Recensione de « Le Monde » di MOULIN ROUGE di Baz Luhrmann

1899 a Parigi. E’ la festa dell’amore. Toulouse-Lautrec e i suoi bohémiens sono i nuovi, scandalosi Children de la Revolution. Al Moulin Rouge, moderno locale notturno, Satine affascina la folla con Diamonds Are a Girl's Best Friend e con il suo remake di Madonna, Material Girl. Moulin Rouge è una fiaba altisonante, una pesante “kitscherie”. Viene in mente Velvet Goldmine per il valzer delle epoche, l’inclusione del rock e del pop in una storia più vecchia e di più elevata reputazione di questi. Ma le rassomiglianze si fermano qui. Todd Haynes faceva scintillare il passato nel presente, Oscar Wilde, il dandismo e tutta una linea fuorimoda omosessuale che arriva fino agli occhi degli eroi del glam. Baz Luhrmann (Ballroom Dancing, Romeo + Juliette), da parte sua, filma al passato un presente precoce e - eterna efficacia degli anacronismi – mette in bocca ai suoi attori le celebri parole di Elton John, di Paul McCartney, dei Queen e mille altre ancora.  È l’effetto di On Connait la chanson (“Parole, parole…” di Alain Resnais), “i nostri migliori slows per te  e per me”, da Nicole Kidman e Ewan McGregor. Obbligatoria mise en abyme, Moulin Rouge mostra lo spettacolo nello spettacolo, la scrittura e la ripetizione di una piéce cantata sugli amori difficili di un giovane scrittore e di una cortigiana. La trovata del best of, dal grande pop porri riorchestrato e rinnovato in otto secondi, è bella, ma le speranze che promette non sono mantenute. Il progetto è tutt’altro che pop. Gli assalti di una cinepresa volteggiante e folle, i modi accentuati tipo Notre dame de Paris degli attori-cantanti sembrano quelli degli spot, mezzi dello spettacolo, di un grande sentimentalismo di cui l’unico credo è l’amore sempre, l‘Amore contro tutte le ingiustizie del mondo. Meno giovane di Luhrmann, Resnais aveva capito quello che la musica pop – o di varietà, se vogliamo – apporta, trincerandosi dietro la messa inscena di sentimenti eccessivi. Aveva capito che il pop è una non-isteria, una sensibilità neutralizzata, due, tre o quattro minuti di felicità folle e di cupa disperazione. Bisogna fare attenzione a Like a Virgin cantata da due uomini e coreografata da un maestro, è divertente, ma traditrice. L’omaggio kitsch è sempre truccato e perversamente nobilitato: più è grandioso, più è ridicolo; la dignità che dà alla canzone è anche ciò che per eccesso la uccide. Luhrmann condivide le aspirazioni di Satine, che sogna di abbandonare il can-can, per diventare una vera attrice come Sarah Bernhardt. Vuole l’autenticità e le immancabili lacrime in tre primi piani.

C’è, in Moulin Rouge una strana volontà di un qualcosa (non si sa cosa, il kitsch), una strana maniera di esagerare la vertigine per meglio precipitare nel disgusto che segue. Si vede che è pensato per incantare un po’ e stancare molto.

Ma Cannes, forse, non attende altro, da un film da Apertura. 

1899 à Paris. C'est le Summer du Love. Toulouse-Lautrec et ses bohémiens sont les nouveaux, les scandaleux Children de la Revolution. Au Moulin Rouge, moderne boîte de nuit, Satine fascine les foules en enchaînant Diamonds Are a Girl's Best Friend avec son remake par Madonna, Material Girl.

Moulin Rouge est une féerie multi-tonnes, une lourde "kitscherie". On pense à Velvet Goldmine, pour la valse des époques, l'inclusion du rock et de la pop dans une histoire plus ancienne et de plus haute réputation qu'eux. Mais la ressemblance s'arrête là. Todd Haynes faisait scintiller le passé dans le présent, Oscar Wilde, le dandysme et toute une indatable lignée homosexuelle jusque dans les yeux des héros glam. Baz Luhrmann (Ballroom Dancing, Romeo + Juliette), pour sa part, filme au passé un présent précoce et - éternelle efficacité des anachronismes - met dans la bouche de ses acteurs quelques mots célèbres d'Elton John, Paul McCartney, Queen, mille autres encore. C'est l'effet On connaît la chanson, "Nos plus grands slows pour toi et moi", par Nicole Kidman et Ewan MacGregor.

Mise en abyme obligatoire, Moulin Rouge montre le spectacle dans le spectacle, l'écriture et la répétition d'une pièce chantée sur les amours difficiles d'un jeune écrivain et d'une courtisane. La trouvaille du best of, du grand pop pourri réorchestré et renouvelé toutes les huit secondes, est belle, mais les espoirs qu'elle amène, hélas ne se réalisent pas. C'est qu'elle sert un projet qui est tout sauf pop. Les assauts d'une caméra tourniquetante et folle d'elle-même, les accents façon Notre-Dame de Paris des acteurs-chanteurs font la pub, moins du spectacle, que d'un grand sentimentalisme neu-neu dont l'unique credo est l'amour toujours, l'Amour contre toutes les turpitudes du monde.

Moins jeune pourtant que Luhrmann, Resnais avait compris ce que la pop - dites variétés, variétoche, soupe si vous voulez - apporte, retranche plutôt à la mise en scène des sentiments excessifs. Il avait compris que la pop, c'est de la non-hystérie pure, la sensiblerie neutralisée, deux, trois, quatre minutes de bonheur mat ou de désespoir fade. Il faut se méfier du kitsch. Like a Virgin chanté par deux hommes et chorégraphié de main de maître, c'est amusant, mais c'est traître. L'hommage kitsch est toujours truqué, et son ennoblissement pervers : plus c'est grandiose, plus c'est ridicule ; la dignité qu'on donne à la chanson, c'est ce qui aussi, à force d'excès, l'assassine. Luhrmann, au fond, partage les aspirations de Satine, qui rêve d'abandonner le cancan pour devenir une vraie actrice comme Sarah Bernhardt. Il veut l'authenticité et d'indubitables larmes en très gros plan.

Il y a dans Moulin Rouge un étrange volontarisme dans le n'importe quoi (c'est ça aussi, le kitsch), une étrange manière d'exagérer le vertige pour mieux précipiter l'écoeurement qui bientôt lui succède. On voit bien que c'est fait pour enchanter un peu et lasser beaucoup. Mais Cannes, peut-être, n'attend pas autre chose, désormais, d'un film d'Ouverture. Comme l'année dernière Vatel, Moulin Rouge en donne tout de suite trop : à la fois le goût et le dégoût de la fête ; la salade du spectacle et son accompagnement théorique ("The show must go on" et autres proverbes maison), sans oublier l'inévitable regard mouillé sur la profonde vanité de tout cela. Quelque chose, ici, se joue d'une précaution liminaire, voire d'un exorcisme. Moulin Rouge évidemment n'ouvre rien, en Clôture il eût mieux fait son oeuvre de renvoyer tout le monde chez soi. Mais peut-être faut-il que l'indigestion précède le repas, que la fin vienne à la place du début, pour qu'un vrai début, ensuite, soit possible. Maligne stratégie, si ça se trouve

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