LA POESIE
Les thèmes baroques du tragique de l'existence et de l'écoulement du temps trouvent leur expression la plus aboutie dans une poésie qui fait une large part au jeu, mais qui est toujours à mi-chemin entre le rire et le désespoir. La poésie baroque cherche à séduire les sens et l'esprit (par la virtuosité, la surprise, l'énigme). Ses ressources stylistiques de prédilection sont l'hyperbole, la pointe ou concetto (paradoxe, surprise finale), l'antithèse, la métaphore (de préférence filée), la périphrase, la personnification, l'hypotypose. La préciosité et le burlesque sont de subtils contrepoints à une esthétique baroque qui est également travaillée de l'intérieur par le maniérisme et la poésie concettiste des marinistes.
La poésie classique, dont l'avènement, à partir de 1660, a été préparé par les malherbiens, et l'atticisme des poètes mondains, rejette les outrances et le raffinement de la poésie baroque, et prône une esthétique du naturel, de la clarté, de l'équilibre, qui souhaite parler à la raison, dans un style sobre, dépouillé et ramassé, peu figuré mais attaché à la justesse des termes. Le classicisme n'est d'ailleurs pas plus monolithique que le baroque: il n'existe pas un mais des classicismes, selon les modèles imités.
La classification des genres et des tons est minutieusement codifiée et on distingue:
- la poésie lyrique (qu'on peut chanter) dite également strophique, qui comprend le grand lyrisme (celui des odes et des stances, genres de la poésie d'apparat destinée à glorifier, et des chansons et cantiques, plus religieux) et le petit lyrisme (qui regroupe des genres courts de la virtuosité verbale, souvent mondains: sonnet, rondeau, ballade, madrigal, épigramme, épitaphe, quatrain, impromptu)
- la poésie non lyrique (ou non strophique) constituée de récitatifs continus en vers égaux à rimes plates, à tendance narrative le plus souvent, à laquelle appartiennent notamment l'épopée (récit versifié de hauts faits), l'élégie (réservée expression des sentiments), l'églogue, l'idylle, la bergerie (surtout affectés à la poésie pastorale), la satire (ironique ou polémique), l'hymne (le plus souvent religieux), le discours (pièce d'éloquence), l'épître (lettre en vers), les romans et les contes en vers, les fables, les poèmes didactiques.