tableronde.jpg (82901 byte)La naissance du roman     (Voir aussi ball03.gif (1653 byte))

 

Le roman fait son apparition vers le milieu du XII siècle. D'abord il était écrit en octosyllabes à rime plate et on préférait la linéarité aux laisses. Il faut attendre le début du XIIIe siècle pour qu'apparaisse une prose littéraire et dans la même époque naissent les premières chroniques en prose. Au cours des XIV et XV siècles s'effectue une massive "mise en prose" de romans en vers des siècles précédents.

Le roman est un recit écrit, consigné dans une manuscrit et destiné à la lecture; les textes sont d'abord lus à haute voix en public, ça c'est facilité par les distiques d'octosyllabes. Cette lecture en groupe apparaît comme un moment de communion et de socialisation. Le roman est donc lié à une transmission de type "vocal".

Le roman se caractérise par une tendance à s'interroger sur ses moyens expressifs, se buts et ses limites. La mise en forme d'un roman est indissociable d'une interrogation sur les pouvoirs et les difficultés de l'écriture; le dialogue entre le conteur et son auditoire s'instaure spontanément.

Le rôle joué par Aliénor d'Aquitaine dans la diffusion de la nouvelle culture est essentiel. C'est dans le sud-ouest de la France qu'a fait d'abord l'apparition le lyrisme des troubadours et l'idéal de la "fin'amor" lié au culte de la femme. La cour londonienne, brillant foyer culturel où sont composés en l'honneur du couple royal les premiers romans de la littérature française, s'impose alors comme un modèle que la cour des rois de France ne saurait égaler. Le roman s'apprête à devenir une forme littéraire plus apte que le poème épique à projeter et fixer les aspirations d'une société raffinée, à mettre en scène les subtilités amoureuses et les raisonnements intellectuels qu'affectionne l'élite aristocratique.

Les premiers textes narratifs appelés "romans" sont des traductions plus ou moins fidèles des grandes oeuvres de l'antiquité latine; par exemple l'Alexandre d'Albéric de Pisançon qui est inspiré par le pseudo-Callisthène. Le roman de Thèbes, Enéas et le roman de Troie connaissaient les mythes fondateurs de l'antiquité grâce aux oeuvres de Virgile, d'Ovide et de Stace. Ces trois oeuvres romanesques eurent une influence considérable sur les romans médiévaux.

 

Le roman de Thèbes est composé vers 1155 par un auteur inconnu; il s'inspire à la Thébaïde de Stace qui est l'histoire d'Oedipe. Cette oeuvre reste tributaire de la chanson de geste mais annonce le thème romanesque par excellence: l'amour. Le roman de Thèbes, pour la première fois, allie l'exploit guerrier au sentiment amoureux; l'auteur sait évoquer des couples déchirés et créer de touchants personnages féminins.

 

L'Enéas: son auteur est inconnu, est composé en 1160, il a été adapté par Virgile. La peinture de l'amour occupe une place de choix puisque l'auteur ne se borne pas à évoquer la passion et le suicide de Didon mais consacre deux mille vers à l'amour heureux de Lavine et d'Enée, épisode rajouté de toute pièce au modèle antique. Pour la première fois, l'auteur peint la naissance du sentiment amoureux dans le coeur d'une jeune fille, rapporte les réflexions des personnages sur l'amour par le biais de dialogues et de monologues. Objets, personnages et lieux sont dépeintes avec minutie.

 

Le roman de Troie a été composé par Benoît de Sainte Maure aux environs de 1165. Cette oeuvre relate la longue guerre de Troie en s'inspirant de compilations de Darès le Phrygien et de Dictys de Crète. Dans son prologue, l'auteur insiste sur l'autenticité de ses sources, la fidélité de sa traduction et ses compétences d'historien. L'auteur remanie le texte original et utilise lui aussi abondemment la technique de la description, mais tend à la circonscrire à ses éléments les plus significatifs. Il va même jusqu'à affubler ses personnages des petits défauts d'ordre physique ou moral. Il affine les portraits psychologiques afin de mettre à nu toute leur complexité. Son roman accorde une place de choix à l'amour. Cette oeuvre eut une succès considérable, attestée par sa transcription en prose au cours de XIII siècle.

 

Le roman de Brut a été écrit par Wace en 1555. Il racconte le voyage légendaire que Brutus, l'arrière-petit-fils d'Enée, accomplit du Latium jusqu'à la terre à la quelle il donnera son nom: la Grande Bretagne. Henri II avait à coeur de laisser répandre la prestigieuse tradition bretonne.

 

La legende de roi Arthur: Wace, clerc anglo-normand fréquente la cour d'Aliénor d'Aquitaine. Il transpose en "roman" l'Historia regum Britanniae, chronique latine écrite par le clerc gallois Geoffroy de Monmouth. Le mond du roi Arthur, protégé par l'enchanteur Merlin, entouré de ses preux chevaliers Yvail, Perceval, Gauvain et Lancelot, amant de la reine Guenièvre, Morgane et ses compagnes.

La légende arthurienne s'impose bientôt comme une source d'inspiration privilégiée. Le roman arthurien appartient d'ores et déjà au domaine de l'irréel.

 

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