Au XVIe siècle la tragédie n'était qu'un divertissement de lettrés.
L'apogée de la "tragédie héroïque" se situera entre 1634 et 1648.
Celle-ci se caractérise par une réflexion sur le pouvoir et sur les contradictions entre politique et humanisme, des héros exemplaires, de grands débats moraux (l'Amour opposé au Devoir) et un destin implacable. Aux côtés de Corneille de nombreux dramaturges feront la réussite de la tragédie : Du Ryer, Rotrou, Théophile de Viau, l'imaginatif Georges de Scudéry ou Tristan l'Hermite. Puis la Fronde et le retrait de Corneille sonnent le glas de ce "premier classicisme théâtral" (Jacques Truchet).
C'est le retour du même Corneille (OEdipe, 1659) qui relance le genre. Racine connaît un triomphe. Ce n'est plus la tragédie héroïque des décennies précédentes. Elle est remplacée par deux catégories distinctes. D'abord la tragédie romanesque, inspirée par les romans de Madeleine de Scudéry qui continue en quelque sorte la tragi-comédie. Les intrigues sont complexes, la volonté des personnages contrebalancent la fatalité et les amours sont chevaleresques. Ensuite, la tragédie de type racinien peint, sur fond de souffrances et de mort, des héros en proie à leurs contradictions et leurs tentatives désespérées, au sein d'un espace oppressant, d'échapper à un destin dramatique. L'apothéose de la tragédie classique en fait un modèle indépassable qui va paralyser les successeurs de Racine et interdire pratiquement toute innovation jusqu'au Romantisme.