François Villon

                                             ( 1431? -1463?)

On voit quel fut François Villon : voleur, assassin, et pis s'il se peut. Voilà pourtant l'homme, à qui il faut demander tout ce que le XV ème siècle a produit, ou peu s'en faut, de haute et profondément pénétrante poésie : il n'y a pas à en douter, ce malfaiteur fut un grand poète.

Gustave Lanson
Histoire de la Littérature française 1894

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La vie de François Villon fut très mouvementée. Il s'appelait François de Montcorbier, mais, orphelin, fut adopté par le chanoine Guillaume de Villon, dont il prit le nom. Il fréquenta les cours de la Sorbonne, donc il était cultivé, mais il eut aussi une vie plutôt dissipée, il fut homicide, voleur, condamné à la pendaison...Nous savons que cette condamnation fut commuée en 1463 en une interdiction de séjour à Paris pendant dix ans, mais ensuite on perd sa trace, et cette "disparition" à l'âge de 32 ans a également contribué à renforcer sa légende. (Voir les étapes les plus importantes de sa biographie).

La production poétique de Villon comprend le Lais ou Petit Testament, le Grand Testament et des Poésies diverses, dont fait partie la Ballade des pendus.

Dans le Lais, sur le point de quitter Paris, le poète imagine qu'il abandonne à ses amis les quelques biens qu'il possède, mais aussi ses misères. Son oeuvre principale, le Grand Testament, reprend avec plus d'ampleur et variété le motif central du Lais, mais constitue aussi une sorte de «bilan» de l'existence du poète. Le poème comprend aussi une vingtaine de ballades, dont les plus célèbres sont La ballade des dames du temps jadis et la Ballade des seigneurs du temps jadis, où Villon se demande que sont devenus des personnages célèbres dans le passé: ils ont tous disparu, dit-il, comme les neiges d'antan.

Mais la plus célèbre est sans doute la Ballade pour prier Notre Dame, où le poète fait parler sa mère, femme "pauvrette et ancienne", dont il rend bien l'étonnement naïf devant les peinture qu'elle voit à l'église (un «Triomphe de la mort» ou un «Jugement universel»).

Parmi les Poésies diverses, on trouve la composition la plius célèbre, l'Épitaphe Villon ou Ballade des Pendus, où les pendus s'adressent à toute l'humanité pour proposer, à travers le martèlement rythmique de marche funèbre, une méditation sur la vie, et nous rappellent les peintures médiévales qu'on appelle «danse macabre»: la mort, représentée comme un squelette hideux, qui vient nous rappeler que nous ne sommes que poussière...danse_mac.gif (275583 byte)

Après une certaine notoriété jusqu'en 1533, année de la réédition critique de son œuvre par Clément Marot, Villon connaîtra trois siècles d'oubli. Il faut attendre 1832 pour que la nouvelle édition de l'abbé Prompsault suscite un nouvel engouement autour de sa poésie. Gautier, Nerval, Banville,et Rimbaud puis, plus récemment, Mac Orlan, Brecht, Cendrars, et Brassens et aussi Fabrizio De André montreront de l'intérêt pour l'œuvre et le destin de ce poète "voyou".

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