La décision de construire un château somptueux à la campagne, à quelques kilomètres de Paris, traduit à la perfection la volonté de Louis XIV de trouver un décor adapté à la représentation de son propre mythe.
Une foule innombrable d'artistes, d'architectes et de jardiniers vont donner vie à un édifice à la fois immense, complexe et pairfaitement réspondant au désir de célébration du roi. L'invention la plus spectaculaire est sans doute la galerie des Glaces, voulue pour impressionner les invités pendant les cérémonies officielles et les nombreuses et extraordinaires fêtes.
Avec Louis XIV débute pour la France une longue période de stabilité politique et économique, pendant laquelle le roi détient dans ses mains tout le pouvoir, en concentrant la noblesse dans la vie de cour à Versailles.
Le château vieux
Dès 1623, Louis XIII, construit à Versailles «un rendez vous de chasse, un petit château de gentilhomme». De 1661 è 1668 le jeune Louis XIV, le Roi Soleil le fait embellir par son architecte Louis Le Vau.
Le château neuf
L'Enveloppe de Le Vau consite bien en un second bâtiment et ses façades de pierre blanche encerclent le premier château, lui servant d'ecrin du côté des jardins. Cette construcrion, dont la terrasse centrale est inspirée des villas baroques italiennes, sera poursuivie par François d'Orbay.
La résidence officielle
Le 6 mai 1682, Versailles devient la résidence principale de la cour de France. La galerie des Glaces, symbole de la puissance du monarque absolu est élevée sur l'ancienne terrasse du chateau neuf. La Chapelle c'est la dernière grande construction du régne de Louis XIV.
Le grand projet de reconstruction
A la fin du règne de Louis XV, seule l'aile droite est alors édifiée. Avec son pavillon à colonnes elle observe rigouresement les règles de l'architecture classique. A l'interieur de l'aile, le grand escalier dit Grand Degré est commencé en 1772, mais ne sera achevé que récemment, en 1985. De l'autre côté de la cour, le pavillon symétrique, qui avait été commandé par Napoléon Ier, est réalisé en 1820.
Une revanche à prendre
Loius XIV naît en 1638 à Saint-Germain-en-Laye. La mort de Richelieu, puis celle de Louis XIII inaugurent une période de grande incertitude politique. Louis XIV n'a que cinq ans et sa mère, la reine Anne d'Autriche assure la régence, vouant toute sa confiance à celui que Richelieu a proposé comme son successeur, le cardinal italien Jules Mazarin.
C'est le temps de la Fronde (1648-1653), la rébellion de la haute noblesse et du peuple de Paris.
Le siècle de Louis XIV
Les vingt premières années du règne personnel sont les plus brillantes. Il conduit la réorganisation administrative et financière du royaume, ainsi que le développement du commerce et des manufactures. Il réforme l'armée et accumule les succès militaires. Enfin il favorise l'extraordinaire épanouissement des arts et des sciences: le théâtre de Molière et Racine, la musique, l'architecture, la peinture, la sculpture.
Louis XIV choisit le soleil pour emblème. Le soleil, c'est Apollon, dieu de la paix et des arts; c'est aussi l'astre qui donne vie à toutes choses, qui est la régularité même, qui se lève et qui se couche. Louis XIV est le dispensateur de toutes les grâces, par ses levers et couchers publics il marque la ressemblance. Partout le décor de Versailles mêle les représentations et les attributs du dieu aux portraits et aux emblèmes royaux.
Le Grand Appartement du Roi
Ce Grand Appartement consacre la gloire du Roi Soleil. Faisant suite au salon de l'Abondance, les salons de Vénus, puis de Diane, de Mars, de Mercure, enfin d'Apollon, sont chacun consacrés à un astre.
En 1710 est ajoutée une nouvelle salle, consacrée cette fois à un héros de la mythologie: c'est le salon d'Hercule. Par la richesse de son décor de marbre, par la qualité des bronzes ciselés de la cheminée au plafond, chef d'oeuvre du peintre François Lemoyne, figure l'Apothéose d'Hercule.
Lever
8h.30 «Sire, voilà l'heure», le Premier valet de chembre éveille le Roi. Médecins, familiers et quelques favoris qui jouissent de Grandes Entrées, pénètrent successivement dans la chambre du Roi. Il est lavé, peigné, rasé. Les officiers de la Chambre et de la Garderobe entrent à leur tour pour le Grand Lever durant lequel el Roi est habillé ed déjeune d'un bouillon. On estime à une centaine le nombre habituel des assistants, tous masculins.
La messe
10h. Sortant de l'appartement du Roi, un cortège se forme dans la Galerie des Glaces . Le Roi suivi des courtisans traverse la Grand Appartement. Le public peut alors voir le monarque et même lui remettre un placet. A la Chapelle, le Roi se place à la tribune. La messe dure une demi-heure environ. La Musique de la Chapelle y chante toujours de nouvelles compositions de Lully, de Lalande ou d'autres.
Le conseil
11h. De retour dans son appartement, le Roi tient conseil dans son cabinet. Dimanche et mercredi, conseil d'Etat. Mardi et samedi, conseil des finances. Lundi, jeudi et vendredi, un noveau conseil d'Etat peut remplacer le conseil des dépêches ou le conseil de conscience, à moins que le Roi ne s'offre le plaisir de s'intéresser à ses bâtiments. Habituellement, cinq à six ministres entourent le souverai qui parle peu, écoute beaucoup, conclut toujours.
Dîner au petit couvert
13h. Dans sa chambre, le Roi mange seul assis a une table dressée face aux fenêtres. L'assistance à ce repas, en principe privé, mais auquel Louis XIV admet tous les hommes de la Cour, y est comparable a celle du Lever.
Promenade ou chasse
14h. Le matin, le Roi a donné ses ordres, annonçant son intention. S'il s'agit de la promenade, elle se fera dans les jardin soit à pied, soit en calèche avec les dames. Si son choix s'est porté sur la chasse, sport favori de tous les Bourbons, elle le mènera dans le parc ou dans les forêts des environs.
Souper au grand couvert
22h. Une foule empli l'antichambre de l'appartement du Roi pour ce souper en public auquel chacun peut assister. Le Roi admet à sa table les princes et princesses de la famille royale, Le repas terminé, le Roi regagne sa chambre pour le bonsoir aux dames puis, dans son cabinet, il offre un temps de conversation à ses familiers.
Le coucher
23h 30. Il réitere, en sens inverse, le rite du Lever, mais il est mené plus rapidement.
La Galerie des Glaces: la gloire du Roi
Le chef-d'oeuvre de Versailles, la Galerie des Glaces, est commencé en 1678, au moment où Versailles devient résidence officielle. Elle vient bouleverser l'ordre de l'appartement des Planètes. Louis XIV commande à Le Brun de raprésemter sul la voûte de la galerie les bienfaits de son gouvernement.
Les figurations du pouvoir
Louis XIV a voulu que Versailles soit non seulement sa demeure, mais aussi le siège du pouvoir, et que cela soit visible à tous; c'est la raison de la multiplication des emblèmes royaux et des représentations du souverain.
Les lieux de figuration du pouvoir
Pour les réceptions d'ambassadeur, le Roi choisit, selon l'impression qu'il veut imposer, la galerie de Glaces, le salon d'Apollon, ou sa chambre.Pour la distribution des honneurs, il distingue qui a le droit d'entrer dans sa chambre aux Levers et aux Couchers.Dans la galerie de pierre proche de la Chapelle, il touche les malades, exerçant son pouvoir de guérisseur qu'il tient du Sacre.
Le roi en son conseil
C'est essentiellement dans le cabinet du Conseil que le souverain gouverne, assisté de ses ministres. Alternent conseil d'Etat, où l'on traite les grandes affaires du royaume comme la paix ou la guerre, conseil des finances, conseil des dépêches pour les affaires intérieures, conseil de conscience pour les affaires religieuses. Est ministre celui qui est appelé à siéger au conseil.
Les ministres
A Versailles, les ailes situées de part et d'autre de l'avant-cour sont dévolues aux secrétaires d'Etat, ils appartiennent à quelques familles qui doivent tout au Roi. Celui-ci attend d'eux compétence et total dévouement. En contrepartie, ces grands personnages jouissent d'un immense pouvoir qui tient à leur fonction, mais aussi à leur privilège de pouvoir fréquemment parler au souverain.
Toute la France regroupée autour du roi
A Versailles, pour la première fois, les espaces permettent à une Cour nombreuse de vivre à demeure auprès du roi. Selon les jours, 3 000 à 10 000 personnes s'y pressent et forment une société très hétéroclite et très hiérarchisée. Certains sont là par droit de naissance, d'autres par obligation sociale, d'autres par intérêt ou par curiosité, d'autres enfin, tout simplement, pour gagner leur vie. La haute noblesse y est assidue, briguant les faveurs du maître de Versailles.
Obtenir une charge
Parmi les courtisans, ceux qui ont une charge sont "établis" à la Cour. La charge est obtenue par héritage ou achetée, souvent fort cher, et correspond à une fonction ou office. Pour les plus importantes, il convient en outre d'obtenir l'agrément du roi.
Le Roi gouverne par lui-même
En 1660, Louis épouse
l'infante d'Espagne Marie-Thérèse. L'année suivante, lorsque son parrain et premier
ministre, le cardinal Mazarin, meurt, le
souverain de 23 ans annonce qu'il gouvernera par lui-même. Personne n'y croit. Pourtant
il va s'obliger à tenir conseil chaque jour, conseil dont il écarte les grands
seigneurs, s'entourant de ministres qui lui doivent tout.
"L'Etat, c'est moi "
Louis XIV s'adonne
entièrement à ce qu'il appelle son métier de roi. Estimant qu'il se doit à son peuple,
il s'oblige à une perpétuelle représentation. Versailles est ouvert à tous. Cet accès
au souverain est régi par l'étiquette tandis que les temps de la journée du roi,
immuables, entraînent toute la mécanique de cour.
Cérémonies officielles et liturgiques
La Chapelle est le cadre des messes quotidiennes, mais aussi celui de cérémonies fastueuses comme, tous les 2 janvier, la réception de l'ordre du Saint-Esprit dont la procession des chevaliers, en habit noir brodé de flammes d'or, attire un public nombreux.
Le roi très chrétien
Monarque de droit divin, le roi est le lieutenant de Dieu sur terre. Lors de son sacre, il
s'est engagé à défendre la foi catholique. Pour honorer son serment et afin de
préserver l'unité religieuse du royaume, il engage la lutte contre les jansénistes de Port-Royal et les
persécutions contre les protestants.
Les conversions forcées, l'émigration de deux cent mille d'entre eux, le conduisent à
supprimer l'édit de tolérance : c'est la révocation de l'Edit de Nantes (1685).
Les fêtes extraordinaires
Une série
de fêtes, réparties souvent sur plusieurs jours, vient traditionnellement célébrer les
mariages, les victoires, la venue de princes étrangers. Les fêtes les plus marquantes
sont celles données par le
Roi-Soleil dans les jardins en 1664, 1668 et 1674, avant l'installation de la Cour; dans
ces fêstes l'étiquette était très importante pour on se faire remarquer.
Théâtre
Entre 1682 et 1715, sous Louis XIV, mille deux cents tragédies et comédies sont jouées.
Ces nombreuses représentations ont lieu dans une salle étriquée, aménagée
provisoirement dans le passage du Midi vers le parc, et ce même après la création
tardive de l'Opéra.
Musique
La musique est partout et elle touche à tous les genres, accompagnant tous les moments de
la journée. Trois institutions de la Maison du roi concourent à servir la musique : la
Chapelle, la Chambre et l'Ecurie, dont les formations sont dirigées par les plus grands
artistes, tel Lully.
L'étiquette
Des règles pointilleuses marquent les préséances, fixant qui peut avoir accès auprès des grands personnages, quand et où. Les attitudes et le langage sont également codifiés, variant subtilement selon les circonstances : ainsi en est-il de l'usage des titres pour s'adresser à l'un ou à l'autre, du droit de s'asseoir, d'utiliser un fauteuil, une chaise, un tabouret....
L'art de paraître
L'art de paraître à la Cour est essentiel.
Il tient à des dons personnels : une jolie figure, de l'esprit.... Il tient aussi à
l'état de fortune, car les vêtements dont on change plusieurs fois par jour, les
parures, les attelages, le jeu exigent des moyens considérables. L'assiduité, la force
de caractère, l'habileté font le bon courtisan ; mais le favori sera, suivant le goût
du roi, le grand chasseur ou le bon joueur de billard...
Loger à la cour
Le logement au château est très convoité. Il dispense des allées et venues et offre
une retraite pour les moments où l'on ne fait pas sa cour. Les courtisans
"établis" sont logés du côté de la ville ou dans les dépendances. Sous le
règne de Louis XIV, les domestiques et les équipages des courtisans ne peuvent
séjourner au château, d'où l'obligation d'avoir un hôtel particulier dans la ville de
Versailles.