Le texte «français» des Serments de Strasbourg est considéré comme le premier document conservé dans notre langue. L'approche que l'on peut avoir de ce document ne relève pas seulement de l'étude de documents anciens.
Les serments de Strasbourg constituent
le plus ancien texte français
conservé.
Ce n'est évidemment pas de la littérature mais un document politique de premier ordre
pour comprendre l'accession à l'écriture de la langue dite vulgaire.
Pendant le haut Moyen Age (Ve-Xe siècle), on écrivait
exclusivement en latin, langue officielle de l'Eglise et du Pouvoir. Pour la première
fois dans l'histoire, les Serments de
Strasbourg témoignent officiellement d'une notoriété conférée à la langue vulgaire;
ils entérinent la naissance du français écrit et tentent de donner une reproduction
fidèle de la langue parlée.
Certes, la forme rituelle du serment ôte apparemment toute spontanéité à ce
témoignage mais elle n'en est pas moins révélatrice d'une situation géolinguistique
nouvelle qui apparaît au moment du partage de l'Empire de Charlemagne.
Les Serments se composent de quatre textes. Les deux textes romans (le serment de
Louis le Germanique à son frère et la réponse des soldats (français )
sont suivis de deux textes en dialecte rhénan (le francique): le serment de Charles le
Chauve et la réponse des soldats germaniques. Ainsi, les frères s'expriment chaque fois
dans la langue de l'autre alors que les soldats parlent leur langue spontanée.
Les Serments de
Strasbourg sont le symptôme d'une fracture géopolitique et géolinguistique dans
l'Europe du IXe siècle. Ils signalent la constitution de
deux blocs: le Regnum (futur royaume de France) et l'Imperium
(le futur Saint Empire romain qui se présente comme l'héritier du vieil empire romain de
l'Antiquité).
Ces serments ont été conservés grâce à un historien du Xe siècle nommé
Nithard qui les a insérés tels quels dans son texte latin.