L’ETERNA RINASCITA (L’ETERNO RICOMINCIARE)
di Jean-Pierre Rehm
« Cahiers du cinéma »
Cos’è La Cosa ? E’ quello che qui sconvolge un po’ tutti. Tutti? Nel senso della grande diversità dei militanti comunisti italiani in riunione. Consultati dal compagno segretario generale Occhetto (in originale Ochetto! ndt) che suggerisce di rifondare, abbandonare il marchio e il simbolo del PCI (addio falce e martello, rivoluzione “partito comunista”, dittatura del proletariato), ecco cosa testimoniano. Moretti li registra, qua e là, in diverse città, nei giorni del 1989. Cosa dicono? Non sono d’accordo. Precisiamo: non sono d’accordo tra loro. Precisiamo ancora : non si tratta di andare d’accordo. Quello che il film vuole verificare, è l’esercizio stesso che è alla base della democrazia: il diritto di parola. E questo, in un equilibrio di rara dignità, emerge più dai personaggi che dall’abilità del montaggio.
Risultato : nessun linguaggio incomprensibile, nessuna aringa ideologica, nessun pathos. Nessuno qui (neanche i più “duri”) si sente proprietario del suo passato (il proprio e quello del partito, confusi insieme); e nessuno predica in vista di una decisione. Quella, prigioniera di un fatalismo storico che ne ha viste delle altre (e che ogni tanto vengono ricordate), è secondaria rispetto alla definizione che ognuno espone a sua volta.
Pian piano il partito si configura, come dice una voce, come un elefante maestoso. Quando avvertono che il cimitero di questi grandi animali non è lontano, conservano fino alla fine la loro memoria, al contrario degli eroici colpiti da amnesia di Palombella Rossa. Il film non è un esercizio di archivio. Non intende rievocare la nostalgia di un’epoca politica passata attraverso il documento. Ciò che sogna il film di Moretti è un’altra cosa. Quale “altra cosa” (in italiano, ndt.)? Un’altra televisione.
Quella dove la parola non si avventura se non per istaurare un dialogo, uno scambio, con gli altri, spettatori compresi, in un’esperienza audiovisiva inedita. Per parlare di sé, alcuni (la legge della confessione!), ma come il soggetto di un film senza sceneggiatura. Un film da fare, al contrario, a partire dalle linee dei dialoghi che i singoli passi offrono in vista degli episodi nuovi della saga “Politica futura”, serie troppo misconosciuta alla quale Sartre (nel giusto, per una volta) dava come sottotitolo “il comunismo, insuperabile orizzonte del mio tempo”.
p.s. dimentichiamo il doppiaggio in sovrimpressione della VO. La diversità delle voci è resa male e l’effetto di paccottiglia d’archivio assicurato. Occhetto, sia detto, ha fatto passare la sua mozione.
L'éternelle reprise
La Cosa (1990)
Planète par Jean-Pierre Rehm
Kézako La Cosa ? C’est bien ce qui agite tout le monde ici. Tout le monde ? Comprenez : la grande diversité de militants communistes italiens en réunion de cellule. Consultés à l’invitation du camarade secrétaire général Ochetto qui suggère refonte, abandon de label et de logo du PCI (adieu faucille, marteau, révolution, « parti communiste », dictature du prolétariat), les voilà qui témoignent. Moretti les enregistre, ici et là, dans diverses villes, pendant ces quelques journées de 1989. Que disent-ils ? Ils ne sont pas d’accord. Précisons : ils ne sont pas d’accord entre eux. Précisons encore : il ne s’agit pas d’être d’accord. Ce que le film parvient à vérifier, c’est l’exercice même au fondement de la démocratie : la prise de parole. Et ce, dans un équilibre d’une rare dignité, offerte d’évidence davantage par ses personnages que par quelque habileté de montage.
Résultat : nulle langue de bois, nulle harangue idéologique, nul pathos non plus. Personne ici (même les plus « durs ») ne se sent propriétaire de son passé (le sien et celui de son parti, bien sûr confondus) ; et personne ne prêche en vue d’une décision. Celle-là, prisonnière d’un fatalisme historique qui en a vu d’autres (et qu’on entend rappeler à quelques reprises), est secondaire au regard de la définition que chacun expose de sa propre foi.
Quitte à ce qu’à ce jeu, le Parti prenne figure, comme l’exprime une voix, d’un éléphant majestueux. Si on sent bien que le cimetière de ces vieilles bêtes n’est pas loin, elles gardent jusqu’au bout, à l’inverse du héros amnésique de Palombella Rossa, toute leur mémoire. Et pourtant, le film n’est pas un exercice d’archive. Sa vocation n’est pas d’entretenir la nostalgie d’une époque politique héroïque révolue par le biais du document. Ce dont rêve ici le film de Moretti est autre chose. Quelle altra cosa ? Une autre télévision.
Celle où la parole ne s’aventurerait que pour être relayée par d’autres, spectateurs compris, dans une expérience audiovisuelle inédite. Parler de soi, certes (ah, la loi de la confession…), mais comme le sujet d’un film sans scénario décidé. Film à construire, tout au contraire, à partir des lignes de dialogues que les passés singuliers offrent en vue d’épisodes neufs dans la saga « Politique à venir. » Série trop méconnue à laquelle Sartre (dans le juste pour une fois) donnait comme sous-titre : « le communisme, indépassable horizon de mon temps. »
PS : On regrettera néanmoins le parti pris de doublage en surimpression de la V.O. La diversité des voix y est mal rendue ; et l’effet de bouillie façon « archives » assuré. Ochetto, bien sûr, a fait passer sa motion.
La semaine prochaine (mercredi 7 février) : Je suis un évadé.
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