ai répondu ce soir à Mr Lagarde pour lui dire ma peine. Est-il possible que sur l'accusation d'une semblable personne, et sans la connaître, on nous traite ainsi! et on nous menace!

Je suis convaincu que Mlle Sterl... a peur du procès et qu'elle veut nous intimider par Mgr l'Archevêque, mais cette ruse ne réussira pas.

Il faut tenir bon: j'aime mieux un acte de justice que cette épée perfide entre les mains d'une furieuse.

Ayez la complaisance de demander 150 billets de l'explication du Via Crucis au fr. Charles et de me les envoyer par la poste.

Je me soutiens. Priez pour moi, je vous bénis tous.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.2132

An Frater Stafford

A. R. T.

Bruxelles, 26 Mars 1868.

CHER FRERE EN N.-S.,

Me voici arrivé à bon port.

Je vous envoie la lettre ouverte de Mlle Sterl...; il est temps que cela finisse.

Je vais faire venir ici Mr Le Marchand; il aurait besoin d'une soutane; il faut vite la lui commander, et qu'il vienne de suite, dès qu'elle sera faite.

Le P. Crépon, un peu fatigué, ne va pas aussi mal que je le craignais; mais il ne peut pas rester à Bruxelles: il a besoin de tranquillité et de repos.

Demain soir je serai à Gand. Priez bien pour ma faiblesse.

Je vous bénis vous et toute la famille.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.2133

An P. Audibert

Paris, 10 Avril 1868.

Bien cher Père,

Je vous ai annoncé par une dépêche trois mille francs je vous les envoie de suite. Je sais bien qu'il vous en faut quatre; je vous enverrai les autres au premier jour, ou plutôt, réflexion faite, je ne vous en envoie aujourd'hui que deux mille, parce que la poste ne peut charger qu'une lettre de 2.000 fr., je vous enverrai le complément des deux autres au premier jour.

Je vais répondre à Mr Dussouchay de ne pas ralentir les travaux: nous nous tournerons d'un autre côté pour réaliser les ressources nécessaires à l'achèvement de la maison de Dieu.

J'ai trouvé Bruxelles assez bien; il n'y a rien de décidé pour commencer la nouvelle chapelle à Ste Anne; cependant la Bienfaitrice est toute décidée à la faire. Elle met en vente une de ces belles propriétés.

Je vous souhaite les festa paschalia, vous les méritez bien, car le carême a été laborieux.

Bien cher Père, tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.2134

An P. Audibert

Paris, 10 Avril 1868.

Bien cher Père,

Je ne voudrais pas vous laisser cette dette de Notre-Seigneur le Saint jour de Pâques. Je vous envoie donc 2000 fr., ce qui fait 4000 fr. Notre-Seigneur, pour qui tout sacrifice est une dette d'honneur et d'amour, sait bien que nous lui donnerions nos souliers, notre pain et notre vie avec bonheur; mais il rend en Dieu.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.2135

An Marg. Guillot

Paris, 16 Avril 1868.

Chère fille en Notre-Seigneur,

Merci de vos lettres et des 500 francs pour Baudin. Hier, j'ai payé. Je vous envoie ci-inclus le billet acquitté.

Je n'ai pas eu un moment pour vous répondre depuis mon arrivée ici, le mercredi-saint.

Je n'ai rien reçu de Lantignié. Je pense que soeur Emilienne leur a communiqué ma réponse catégorique.

Pauvres enfants! Je les plains bien; c'est la plus grande croix parmi les croix.

Le procès des lettres marche à Paris. Nous préférons faire ce procès plutôt que de les laisser entre les mains de cette furieuse. Hélas! jusqu'où peut aller la malice et l'avarice!

Un second procès intenté au frère Charles, comme mari, va commencer à Fontainebleau pour les réparations du moulin, s'élevant à sept mille francs. Comme on ne les doit pas, il faut le prouver en justice, c'est ce que nous ferons.

Priez bien pour nous, chère fille. Ne vous inquiétez pas de nous: c'est le calice qu'il faudra boire jusqu'à la lie, mais avec la grâce de Dieu, la lie se changera en douceur.

Je vous bénis bien.

Je vous recommande au bon Père Crépon, qui vous est tout dévoué.

EYMARD.

Sup.


Nr.2136

An Frau Gourd

A.R.T.

Paris, 17 Avril 1868.

Chère fille en N.-S.,

Je viens vous remercier de vos envois si charitables. J'ai tout reçu: que Dieu vous le rende par son Coeur eucharistique! Si Notre-Seigneur n'était pas notre centre et notre vie commune, je ne saurais comment vous remercier; mais vous ne voulez pas de ce mot, soit! J'en aurai un autre devant Dieu.

Saint Joseph a donc voulu fermer les yeux de notre bonne et chère mère. Et Notre-Seigneur est venu la visiter le matin et l'emmener le soir avec Lui!!! Que de souffrances en ce pauvre corps et en cette âme pieuse! C'était son Purgatoire. Elle aimait tant le Bon Dieu, depuis si longtemps, pauvre mère! J'ai bien prié pour elle; je vois avec bonheur que rien ne lui a manqué. Ce bon Mr Durand, mon vieil ami, a été bien bon pour elle! Reste maintenant à achever sa délivrance, si elle avait encore quelque poussière du voyage. Je vous assure qu'elle a ici la première part.

Que vous dire de votre projet?

Je l'accepte de grand coeur, et votre maison paternelle et maternelle deviendra un Cénacle et vous demeurerez à côté comme la Sainte Vierge au Cénacle de Jérusalem.

Tout semble s'arranger.

Mr Durand curé est mon ami, et je suis sûr qu'il nous y verra avec plaisir et que même il fera la première démarche.

Son Eminence ne nous a jamais refusés positivement, elle a seulement ajourné la décision. Et comme la Croix-Rousse n'excite ni la jalousie, ni l'ambition, on nous y laissera aller sans difficulté.

Voilà, chère fille, mon impression. Vient-elle de Dieu? Je le désire. Je vous la transmets toute fraîche, et la première.

Maintenant nous allons prier le bon Maître, car c'est à Lui de décider et de vouloir.

Maintenant, chère fille, reposez votre corps de tant de fatigues. Oui, l'abandon total de vous-même à Dieu, à son bon plaisir doit être la loi et la vertu de votre vie.

Reposez votre âme à ses pieds; parlez peu et recevez tout de sa bonté et de son amour.

Je vous remercie, bien chère fille et Sr Stéphanie, de m'avoir écrit les détails de la maladie et du dernier soupir de cette chère mère. Je vous aurais écrit de suite si je n'avais été en voyage en Belgique.

Je vous bénis en N.-S.

Tout à vous en Lui.

EYMARD.

Pour le jeune homme dont vous me parlez, faites comme Monsieur aurait fait. Pour la petite Thérèse, soit! Pour le voyage a Lantignié, voyez devant Dieu le bien qui en peut résulter. Je crains une déception pour votre charité, car on garde un silence avec moi qui me peinerait si je ne savais pourquoi.


Nr.2137

A Monsieur Louis Perret, architecte, 9 quai de l'Archevêché, Lyon

Paris, 19 avril 1868.

Bien cher et vénéré ami,

J'ai bien des excuses à vous faire. J'étais parti pour aller vous voir lors de mon passage à Lyon, lorsqu'arrêté en chemin, mon temps a passé. Je me suis trouvé à la nuit bien loin de vous et fatigué. Je l'ai regretté, ce bon monsieur Tissot aurait bien dû m'enlever et me conduire chez vous. J'espère bien que vous viendrez voir votre cellule et vos frères qui vous aiment de même.

St. Maurice, (notre noviciat) vous attend aussi.

Je vous renvois /sic/ votre lettre, on m'a dit chez Mr Dausse qu'il était parti pour l'Amérique. En voilà une nouvelle! Et je ne l'ai pas vu avant son départ.

Je vous serais bien reconnaissant si vous vouliez m'envoyer une copie du bref latin pour le chemin de croix que je vous ai envoyé dans le temps; il y a eu grande tempête à la Propagande pour cela. Le St. Père me reste.

Tous vous désirent, cher ami.

Tout vôtre en N. S.

Eymard.

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Timbre de la poste:

Lyon 20 avril 68

19 avril 68 Cherchi-mi(di.-pap.déchiré)


Nr.2138

An Fräul. Virginie Danion

A. R. T.

Paris, 21 Avril 1868.

CHERE SOEUR EN N.-S.,

J'ai reçu vos 200 fr. de messes et nous ne les ferons pas languir.

D'ailleurs j'aime et l'oncle et sa nièce en Jésus notre commun Maître.

Vous avez donc été malade! pauvre soeur! et vous paraissez regretter le retour à la vie! Vous avez bien raison! au Ciel, plus de péchés! en Purgatoire, de même! Cependant, il faut bien que le Semeur divin récolte quelque chose de son petit champ! et la grande récolte de Dieu, c'est la souffrance, c'est l'amour de mort.

Allons! pauvre soeur Anne! vous allez rajeunir par tant de misères!

Mais quand donc cette maison d'action de grâces! Vous êtes là-bas à vous paralyser et à ne rien faire, quand il faudrait pourtant ramasser les pierres de l'édifice que je voudrais voir et bénir. Mais il vous faut près de votre mère! oui! tant que Dieu voudra, et jusqu'à ce que l'Ange aille vous dire: C'est l'heure!

Priez bien pour moi, chère soeur; j'en ai un immense besoin. La tristesse gagne mon âme, avec les désolations; heureusement, cela ne paraît pas. Oh! que j'ai souvent l'envie d'aller m'enterrer tout vivant dans la solitude eucharistique!

Je vous reste bien uni en Jésus, tout et toujours amour.

EYMARD, S.


Nr.2139

A M. l'Abbé FAURE Curé de Lavaldens (Isère)

Paris 22 avril 1868, 112 Bd Montparnasse

Bien cher Ami,

Je languis de vos nouvelles.- Avez-vous reçu mon livre? qu'en pensez-vous? Votre santé est-elle passable? Vos Pâques ont-elles été belles?

Etes-vous toujours le solitaire de Dieu? Que de fois au milieu de notre Babylone j'envie vos montagnes, le silence de vos églises!

Où allons-nous, cher ami? Le mal est à son comble. Les grands, les savants, les professeurs, les élèves tous, tout s'en va à la négation de Dieu, de J. C., de l'Eglise, de la vertu, de l'honnêteté.

La révolution est fait dans les intelligences, tout à l'heure elle va se traduire par les oeuvres, nous voilà arrivés à l'hérésie universelle. Et on rit, on dort, on s'amuse, quand il faudrait pleurer et se convertir.

Je suis comme un homme qui n'attend plus que l'arrêt, que les coups, qui dit à Dieu: c'est juste et c'est une miséricorde.

Donnez-moi des nouvelles de La Salette et de Melle Victorine. Imposez-lui une neuvaine pour moi - j'en ai besoin - et vous, cher Ami, vous n'avez qu'à prier là-haut et moi j'en ai à peine le temps. - Il faut me faire la charité et si vous alliez à La Salette, pensez à moi. - Je vais bien pour le reste.

Adieu, cher et bon Ami en N. S.

Tout à vous.

Eymard


Nr.2140

An den Erzbischof von Malines

Paris, 22 avril 1868

Monseigneur,

Son Eminence votre vénéré Prédécesseur ayant daigné approuver notre dessein d'établir à Ixelles une maison de scholasticat pour favoriser les vocations religieuses de la Belgique: j'en avais sollicité l'autorisation canonique de la S. C. des Evêques et Réguliers, en lui envoyant en même temps la lettre approbative de Son Eminence de Malines.

Sa mort si prompte a nécessité, m'écrit-on de Rome, une lettre de Votre Grandeur. J'ose la prier d'appuyer notre demande et d'affirmer: que la maison vit d'un revenu fait par nous; qu'elle est convenablement bâtie et placée pour faire le bien, dans un quartier privé de chapelle de secours.

J'ose encore solliciter de Votre Grandeur, l'exeat de Vincent Bougaerts d'Anvers, religieux profès et en théologie, afin qu'en vertu d'un rescrit spécial de la S. C. des Evêques et Réguliers, nous puissions le présenter aux Saints Ordres.

Je sais, Monseigneur, votre bienveillance pour les Corps religieux; il m'est doux de voir nos deux maisons sous votre paternelle autorité, et j'espère que nos religieux s'en montreront toujours dignes.

Daignez agréer les sentiments de la vénération la plus profonde avec lesquels je suis heureux d'être en N.S.

de Votre Grandeur, Monseigneur,

le très humble et très dévoué serviteur.

Eymard.

Nota (Rom-Ausgabe, 134):

ces huit lettres ont été prises sur le texte dactylographié par le R.P. Ullens, d'après les autographes de Malines


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