En ancien français, le mot "roman" désigne la langue vulgaire, le français, par opposition au latin. L'expression "mettre en roman" apparaît vers 1150 pour désigner des récits adaptés des textes latins: elle décrit alors le choix d'une langue et une pratique, la traduction (ou translatio), qui est en général une adaptation plus ou moins éloignée.
La langue vulgaire est d'abord utilisée pour des textes de nature hagiographique, mais très vite la fiction s'en empare. Le nouveau genre littéraire ainsi créé prend le nom de la langue qu'il utilise. Le sens usuel du terme "roman" demeure toutefois assez longtemps celui de "récit composé en français", même si Chrétien de Troyes substitue à l'expression "mettre en roman" celle de "faire un roman" qui met l'accent sur son activité créatrice.
Toutefois, aux XIIe et XIIIe siècles, on appelle aussi "romans" des textes qui n'en sont pas tout à fait (Roman de Brut, Roman de la Rose, Roman de Renart), tandis que l'on continue de trouver en concurrence, pour désigner le genre romanesque, le mot "conte", qui en ancien français a le sens général de récit.
En tout état de cause, le XIIe siècle est celui de l'invention du genre romanesque en langue française. Il voit fleurir des romans d'une grande diversité thématique, mais qui tous sont des romans en vers.