Dramaturge, Molière a été aussi acteur et directeur d'une troupe de théâtre qui a sillonné la France avant de s'installer à Paris. C'est dire s'il connaît le public, ou plutôt les publics, ceux de la rue et ceux de la cour. Son but est de les séduire tous, les illettrés comme les "honnêtes gens", le peuple comme le souverain ("je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire"). Son répertoire s'adapte à chacun : facéties burlesques, comédies de moeurs, ballets, pièces à machines. Molière est un homme de son temps et un auteur de cour, exemplaire de cette époque.
Il s'inspire de la commedia dell'arte et surtout de la farce, dont on retrouve les éléments dans tous ses textes, même les plus littéraires : personnages typés, exagération, frénésie, langage bouffon voire gaillard. Le canevas de ses intrigues est immuable : un couple d'amoureux déjoue les obstacles dressés par des parents abusifs à l'aide de rusés serviteurs. Mais ces personnages sont complexes. Par exemple le classique barbon jaloux devient un homme vieillissant et malheureux qui doit capituler devant la jeunesse et la beauté. Coexistent ainsi l'analyse de la comédie de caractère et la structure de la farce.
Pour cela Molière utilise des techniques éprouvées : individus monomaniaques, comique de situation, tics de langage. Mais derrière le divertissement se profile l'étude de comportement. Ses héros sont des extravagants qui refusent les règles sociales et dont la conduite excessive accentue la marginalité. Ceux qui veulent sortir de leur condition échouent toujours. En revanche l'autorité dévoyée est sévèrement condamnée : l'imposteur ou le père jaloux qui exercent leur pouvoir à des fins personnelles sont ridiculisés. Molière est partisan du juste milieu et de la raison, fut-elle celle du coeur.
Son oeuvre est également une critique de la société, à travers l'évocation des grands problèmes du temps qui atteignent l'universel: éducation des filles, émancipation des femmes, place de la religion, rôle de l'argent, hiérarchie sociale, etc. Mais plutôt qu'une dénonciation virulente, il préfère le comique, plus efficace selon lui : "on veut bien être méchant, mais on ne veut point être ridicule".